Après avoir publié un article sur l'accueil des enfants trans, la Caisse d'allocation familiale (CAF) a été la cible du lobby réac. Cédant à la pression, l'organisme a amendé une partie de son texte.
Deux pas en avant, un pas en arrière. C'est le sentiment que laisse la publication d'un article sur l'accompagnement des enfants trans publié sur le site de la Caisse d'allocation familiale (CAF), et amendé après des pressions de la part de réacs dans le quotidien tout aussi conservateur Le Figaro. Le 16 février dernier, 80 personnalités, dont Élisabeth Badinter, ont en effet publié une lettre ouverte accusant l'organisme "de promouvoir l’idéologie trans", leur proposant de retirer l'article et de le réécrire à l'aide de leurs propres experts ! Si l'article en question a finalement été amendé, le cœur du message reste le même : parents, votre enfant trans a besoin de bienveillance.
Quand on est parent d'un enfant trans, il est souvent difficile de trouver des réponses à certaines de ses questions. C'est pourquoi la CAF a publié, le 25 janvier, un petit guide offrant aux familles des ressources et des conseils pratiques pour l'épanouissement des adolescents. "Cela fait partie de nos missions d'accompagner toutes les familles", affirme Damien Ranger Martinez, directeur de la communication de la Caisse nationale d'allocation familiale (Cnaf). Pour le rédiger, la CAF a fait appel à deux associations d'accompagnement : OUTrans et Grandir Trans, qui prodiguent des conseils de bon sens, comme écouter son enfant, informer les parents, ou encore "dédramatiser l'annonce". En somme, un petit guide bienvenu pour les familles.
Une tribune de la Manif pour tous et consorts
Il n'en fallait pas plus pour que le lobby réac se roule par terre. Quatre-vingts personnalités, d'Élisabeth Badinter à l'Observatoire de la Petite Sirène en passant par les cautions de La Manif pour tous Caroline Eliacheff et Céline Masson, prennent alors la plume pour dénoncer, auprès du ministre de la Santé, "un texte dont la subjectivité et la dangerosité nous ont interpellés".
Selon eux, le texte de la CAF serait une promotion de la pseudo "théorie de l'affirmation du genre". Les signataires dénoncent également que "les seules paroles exposées soient celles de deux militantes des droits des personnes transgenres", et demandent à ce qu'on donne la parole à "de véritables spécialistes" qui "alerteraient les familles sur les manipulations mentales dont sont victimes les jeunes". N'en jetez plus !
Heureusement, "le retrait de l'article n'a jamais été envisagé", nous souligne-t-on du côté de la CAF, qui a toutefois amendé son papier. L'article a ainsi été complété par une note de la Haute Autorité de Santé (HAS) rappelant le cadre des parcours de transition, actuellement en réévaluation, et par un passage d'un communiqué de l'Académie de médecine qui ajoute que le démarrage d'un parcours de transition doit être réfléchi, et appelle également à la prudence concernant "le nombre croissant de jeunes adultes transgenres souhaitant 'détransitionner'" – sans préciser cet ordre de grandeur ni à quoi correspondent ces "détransitions". Anaïs Perron-Prevelle, coprésidente de l'association OUTrans, regrette un ajout "très psychiatrisant vis-à-vis de la transidentité". Deux pas en avant, un pas en arrière.
À lire aussi : Aux transphobes qui s'acharnent : oui, l'autodétermination est un épanouissement !
Crédit photo : Shutterstock