mondeLa Russie interdit l'adoption vers les pays autorisant les transitions de genre

Par têtu· avec AFP le 26/09/2024
Poutine LGBT gay homophobie d'Etat

L'Assemblée russe a voté une nouvelle loi correspondant à la double obsession de Vladimir Poutine : anti-LGBT et anti-occidentale.

Vous reprendrez bien un peu de transphobie d'État ? Ce mercredi 25 septembre, les députés russes ont voté à une majorité poutinienne (397 pour, 1 contre) un projet de loi visant à interdire l'adoption d'enfants russes par les ressortissants de pays autorisant les transitions de genre. En parallèle, la Douma (l'équivalent de Assemblée en France) examine une proposition de loi pour interdire la "propagande" d'une vie sans enfants.

À lire aussi : Homophobie d'État en Russie : des bars gays ciblés par des descentes de police

L'interdiction votée ce mercredi concerne les citoyens de pays qui permettent "le changement de sexe par intervention médicale, y compris par l'utilisation de médicaments" mais aussi ceux qui permettent un changement de genre dans les documents d'identité. Le but affiché est d'empêcher "toute adoption d'enfant russe par des représentants des communautés LGBT", ajoute l'exposé des motifs cité par l'Agence France-Presse (AFP). Pour entrer en application, la loi doit encore adoptée par le Conseil de la fédération (l'équivalent du Sénat) puis être promulguée par le président, Vladimir Poutine, des étapes qui ne sont généralement qu'une formalité.

Persécution renouvelée des LGBT+

"Avec cette loi, nous protégeons l'enfant", s'est félicité le président de la Douma, Viatcheslav Volodine, promoteur du texte et proche de Poutine. Des députés ont proclamé vouloir éviter que les parents adoptifs puissent "changer de sexe" ou bien "changer le sexe de l'enfant adopté", qui devrait, selon eux, être "élevé dans une famille traditionnelle". Mais ce projet de loi est essentiellement symbolique : en 2023, seuls six enfants russes ont été adoptés par des citoyens étrangers selon les chiffres officiels. Ce chiffre avait commencé à chuter après l'interdiction, en 2012, de l'adoption d'enfants russes par des ressortissants américains. En 2022, un projet de loi – jamais voté – prévoyait déjà de l'interdire aux ressortissants de pays "inamicaux".

"L'Europe, tout comme les États-Unis, est malade", a déclaré mi-septembre le président de la Douma à la radio russe alors qu'il évoquait la possibilité pour les athlètes transgenres de participer à des compétitions sportives. Dans le texte qui accompagne le projet de loi, les députés notent qu'exclure les pays qui autorisent les transitions de genre revient dans les faits à exclure "les pays de l'Otan", où cela est généralement permis.

En juillet 2023, en pleine crise démographique amplifiée par la guerre en Ukraine, le pays porte-drapeau du lobby réac international a adopté une loi interdisant les transitions de genre, ainsi que la possibilité pour les personnes trans d'adopter ou même d'obtenir la garde des enfants en cas de divorce. Depuis 2012, il est déjà impossible pour les couples homosexuels étrangers d'adopter ou de recourir à une GPA en Russie. Fin 2023, la Cour suprême a banni le "mouvement international LGBT" pour "extrémisme", et Vladimir Poutine a ajouté ce dernier sur la liste des "terroristes et extrémistes", ouvrant la voie à de lourdes peines de prison pour les militants sur place.

À lire aussi : Loi contre la "propagande" LGBT : la Bulgarie s'aligne à son tour sur la Russie

Crédit photo : Jonathan Nackstrand / AFP

monde | Russie | Vladimir Poutine | lobby réac | transphobie | LGBTphobie | news