LGBTphobieLa violence contre les LGBT+ augmente en France et en Europe, notamment à l'école

Par Antoine Allart le 14/05/2024
Parlement européen de Bruxelles

Les violences et le harcèlement scolaire LGBTphobes ont considérablement augmenté en Europe et en particulier en France, pointe un nouveau rapport de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne. Seule lueur à ce tableau inquiétant : les discriminations baissent.

L'Europe peine à endiguer la violence LGBTphobe. Cinq ans après la dernière alerte de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA), organisation statistique de l'Union européenne, le constat reste inquiétant : si en Europe on parvient globalement à faire baisser les discriminations, les atteintes physiques augmentent en revanche, notamment à l'école, montre un nouveau rapport publié ce mardi 14 mai.

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À l’échelle de l’Union Européenne (UE), le taux de personnes LGBTQI+ qui déclarent avoir subi des violences physiques et/ou sexuelles a augmenté de 3 points, passant de 11% il y a cinq ans à 14% aujourd'hui. Dans quasiment chaque pays de l'UE, la violence augmente et notamment en Slovaquie où, en 2022, deux hommes ont été tués devant un bar gay de Bratislava, la capitale. En France, classée troisième pays (derrière la Bulgarie et la Lettonie) où la perception de la violence est la plus importante, et où la récurrence des guets-apens homophobes inquiète, l'augmentation est similaire à la moyenne européenne (16% aujourd'hui contre 14% en 2019).

Explosion du harcèlement scolaire en France

Il n'y a qu'en Estonie, en Slovénie et en Suède que la violence physique envers la communauté LGBTQI+ a baissé. Une inversion de la tendance qui s'explique par la visibilité queer, explique Miltos Pavlou, l'auteur du rapport. Plus la communauté LGBTQI+ est visible, mieux la société la connaît. Lorsque la société devient plus tolérante, la loi peut alors évoluer”, analyse-t-il. Ainsi, la Slovénie a été l'un des premiers pays d'Europe de l'Est à autoriser le mariage pour tous et l'Estonie l'a légalisé l'année dernière. En Suède, le parlement a adopté une réforme simplifiant les transitions de genre.

Le harcèlement LGBTphobe à l'école (moqueries, brimades, insultes, menaces en raison de l'orientation sexuelle et de l'identité de genre) a explosé, passant d'une personne sur deux (46%) à échelle de l'UE en 2019 à deux personnes sur trois (67%) aujourd'hui. La situation concerne toute l'Europe, et l'augmentation touche également les pays précurseurs en matière de lutte contre le harcèlement scolaire (Danemark, Suède, Finlande). En France, septième pays où le harcèlement est le plus important, la situation est alarmante avec une explosion de personnes déclarant avoir déjà été victime (71% en 2023 contre 44% en 2019).

Les personnes trans et intersexes discriminées

La bonne nouvelle de ce rapport, c'est qu'alors que les violences LGBTphobes augmentent, les discriminations sont en baisse. Une personne sur trois (36%) indique avoir été victime de discrimination ces cinq dernières années, quand c'était 42% en 2019 à échelle de l'UE. “Les discriminations baissent mais elles restent à un niveau très élevé, surtout pour les personnes intersexes qui sont très largement discriminées (61% se disent victimes), tout comme les personnes transgenres qui restent malgré la baisse une majorité à être discriminées (54%)", alerte Miltos Pavlou.

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De fortes disparités existent entre les pays de l’Union : alors qu'une personne sur deux (48%) a subi des discriminations en Bulgarie et à Chypre, elles sont une sur cinq (21%) en Suède. Contrairement aux violences, les discriminations en France sont dans la moyenne européenne (34%).

Une personne sur trois envisage le suicide

Au-delà du rapport aux autres, l'étude examine également la perception de soi. Et ses résultats ne cessent de nous interpeler:  plus d'une personne LGBTQI+ sur trois déclare avoir envisagé le suicide, taux qui monte à plus de la moitié des personnes trans, non binaires et intersexes. “Ces chiffres sont bien plus élevés que la moyenne de la société", pointe l'auteur de l'étude, qui souligne que "la haine observée découle de l'ignorance".

Enfin, symboliquement, une barrière a été franchie : en 2023, plus de la moitié des personnes LGBTQI+ est out contre 46% il y a cinq ans. Et dans l'Union européenne, on se tient plus facilement la main lorsqu'on est en couple : 46% disent pouvoir le faire aujourd'hui contre 39% il y a cinq ans. À nous de trouver la bonne personne pour le faire !

*Interviews réalisées par questionnaire en ligne du 2 juin au 22 août 2023, auprès de 100.000 personnes issues des 27 pays de l'Union européenne.

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Crédit photo : Commission européenne / Claudio Centonze