Abo

télévision"Danse avec les stars" : rencontre avec Maxime Dereymez, le partenaire de Keiona

Par Maxime Fettweis le 19/04/2024
Maxime Dereimez accompagne Keiona dans "Danse avec les stars"

Pour accompagner Keiona, première drag queen au casting de DALS, TF1 a misé sur un multiple champion de danse, bien connu des fans de Danse avec les stars : Maxime Dereymez.

Insaisissable. Arracher 30 minutes de son temps à Maxime Dereymez est quasi mission impossible, dans son marathon de chorégraphies et de répétitions pour les performances qu'il concocte en vue du prime de Danse avec les stars (DALS) chaque vendredi sur TF1 (le replay par ici). "Je ne dors pas beaucoup, mais on va dire que c'est de la bonne fatigue", confie le danseur âgé de 42 ans dans sa dernière ligne droite avant la finale de DALS 2024. Depuis deux mois, il est chargé de faire valser Keiona, gagnante de Drag Race France en 2023, première drag queen à participer à l'émission. Si celle-ci est déjà championne de voguing, la faire entrer dans des chaussures de quickstep ou de tango n'était pas forcément gagné d’avance. Pour l’accompagner, la production a misé sur l’un de ses meilleurs éléments, qui a la danse au cœur depuis l'enfance.

À lire aussi : "Danse avec les stars" : Keiona répond à ceux qui la jugent… trop talentueuse

C'est planté au milieu du salon familial que le petit Maxime, alors âgé de 6 ans, a une fulgurance : il veut apprendre à danser. "Souvent on me demande pourquoi, mais je ne sais pas, on ne connaît pas la raison", élude-t-il sans qu’on lui pose la question. Ses parents l’emmènent chez Mme Julien, à Grenoble, où ils ont appris à danser pour ouvrir leur bal de mariage. Un cha-cha et une valse viennoise plus tard, la rencontre avec la discipline est une évidence. "Dès le deuxième cours, j’ai dit à ma prof : ‘Ce sera mon métier plus tard.’" Elle lui martèle qu’il doit être fier de faire de la danse. Ce conseil lui permet d’éviter les stigmates alors vécus par de nombreux jeunes danseurs à l’école. Maxime assume : "Je me tenais hyper droit. J’avais envie que les gens me disent que je me tenais comme un danseur, qu’on le remarque."

Un champion de danse à DALS

Porté par le soutien sans faille de ses parents, il sillonne la France pour se frotter à la compétition d’une discipline exigeante. Le cocktail de passion et de rigueur fait effet, et il ne tarde pas à être récompensé. "J'ai rapidement eu ma tête affichée dans les journaux locaux lorsque j'étais en catégorie enfant", rembobine-t-il. Ce statut de champion lui confère une popularité inattendue. "Pour les fêtes d'école, on me demandait de faire des démonstrations devant mes camarades et j'avais cette envie de montrer ce que je fais. La danse ce n'est pas la honte." Ces exploits de jeunesse sont transformés à l’âge adulte. À neuf reprises, Maxime Dereymez est sacré champion de France, tant en danses standard que latines. "Je n’ai jamais été un compétiteur dans lâme, je n’avais pas la rage de vaincre", estime-t-il pourtant. Son plaisir, il le trouve en produisant les plus belles danses possibles ; et des championnats, il a retenu l’importance de la rigueur technique et le souci du détail.

Ses qualités techniques lui offrent quelques opportunités à la télévision jusqu’en 2011, quand il est contacté par TF1. La chaîne planche sur l’adaptation pour le public français de l’émission britannique Strictly Come Dancing. "Je suis le premier danseur arrivé dans l’émission", précise-t-il. Approché pour être directeur artistique du show, il est fier de pouvoir offrir une vitrine à la danse de salon. Mais les producteurs refusent de passer à côté de ses indéniables atouts sur le parquet. Bien leur en a pris : dès la première saison de DALS, en 2011, il atteint la finale avec Sofia Essaïdi, puis remporte le trophée l’année suivante au bras de la chanteuse Shy’m. Ses performances lui permettent de rempiler durant huit saisons supplémentaires.

