Dans un post Facebook, ce médecin remplaçant qui exerce en Bourgogne offre une définition bien personnelle des homos "de type fofolle", qui parlent d'une voix aiguë et marchent "en balançant des hanches".
"Les médecins ne sont pas des pigeons" est un groupe Facebook public riche de plus de 30.000 membres, où médecins et soignants échangent sur leur vie professionnelle. Le 28 décembre, un internaute explique qu'il a "frôlé une erreur médicale" : il n'a pas demandé d'examen pour dépister un cas de syphilis - en forte hausse chez les gays - car il n'a pas identifié son patient comme étant homo. Et ne lui a pas non plus demandé. Apparemment, son gaydar ne repère pas les "monsieur tout le monde" mais seulement les "fofolles" :
Le truc, c'est que le patient est homosexuel. Pas un homo de type "fofolle" avec des manières surjouées, plutôt un monsieur tout le monde, du coup je n'ai rien vu (et ce n'était pas marqué dans le dossier) donc je n'ai pas cherché plus loin.
Accusé de véhiculer des clichés et d'alimenter une homophobie ordinaire, il s'explique dans les commentaires, mais s'empêtre dans les stéréotypes :
Contacté par LCI, ce dernier nie toute de suite une quelconque "mauvaise intention", déplorant que l'on "déforme le sens des mots" pour "chercher de l’homophobie partout".
Non respect de la déontologie ?
"C'est inquiétant de se dire qu'un médecin qui a fait des années d'études, puisse avoir un regard aussi réducteur de l'homosexualité et des homosexuels en général" réagit au contraire Medhi Aïfa, président de l'Amicale des jeunes du Refuge, au micro de France Bleu Bourgogne. Face à de tels propos, cette association qui défend les minorités sexuelles a saisi l'Ordre des médecins. Le conseil de Bourgogne a auditionné le médecin hier, lundi 2 janvier. Le Dr Jean-Pierre Mouraux, président du conseil départemental de Côte d'Or cité par LCI, parle d'une "procédure habituelle, bien que les griefs soient particuliers et les accusations graves." Le conseil rendra donc sa décision lundi prochain, à l'issue d'un vote, décidant si une plainte sera déposée pour manquement à la déontologie auprès de la chambre disciplinaire de première instance du conseil régional de l'Ordre des médecins, qui est présidée par un magistrat administratif.
En cas d'avis contraire, l'Amicale des jeune du Refuge pourra toujours poursuivre le médecin en instance civile. Mais cette dernière a assuré à France Bleu Bourgogne que son intérêt était d'élever un débat public sur la question. L'association LGBT accuse également le médecin d'avoir tenu des propos transphobes; la déclaration, non sourcée, circule sur Twitter :
Le Dr Huet s'exprime. Ãa tombe bien, nous aussi @francebleu
via - @fmauerhan https://t.co/FTOb8c3wOE pic.twitter.com/JACBEVGULw— AmicaleJeunesRefuge (@AmicaleRefuge) January 3, 2017
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L'avis d'un médecin généraliste gay
Guillaume Potherat est médecin généraliste remplaçant en Île-de-France, et gay. En exerçant et en discutant avec des confrères, il a mis au jour plusieurs problèmes qui - outre l'homophobie latente - impactent la relation patient-médecin, à savoir :
L’absence de perception par le médecin de l’importance de l’orientation sexuelle des patients, [...] la fréquente absence de mention par le patient de son homosexualité au médecin, et le manque de connaissances de la part du médecin sur le sujet de la sexualité des personnes homosexuelles.
Actuellement en troisième cycle de médecine à la Faculté de Bobigny, il prépare une thèse sur les patients homosexuels face à leur médecin, dans laquelle il réunit avis et expériences; il espère que ses travaux permettront de pallier ces manques et peut-être même d'améliorer la prise en charge des patients gays par la médecine générale en adaptant la formation des étudiants en médecine à ce sujet.