Le parquet de Paris a annoncé la fermeture du tchat Coco et le lancement d'une enquête contre les responsables du site, utilisé notamment dans de nombreux guets-apens ciblant des hommes gays sur internet.
Après des années d'alerte de la part de têtu·, et l'appui en 2023 de SOS homophobie, l'autorité judiciaire a enfin pris des mesures contre le tchat Coco. Ce mardi 25 juin, le parquet de Paris a annoncé la fermeture du site habitué de la rubrique faits divers des journaux, notamment pour les nombreux guets-apens homophobes qu'il a servi à organiser.
🚨 Fermeture du site coco par la #JUNALCO du @parquetdeParis, @CyberGEND, @ComCyberMI , l'ONAF office national antifraude et la coopération avec les autres pays européens par @Eurojust pic.twitter.com/15TehFBQeo
— Parquet de Paris (@parquetdeParis) June 25, 2024
"Les gendarmes ont mis la main sur le serveur de la plateforme Coco pour fermer le site", détaille auprès de têtu· le parquet de Paris. De fait, l'adresse coco.gg, sa dernière URL en date, renvoie désormais vers cette annonce de la gendarmerie nationale : "Ce site a été fermé par la direction générale des douanes et droits indirects et la gendarmerie nationale." Une enquête, nous précisent encore les services du parquet de Paris, a été ouverte pour "fourniture d'une plateforme en ligne pour permettre une transaction illicite en bande organisée" – des faits passibles de jusqu'à dix ans de prison et 500.000 euros d'amende. Le parquet évoque aussi des "infractions relatives à la pédocriminalité, au proxénétisme aggravé, au blanchiment aggravé, et à l’association de malfaiteurs en vue de commettre ces infractions".
Le propriétaire de Coco interpellé
"Ces responsables ne peuvent pas ignorer que leur plateforme est utilisée dans le cadre de pratiques illicites. Ils tirent un profit de ces pratiques et ont une forme de devoir de vigilance", souligne le parquet. Selon une source proche du dossier citée par l'Agence France-Presse (AFP), le propriétaire du site a été interpellé à l'étranger et son épouse a été placée en garde à vue dans le Var. C'est la juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) qui a piloté l'opération : "Cette juridiction centralise l'enquête depuis décembre 2023", nous précise le parquet.
Proposant un tchat anonyme, la plateforme Coco était dans le collimateur des autorités après avoir été citée dans de nombreuses affaires sordides, notamment de pièges ciblant des hommes gays sur internet. Ces guets-apens homophobes sont un fléau bien documenté : chaque semaine en moyenne, un homme gay en est victime. Selon le parquet de Paris, depuis janvier 2021 et jusqu'au 7 mai de cette année, pas moins de 23.051 procédures judiciaires en lien avec Coco ont été ouvertes. Au total, 480 victimes ont été identifiées par la justice dans toute la France. En avril, quatre jeunes – dont deux mineurs – ont encore été interpellés près de Dunkerque (Nord), soupçonnés d'avoir organisé des guets-apens sur ce site.
Début mai le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait annoncé avoir saisi la justice contre Coco. Mais le site, devenu coco.gg, était hébergé sur l'île de Guernesey, territoire britannique, rendant les opérations plus difficiles. En octobre dernier, le député Raphaël Gérard (Renaissance) avait déposé un amendement pour que les auteurs de guets-apens soient exclus des services en ligne où ils piègent leurs victimes. Cet amendement avait été rejeté.
"Conformément à mes annonces et en lien avec la justice, les gendarmes ont fait fermer le site « Coco », sur lequel de nombreux crimes et délits étaient orchestrés : agressions homophobes, trafics de drogues… Les dirigeants de cette plateforme mafieuse ont été interpellés", a réagi Gérald Darmanin sur X (Twitter). SOS homophobie a salué la fermeture du site, tout en appelant "à la vigilance : les pouvoirs publics doivent lutter contre le développement de sites similaires".
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Crédit photo : capture d'écran coco.gg