Gérald DarmaninMarlène Schiappa pour TêtuMag : "Il ne faudra pas tarder pour mettre en place la PMA"

Par Adrien Naselli le 24/07/2017
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Habemus ministram. La fumée blanche est sortie de l’Élysée avec des reflets arc-en-ciel lorsque Marlène Schiappa, 34 ans, fut nommée secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes, le 17 mai 2017.

Son domaine s’étend à « la lutte contre les actes et agissements de haine et de discrimination envers les personnes lesbiennes, gays, bi et trans ». C’est écrit noir sur blanc. Adjointe au maire PS du Mans, Schiappa incarne mieux que d’autres le renouvellement promis par Emmanuel Macron pendant sa campagne : jeune, issue de la « société civile » – elle avait créé le blog Maman travaille –, réputée pour son franc-parler, la secrétaire d’État n’a pas perdu une minute. Lorsque nous la rencontrions fin mai dans ses nouveaux bureaux, elle attendait l’association SOS homophobie qui devait lui présenter son rapport 2017 et s’apprêtait à recevoir Cyril Hanouna après son canular homophobe. L’histoire du « buzzer » qui en est sortie a surpris et déçu... Quelle ambassadrice des LGBT sera Marlène Schiappa ? Présentations.
 

Renouvellement

 
Votre affectation aux questions LGBT est survenue quelques jours après la nomination du gouvernement. Saviez-vous que vous seriez en charge de ces questions en plus de l’égalité entre les femmes et les hommes ?
C’est moi qui l’ai demandé. Au Mans, où je suis maire adjointe, j’avais transformé la délégation « Droit des femmes » en « Égalité femmes-hommes et lutte contre les discriminations LGBT ». J’ai donc demandé au président de la République [Emmanuel Macron, ndlr] et au Premier ministre [Edouard Philippe, ndlr] s’il était possible d’ajouter à mes attributions les questions LGBT. Je pense qu’il est important d’avoir un interlocuteur au gouvernement sur ces questions car l’homophobie reste très présente dans les médias et dans la vie quotidienne. Il est important que le gouvernement se donne les moyens de lutter contre la haine envers les personnes homosexuelles. C’est la première fois que ces mots sont écrits dans un décret ministériel.
 

"Quand on tient un bureau de vote et qu'une femme trans se fait appeler 'monsieur' par tout le monde, quelque chose ne va pas"

 
Le décret préconise de « lutter contre les actes et agissements de haine et de discrimination envers les personnes lesbiennes, gays, bi et trans ». Mais serez-vous aussi en charge des droits LGBT, comme la PMA (Procréation médicalement assistée), les droits des trans ?
Oui. Il faut une sécurisation et une augmentation des droits. L’ouverture de la PMA aux femmes seules et aux couples de femmes est un engagement de campagne du président de la République. Je souhaite que la PMA puisse rapidement être autorisée pour toutes les femmes. Il ne faudra pas laisser traîner le débat pour ne pas générer de l’homophobie. Sur les personnes trans, le décret précise bien que ma mission concerne non seulement la lutte contre la haine envers les personnes homosexuelles, mais aussi envers les trans. Je sais quels sont leurs parcours pour m’être occupée de plusieurs personnes trans et intersexes au niveau local. Quand on tient un bureau de vote et qu’une personne intersexe qui s’identifie comme une femme se fait appeler « monsieur » par tout le monde, il y a quelque chose qui ne va pas. On a énormément de choses à faire ne serait-ce que dans la bientraitance des personnes intersexes et trans.
Mais cela n’implique-t-il pas de faire évoluer la loi pour que les personnes puissent changer d’état civil plus facilement ?
Absolument. On a mis des années à considérer que les personnes homosexuelles étaient saines d’esprit, il faudra encore sans doute du temps pour assimiler que les personnes trans méritent d’être considérées comme toutes les autres, mais nous allons y travailler.
 

"Je n'aurais jamais pensé être dans un gouvernement avec Gérald Darmanin"

 
Que pensez-vous de la polémique sur la nomination de Gérald Darmanin comme ministre de l’Action, qui avait publiquement fait état de ses idées communes avec la Manif pour tous ?
Je n’aurais jamais pensé être dans un gouvernement avec lui car il me semblait qu’on était très opposés. Mais je vous invite à lire ses dernières déclarations sur le sujet, qui montrent qu’il a évolué sur ses positions. C’est un message à toutes les personnes qui ont milité contre le mariage pour tous.
 

Militante féministe

 
Traiter les questions LGBT en ayant commencé par vous occuper des questions d’égalité femmes-hommes, c’est un parcours logique pour vous ?
Oui, cela fait partie de la déconstruction de la domination masculine. Depuis des siècles, on vit dans des formes de patriarcat toujours centrées sur des couples hétérosexuels. Quand on est militante féministe, on se pose la question de l’identité de genre et de l’orientation sexuelle : c’est une prolongation logique des questions du féminisme.

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Couverture : crédit photo Monsieurtok pour TÊTU