Les Alliances gay-hétéro contribueraient à un environnement plus sûr pour les LGBT au sein des universités américaines. Mais à quoi correspondent-elles ?
De nombreuses université américaines (et canadiennes), mais également certains lycées, ont créé en leur sein des Gay-Straight Alliances ou Alliances gay-hétéro (AGH). Les AGH sont des organisations auto-gérées par les étudiants desdites universités qui, comme leur nom l'indique, regroupent à la fois des personnes LGBT et hétérosexuelles. Ces étudiants hétéros sont souvent définis comme des straight allies, pour alliés hétéros, et représenteraient environ 28% des adhérents de ces organisations estudiantines. À travers l'AGH, lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et hétéros participent ensemble, au sein de leur université, à développer un environnement plus sûr et inclusif pour tous les étudiants. Bien évidemment, la dimension LGBT reste la composante la plus importante de ces alliances puisque les étudiants LGBT subissent statistiquement plus de violences que les étudiants hétéros, selon le dernier rapport disponible du GLSEN (Gay, Lesbian and Straight Education Networtk) - une association américaine qui lutte contre les discriminations et le harcèlement en milieu scolaire basés sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre.
La première AGH a été créée en 1988 à la Concord Academy dans le Massachusetts par Kevin Jennings, lequel a également fondé le GLSEN en 1990 et qu'il dirige toujours aujourd'hui. Cependant, la mise en place d'AGH au sein des universités américaines ne s'est pas faite sans heurt et de nombreux étudiants ont dû batailler avec leurs établissements pour se voir reconnaître le droit de créer de telles organisations estudiantines. En 1999, un jugement de la Cour fédérale a conclu que refuser l'accès à une AGH basée dans un établissement d'enseignement était une violation de la loi "Federal Equal Access Right", laquelle garantie aux étudiants le droit d'utiliser les locaux de tout établissement d'enseignement recevant des fonds publics pour y mener des activités parascolaires, et ceci quel que soit le statut de l'établissement (public ou privé), et quelle que soit son affiliation religieuse.
Les AGH pour des universités plus sûres et plus tolérantes
Un jugement bienvenu quand on connaît l'importance des AGH pour le bien-être et la sécurité des étudiants. En effet, une récente étude menée par la Vanderbilt University à Nashville et publiée dans le Journal of Youth and Adolescence souligne que les étudiants inscrits dans une université possédant une AGH auraient moins de risque de se faire harceler en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs de la Vanderbilt University ont compilé 15 études indépendantes, représentant 63.000 participants. Dans le détail, cette méta-analyse conclue que les étudiants inscrits dans une université possédant une AGH auraient :
- 52% de risques en moins d'entendre des remarques homophobes ;
- 36% de risques en moins de craindre pour leur sécurité ;
- 30% de risques en moins de souffrir de victimisation homophobe (sentiment de persécution du fait de son orientation sexuelle).
Hensman Kettrey - l'un des auteurs de l'étude - a déclaré au sujet de ces résultats :
Avoir une AGH (au sein de son université) envoie un message fort à tous les étudiants comme quoi leur lieu d'enseignement est un endroit accueillant où tout individu est accepté et où les actes homophobes ne seront pas tolérés.
L'Union américaine pour les libertés individuelles (ACLU), qui a soutenu plusieurs AGH dans leurs actions en justice contre les établissement universitaires réfractaires à de telles organisations, a récemment adressé un courrier pour rappeler aux universités leurs obligations en la matière et pour servir de plaidoyer aux élèves dans leur établissement.
En France, des associations militantes et conviviales telles que CAELIF et GLUP oeuvrent pour lutter contre toutes formes de discriminations et pour accompagner les étudiants LGBT à l'université.
Pour en savoir plus :
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