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homophobieLimoges : piégés sur Coco, plusieurs hommes gays victimes d'un guet-apens

Par Quentin Martinez le 27/06/2023
Le guet-apens homophobe, fléau anti-gay

Julien, 40 ans, témoigne dans Le Populaire du Centre du guet-apens dont il a été victime. Fin avril, après une rencontre en ligne sur le chat de sinistre réputation Coco, il s'est retrouvé ligoté, malmené et frappé par quatre personnes. En tout, le même gang homophobe aurait fait une vingtaine de victimes.

Coco reste décidément particulièrement dangereux pour les homos. Le journal Le Populaire du Centre rapporte un nouveau cas de guet-apens homophobe dont la victime avait rencontré son agresseur via coco.gg, anciennement coco.fr, chat en ligne identifié dans de nombreuses affaires de ce genre. À 40 ans, Julien (prénom modifié) pensait se rendre à un date avec un homme rencontré sur la plateforme avant de tomber dans un piège. Le jeudi 20 avril, quatre agresseurs lui sont tombés dessus et l'ont ligoté, mis à nu, frappé et détroussé. L'enquête est aujourd'hui clôturée, rendant la parole de Julien plus libre pour faire de son témoignage une alerte, alors que 20 personnes pourraient déjà avoir été victimes d'un même gang dans la capitale du Limousin.

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Pourtant, Julien croyait être suffisamment méfiant. Cela fait plusieurs jours qu'il discute avec un autre homme sur internet quand ils conviennent d'un rendez-vous à Limoges, en plein air. "J'y allais dans l'idée de rencontrer quelqu'un, de discuter, se souvient-il. Sur les lieux je ne me suis pas posé de questions." Vers 18h30, son rencard arrive. La bise, une balade, une discussion, Julien est en confiance lorsque son agresseur lui propose d'aller près d'un parc, à l'abri des regards.

Le phénomène des guets-apens homophobes

Le faux prétendant disparaît lorsque quatre hommes en cagoules et gantés attaquent Julien. Sac poubelle sur la tête, ligoté avec du ruban adhésif, le quadragénaire envisage le pire. Il est alors roué de coups et contrait de donner l'accès à son téléphone, ses codes de carte bleue et d'accès à ses comptes bancaires. Mais cela ne suffit pas à ses ravisseurs. "Après ? C'était de la violence gratuite. Le plus hargneux des quatre m'a mis à poil, humilié, m'a passé la ceinture entre les fesses avant de me couper les cheveux au cutter", poursuit la victime auprès du quotidien régional. Ses agresseurs laissent Julien attaché avec quatre côtes cassées et des contusions sur le haut du corps.

Et si Julien est encore traumatisé, il s'estime chanceux de s'en être sorti. Selon Le Populaire du Centre, les mêmes agresseurs sont soupçonnés de s'en être pris à une vingtaine d'autres hommes dans le département de la Haute-Vienne. "La procédure pour son agression a été jointe à d’autres affaires similaires, notamment l’agression d’un homme de 71 ans, homosexuel, également piégé via le site Coco.fr, à Limoges", rapportent nos confrères qui ajoutent que l'un des auteurs présumés de l’agression de Julien a été mis en examen et placé en détention provisoire pour "extorsions aggravées, en réunion et à caractère homophobe".

Comme l'écrivait têtu· dans son numéro de printemps, un homme gay est victime d'un guet-apens homophobe chaque semaine en France. Malgré cela, la justice peine à faire appliquer la loi et il est fréquent que le caractère homophobe de l'agression ne soit pas retenu. Ainsi en mars, il n'avait pas été retenu à l'encontre de deux jeunes hommes condamnés après avoir agressé un homme vivant au Mans et rencontré sur le chat Coco. Au mois de mai, c'est un homme condamné pour meurtre et tentative de meurtre qui échappait à la reconnaissance du caractère homophobe de son acte. C'est dans ce contexte d'augmentation des agressions LGBTphobes que SOS homophobie vient de publier une tribune dans Le Monde pour appeler les élus et responsables politiques à s'engager efficacement dans la lutte contre les crimes de haine anti LGBTQI+.

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Crédit photo : Unsplash