mondeEn Argentine, grosse manifestation contre le président LGBTphobe Javier Milei

Par Nicolas Scheffer le 03/02/2025
Manifestation contre Javier Milei en Argentine le 1er février 2025.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues de Buenos Aires et d'autres villes d'Argentine, ce samedi 1ᵉʳ février, pour dénoncer les propos homophobes et transphobes du président d'extrême droite, Javier Milei, tenus au dernier forum de Davos.

"Résistance trans", "Plus jamais cachés ni en prison", "Basta"… Des dizaines de milliers de personnes ont défilé ce samedi 1er février dans plusieurs villes d'Argentine, dont la capitale Buenos Aires, pour soutenir les droits LGBTQI+ et les droits des femmes en réponse au discours homophobe, transphobe et anti-féministe tenu par le président du pays, Javier Milei, dix jours plus tôt lors du Forum économique mondial à Davos.

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Si la Pride argentine a lieu en novembre, cette journée de manifestation avait tout d'une marche des Fiertés bis. Des mouvements féministes (Du pain et des roses), queers – dont la Federación Argentina LGBT+, l'équivalent argentin de l'Inter-LGBT –, plusieurs syndicats de gauche ainsi que des personnalités politiques d'opposition allant de la gauche jusqu'au centre-droit avaient appelé à rejoindre le cortège de la capitale qui a réuni 80.000 manifestants, d'après la police.

Javier Milei en roue libre

À Davos le 23 janvier, Javier Milei, en fonction depuis décembre 2023, a déclaré s'inscrire dans une "bataille culturelle" contre "le féminisme, la diversité, l’inclusion, l’immigration, l’avortement, l’écologie et l’idéologie de genre". Prônant un libéralisme débridé de tout contrôle étatique, il a porté aux nues le milliardaire réactionnaire Elon Musk et salué ses "camarades" Donald Trump, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán et son homologue israélien Benjamin Netanyahou, avant de dénoncer le "wokisme" – un "cancer qu’il faut éliminer", "résultat de l’inversion des valeurs occidentales" – ainsi que l'"agenda LGBT".

"Dans ses versions les plus extrêmes, l’idéologie du genre constitue une maltraitance envers les enfants. […] Ce sont des pédophiles", a encore déclaré le président argentin, versant allègrement dans le complotisme LGBTphobe : "Pour couvrir cette multitude de pratiques abjectes, il y a l’éternelle victimisation toujours prête à lancer des accusations d’homophobie ou de transphobie et autres inventions dont le seul but est de tenter de faire taire ceux qui dénoncent ce scandale duquel les autorités nationales et internationales sont complices."

"Le président a clairement franchi un seuil, enhardi par la victoire de Donald Trump, se radicalisant comme pour se montrer le « meilleur élève » de l'Empire", pointe auprès de l'Agence France-Presse (AFP) la sociologue et féministe Luci Cavallero, présente lors de la mobilisation. De son côté, l'intéressé accuse ses opposants d'utiliser "une vidéo éditée de son discours, alors que la version intégrale ne laisse aucun doute" (les extraits ci-dessus sont bel et bien tirés de la version intégrale, qui en effet ne laisse pas de doute sur la pensée de son auteur…).

Législatives en Argentine

En ligne avec son camarade Trump, le gouvernement de Javier Milei a annoncé son intention de revenir sur un décret adopté en 2020 pour réserver 1% des emplois publics aux personnes transgenres, mais aussi de supprimer la loi dite Micaela, adoptée en 2018 pour former tous les fonctionnaires sur les questions de genre et de violences sexuelles. Dans son discours à Davos, le président argentin a considéré que le concept de féminicide "légalise, de fait, que la vie d'une femme vaut plus que la vie d'un homme". Son ministre de la Justice, Mariano Cúneo Libarona, a indiqué vouloir supprimer ce terme du Code pénal argentin où il est inscrit depuis 2012.

Les personnes qui ont participé aux manifestations contre Milei craignent une polarisation encore plus forte, puisqu'en octobre auront lieu des élections législatives de mi-mandat. Mais le souffle de la manifestation – la plus importante depuis des mois, selon l'AFP – donne de l'espoir à gauche. "Je crois que Milei pense ce qu'il dit, mais quand il a vu la réaction, il s'est rendu compte qu'il est allé trop loin, et là il doit le regretter", calculait samedi Raffaela, âgée de 19 ans, qui s'est déplacée de 150 kilomètres pour sa première manif.

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Crédit photo : Luis Robayo / AFP

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