humourStand-up : Louis Cattelat soigne ses mots

Par Florian Ques le 11/04/2024
louis cattelat,stand-up,humour,spectacle,humour gay,humoriste gay,humour lgbt,theatre,theatre marais

À 27 ans, Louis Cattelat est l'un des nouveaux visages prometteurs de la scène stand-up parisienne. Son premier spectacle, Paroles paroles, mobilise un humour à la fois gay et universel.

"Paroles, paroles…" Louis Cattelat aime bien Dalida, mais le nom de son premier seul en scène, Paroles paroles, est à prendre de façon plus littérale : l'humoriste de 27 ans aime les mots – ceux que l'on dit, ceux que l'on fuit – et leurs pouvoirs. "J'ai toujours du mal avec le titre, avoue-t-il, mais on m'a beaucoup dit qu'il était facile à retenir." Chaque jeudi, au théâtre du Marais dans le IIIe arrondissement de Paris (qui accueille aussi le spectacle de Lolla Wesh), il raconte son parcours, "les études de lettres et la précision du langage" d'un côté, "l'histoire personnelle d'une grande famille de taiseux" de l'autre, avec en plus quelques touches de sa vie de jeune gay.

À lire aussi : Une bonne rupture, et Margaux Revollet nous fait un stand-up

Dans ce one-man-show efficace s'entrelacent anecdotes familiales, leçons de vie et souvenirs de plans cul foireux. "Je fais des vannes un peu pédagogiques pour les hétéros dans la salle car j'ai envie qu'ils viennent, explique Louis Cattelat. Mais si quelqu'un a un problème, tant pis pour lui. Je ne vais pas me priver du florilège de blagues de cul possibles autour de mes expériences Grindr : c'est quand même un terreau très fertile ! Je peux faire une dizaine de spectacles seulement là-dessus."

Ayant grandi à Montpellier avec des parents "plutôt bourgeois", l'humoriste évoque une adolescence où parler de choses intimes ne fait pas du tout partie du quotidien. "Je viens d'une famille où on ne disait pas les mots «gay» ou «homosexuel». On n'en parle pas parce qu'on n'en a jamais parlé. Ça n'est pas venu à l'idée à mes parents que leur fils pouvait être gay. Alors que j'avais quand même demandé le château Mon Petit Poney à Noël quand j'avais 4 ans… Ce qui fait que j'ai mes vingt ans de placard en bonne et due forme !”

Humour gay fier

Pourtant, quand on le rencontre, Louis Cattelat se montre plutôt volubile et généreux – quoiqu'un peu intimidé, l'exercice de l'interview étant encore nouveau pour lui. Il revient sur son attrait pour les mots en dressant son curriculum vitæ : une prépa hypokhâgne, une licence en lettres modernes, ses études à la CinéFabrique de Lyon où il s'intéresse à l'écriture audiovisuelle, etc. "Mais je pense que la première fois que j'ai écrit quelque chose pour faire rire les gens, c'était des discours d'anniversaire ou de mariage, retrace-t-il. Je m'étais même spécialisé dans les discours de mariage auxquels je n'étais pas invité. Mes potes me demandaient d'écrire pour les témoins."

"Je suis encore atterré d'entendre en comedy club des blagues misogynes, ou le mot «pédé» utilisé comme une insulte."

Le stand-up vient plus tard, via le concours national d'humour Kandidator, qui se déroule entre autres au théâtre du Marais. "Mon frère voulait y participer, et il m'avait demandé de lui écrire des blagues, explique Louis Cattelat. Il me disait que j'étais plus drôle que lui mais qu'il avait plus de charisme et que, par conséquent, il valait mieux que ce soit lui qui monte sur scène. Sauf qu'il a complètement abandonné l'idée. Par contre, dans ma tête, elle a fait du chemin." Chemin qui le conduit à remporter l'édition 2022 de la compétition. Depuis, l'humoriste participe à quelques scènes ouvertes – essentiellement pour nourrir sa page Instagram – mais se focalise surtout sur son spectacle, qui a d'ailleurs été prolongé.

Louis Cattelat aime les mots… mais pas toujours ce qu'on en fait. "Je trouve que le stand-up est en retard sur plein de choses et je suis encore atterré d'entendre en comedy club des blagues misogynes, ou le mot «pédé» utilisé comme une insulte, déplore-t-il. Tu ne peux pas tout dire sous prétexte que c'est une blague. Faites des blagues sur les gays ou les lesbiennes mais faites-les bien. On n'est plus dans les années 1990." Dans cette perspective, blasé par de mauvaises expériences passées, il refuse désormais de partager la scène avec d'autres stand-uppers à l'humour discriminant. Et si les mots ne suffisent plus, il pourra toujours se reconvertir en sosie de Tom Holland. "Ça ne me saute pas aux yeux mais on me la sort plusieurs fois par mois", conclut-il dans un (faux ?) soupir.

>> Paroles paroles, de Louis Cattelat. Chaque jeudi jusqu'au 23 mai au théâtre du Marais, à Paris.

À lire aussi : "Drama Queen" de Mahaut Drama : un stand-up tout en paillettes et politique

Crédit photo : Jill Salinger

humour | spectacle | sortir | culture | portrait