Après un break lors de la 11e édition du show, Maxime Dereymez ne se sent "pas sûr qu’il reviendra un jour" dans l’émission. Mais cette année, la production envisage qu’il soit le partenaire de Keiona. Ce serait la deuxième fois que deux hommes dansent ensemble dans la version française de la compétition, après le duo pionnier Bilal Hassani -Jordan Mouillerac, finaliste en 2021 (en 2022, Clémence Castel et Candice Pascal ont formé le premier couple féminin). Quelques années plus tôt, en 2017, Maxime avait contribué à la première danse same sex du programme en accompagnant Baptiste Giabiconi – à la demande du mannequin – sur le titre "Bad" de Michaël Jackson, lors d’une émission spéciale. "Je pense que c’était un test", note-t-il. C’est en tout cas une première sur TF1.

Partenaire de Keiona, un défi… de taille

Retenter l’expérience en formant un couple tout au long de l’émission avec une drag queen offre à Maxime Dereymez “une bonne opportunité pour revenir”. Avec une interrogation : “Le seul truc qui me faisait peur, c’est sa taille.” En coulisses, on lui dit que la performeuse fait 1m87, comme lui. Ses craintes se confirment donc dès les premières répétitions, lorsqu’il fait face à sa partenaire perchée sur talons hauts. Meneur dans la danse, il use de stratagèmes pour être à la hauteur. “Je mets des bottines de danse avec des talons, et dedans, je mets des semelles. Ça me permet de gagner sept centimètres sur le parquet", confie le danseur.

Danse après danse, Keiona devient "sa créature", comme il la surnomme lors des répétitions. "C'est très bien pour elle, pour l'émission et pour TF1 qu'elle soit là. Ça donne une autre image, une ouverture d'esprit à celles et ceux qui la voient." Un message positif au prix de quelques adaptations sur le parquet. "C’est particulier parce qu’elle est très féminine mais en même temps, elle a des réflexes de gars dans sa façon de se tenir, d’avancer parfois." Un "gabarit particulier" à apprivoiser pour le danseur : "Il suffit qu’elle fasse un mouvement de travers et elle va me bousculer, jusqu’à me faire tomber parfois !"

"Maintenant, Keiona est beaucoup plus dans l’écoute et on est moins dans du catch."

Il en faut plus pour déstabiliser le duo. "On a beaucoup travaillé là-dessus et maintenant, elle est beaucoup plus dans l’écoute et on est moins dans du catch", s’amuse-t-il. Le danseur pro peut compter sur l’obstination au travail de sa partenaire : "Elle a toujours envie de rentrer dans les codes de ma discipline, c’est super agréable." Derrière le maquillage et les costumes, au-delà de l’image de compétitrice envisagée avant leur rencontre, il découvre une personnalité "à l’aise, touchante et drôle".

"C’est peut-être la saison où je suis le plus fier des tableaux qu’on a créés, parce que le couple fonctionne bien, et de ce qu’on a pu montrer ensemble", analyse le chorégraphe. Il mentionne en particulier la danse contemporaine sur le titre "Comme ils disent" de Charles Aznavour, conclue par l’arrivée de Ginger Bitch, Mami Watta, Moon et Vespi sur scène. "En leur laissant la place à la fin, j’avais les larmes aux yeux, je n’avais jamais ressenti ça. Je me suis dit qu’on avait réussi à faire passer quelque chose." Si on imaginait bien que Keiona venait à DALS pour "éteindre la concurrence", il fallait bien un partenaire comme Maxime Dereymez pour atteindre l’excellence recherchée.

À lire aussi : Dans l'atelier de Christophe Mecca, perruquier star de nos queens

Crédit photo : Laurent Vu / TF1

télévision | portrait | danse | DALS | culture | rencontre