Christiane TaubiraPrimaires : les homos se retrouvent (encore) au centre du débat

Par Adrien Naselli le 24/11/2016
Primaire Franck Riester

François Fillon et Alain Juppé s'affrontent sur la censure des affiches de prévention par des maires Les Républicains. Franck Riester, député LR ouvertement gay, a choisi de soutenir Alain Juppé.

Patrick Buisson, l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, s’est félicité ce matin sur Europe 1 de ce qu’"une révolution conservatrice est partout à l'œuvre dans la société occidentale". Depuis le début de la semaine, on apprend quotidiennement que la campagne de prévention du ministère de la Santé ciblant les gays est censurée dans des communes. Le maire d'Angers, Christophe Béchu, s'est défendu de toute homophobie en expliquant que c'était la présence de ces affiches près des écoles qui posait problème. Hier soir, à Angers, 500 personnes se sont rassemblées devant la mairie contre la censure des affiches.
Cette affaire s'est invitée dans l'entre-deux-tours et a conduit Alain Juppé à condamner l'attitude des maires tandis que François Fillon a fait part de sa compréhension. A l'issue du premier tour, ce dernier a reçu les soutiens de tous les anciens candidats à la primaire à l'exception de Nathalie Kosciusko-Morizet qui a choisi de rallier Alain Juppé. Le soutien de Bruno Le Maire à François Fillon en a surpris plus d'un, lui qui n'avait eu de cesse de critiquer le conservatisme de l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy. Nous avons contacté son porte-parole lors de la campagne, le député ouvertement gay Les Républicains Franck Riester, l'un des seuls qui ait voté pour le mariage pour tous en 2013. Lui votera Alain Juppé le 27 novembre.
TÊTU | Pourquoi avoir choisi de ne pas suivre le vote de votre candidat, Bruno Le Maire, qui soutient dorénavant François Fillon ?

Franck Riester | Bruno Le Maire a fait son choix. De mon côté, j’ai choisi librement de voter pour Alain Juppé car je pense qu’il est le mieux à même de faire gagner notre famille politique. Il rassemble les différentes générations et sensibilités de la droite et du centre, et plus largement celles et ceux qui veulent l’alternance. Par ailleurs, je me reconnais davantage dans sa vision d’une société ouverte et humaniste. En particulier, je pense que la réécriture de la loi Taubira serait une erreur majeure. Alain Juppé propose des réformes ambitieuses, sur la restauration de l’Etat notamment, mais sans faire de promesses impossibles à tenir une fois au pouvoir.

On a l’impression que les ralliements au second tour se sont faits sur la base d’un progressisme ou d’un conservatisme sur les questions de société. NKM a rejoint Juppé, elle qui défend la PMA et qui s’était abstenue, comme Bruno Le Maire, sur le mariage pour tous. Pourquoi Bruno Le Maire a-t-il fait le choix de rallier François Fillon ?

C’est à lui de vous répondre [il n'a pas souhaité le faire, NDLR]. En ce qui me concerne, il est évident que les divergences sur les questions de société entre les deux candidats ont lourdement pesé sur mon choix.

Comment qualifiez-vous l’épisode médiatique que nous traversons à propos des affiches de prévention censurées dans plusieurs municipalités ?

Il est évident qu’il est important de faire de la prévention, et je suis étonné que certains s’offusquent de voir deux hommes ensemble.

Pensez-vous que des maires aient le droit de censurer des affiches de prévention ?

Ce sera tranché par la justice car la Ministre des Affaires sociales et de la Santé Marisol Touraine a porté plainte.

Florian Philippot lui-même disait ce matin qu’il n’avait rien contre ces affiches ; la droite est-elle en train de doubler le Front national sur sa droite ?

Pendant le débat sur le mariage pour tous déjà, le FN s’était montré beaucoup plus discret. Ce qui est important pour la droite aujourd’hui, c’est de regarder la société telle qu’elle est et non pas comme on la voyait il y a 50 ans ou 60 ans.

 
Le dernier débat de la primaire se tiendra ce soir sur France 2, TF1 et France Inter.