drameAccident de Pierre Palmade, sécurité routière et chemsex : 3 points importants

Par Thomas Vampouille le 13/02/2023
Pierre Palmade est impliqué dans un grave accident de voiture

L'humoriste Pierre Palmade a été placé en garde à vue pour son implication dans un grave accident de voiture non loin de sa maison de Cély-en-Bière, en Seine-et-Marne, lequel a fait trois blessés graves dont un enfant et une femme enceinte qui a perdu son bébé. Testé positif à la cocaïne, il sortait selon BFMTV d'une session de chemsex, information qui a donné lieu tout le week-end à de nombreuses approximations médiatiques. Le point sur l'enquête, et quelques clefs de compréhension du drame.

"On est choqués, trop choqués. Depuis trois jours, tout le monde est à l'hôpital. On fait des prières." Au surlendemain du grave accident de voiture qui a impliqué, vendredi 10 février, l'humoriste Pierre Palmade, le cousin d'une des victimes a exprimé ce dimanche le choc devenu national au vu du terrible bilan : un homme, sa belle-soeur et le fils du conducteur ont été transportés dans différents hôpitaux de la région parisienne, leur pronostic vital engagé. La femme, enceinte, a perdu son bébé. Selon les informations délivrées samedi par la famille du comédien, grièvement blessé dans l'accident, les jours de celui-ci ne sont plus en danger. Que savons-nous des faits à ce stade ? Le point sur l'enquête et les différents éléments évoqués dans cette affaire.

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Pierre Palmade placé en garde à vue

Selon les premiers éléments de l'enquête cités par le procureur de la République de Melun, Jean-Michel Bourlès, il était environ 19h vendredi quand l'accident s'est produit sur la route D372 au niveau de Villiers-en-Bière, dans le sud de la Seine-et-Marne (77), non loin de la maison de Pierre Palmade située à Cély-en-Bière. La Peugeot 3008 conduite par le comédien aurait quitté sa voie de circulation, venant percuter le véhicule qui circulait en face où se trouvaient, outre le conducteur âgé de 38 ans, le cadet de ses trois enfants âgé de 6 ans et sa belle-soeur de 27 ans, enceinte. L'humoriste a-t-il fait une embardée pour éviter un obstacle, un animal par exemple ? A-t-il fait un malaise, ou quelque chose s'est-il passé dans l'habitacle qui lui a fait perdre le contrôle de sa voiture ? Quoi qu'il en soit, selon le communiqué du procureur, "les analyses toxicologiques ont mis en évidence que Pierre Palmade conduisait sous l'emprise de produits stupéfiants (cocaïne)".

Une enquête a donc été ouverte pour homicide (le parquet a considéré que le fœtus était viable, rapporte Le Parisien) et blessures involontaires ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à trois mois, par conducteur sous l'emprise de produits stupéfiants. Des faits passibles selon le code de la route de dix ans de prison. Pour tenter d'éclaircir les circonstances précédant le drame, es policiers chargés de l'enquête ont perquisitionné dimanche le domicile du comédien, qui a été placé mercredi 15 février en garde à vue.

Par ailleurs, des témoins ont rapporté que deux passagers, âgés d'une vingtaine d'années, se trouvaient dans le véhicule de Pierre Palmade mais qu'ils ont pris la fuite après la collision. "Je les appelle à se rendre dans n'importe quel commissariat ou brigade de gendarmerie pour expliquer les faits, a déclaré ce lundi la porte-parole du ministère de l'Intérieur. Tout ce qui va permettre aux enquêteurs de rassembler des éléments est important. Il nous manque ces deux personnes. Il faut que l'on puisse les entendre pour vraiment reconstituer les faits."

BFMTV évoque une session chemsex

Pierre Palmade, âgé de 54 ans, s'est ouvert par le passé de problèmes d'addiction, qui lui ont déjà valu des ennuis judiciaires. Il avait été condamné en 1995 pour consommation de cocaïne, et placé en garde à vue en 2019 pour "usage et acquisition de stupéfiants" après avoir été faussement accusé de viol. Selon des informations de BFMTV, les enquêteurs n'ont pas retrouvé de stupéfiants à son domicile, alors que la chaîne a avancé durant le week-end que, depuis plus de 24 heures, "Pierre Palmade faisait la fête dans sa maison avec quatre autres jeunes gens et qu'ils consommaient divers drogues, notamment des drogues de type chemsex (sic) en injection", et que le comédien aurait ensuite "voulu aller acheter à manger avec deux de ses compagnons de fête". C'est pourquoi ils auraient pris la voiture pour aller faire des courses.

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L'information de BFM, non encore confirmée par le procureur, a dirigé le débat médiatique sur la notion de chemsex, qui mérite quelques précisions tant les approximations ont été nombreuses tout au long du week-end. Contraction de "chemical sex", le chemsex ne désigne pas une drogue mais une pratique consistant à avoir des activités sexuelles sous l'emprise de produits psychoactifs destinés à désinhiber, à augmenter la sensation de plaisir ainsi que les performances. Comme têtu· l'expliquait notamment dans un long dossier consacré au chemsex dans notre numéro de l'automne 2022, le phénomène prend de l'ampleur ces dernières années, en particulier dans la communauté gay. Mais il est important de préciser que le chemsex n'est pas synonyme d'addiction, encore moins de mise en danger d'autrui. Si ses conséquences potentielles peuvent être dangereuses, en particulier la pratique du slam (injection de la drogue par intraveineuse), elles le sont avant tout pour les consommateurs : accidents de prise, overdose, mélanges dangereux, addiction, dépression, désocialisation, suicide… Or, la prise de conscience par les autorités du problème sanitaire posé par le développement du chemsex – qui s'étend d'ailleurs aujourd'hui progressivement hors de la communauté gay – est insuffisante. Il est important, et urgent, de mettre en place, comme nous avons su le faire pour l'alcool, des politiques efficaces de prévention et de réduction des risques.

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Stupéfiants et sécurité routière

Que Pierre Palmade ait ou non participé avant son accident à une session de chemsex, ou qu'il ait pris de la cocaïne, cela renvoie donc surtout à une question de sécurité routière, et de bon sens : on ne prend pas le volant sous l'emprise de produits altérant le discernement, qu'il s'agisse de drogues de synthèse (utilisées pour le chemsex), de cocaïne, de cannabis ou d'alcool. Et si les drogues associées au chemsex (GHB et équivalents, cathinones, MDMA, etc.) sont encore peu associées à des accidents de la route, les stupéfiants de type cannabis ou cocaïne sont aujourd'hui impliqués dans 700 accidents routiers mortels par an, soit environ un sur cinq, ce qui en fait la troisième cause de mortalité sur la route, derrière l'alcool, qui provoque environ 1.000 morts par an, et la vitesse excessive. La sécurité routière en a d'ailleurs pris conscience, multipliant désormais les campagnes de prévention à ce sujet.

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[Mise à jour le 15 février : placement en garde à vue de Pierre Palmade]

Crédit photo : François Guillot / AFP