Chaque semaine Les Mots à la bouche vous proposent leurs coups de cœur littéraires. Aujourd’hui, on s'immerge en pop culture et on explore la fascination pour les stars...
On fond pour Harry Styles des One Direction avec Côme Martin-Karl, on rentre de l’intimité et la tête de Patrice Chéreau avec Olivier Steiner, et on suit le devenir-Nana Mouskouri de David Lelait-Helo.
Styles, roman de Côme Martin-Karl, JC Lattès, 252p, 18€
Synopsis : Angoissé, un peu asocial et ne tombant amoureux que dans ses rêves, le narrateur, étudiant en sociologie, nourrit un fantasme pour Harry Styles, l'ancien chanteur de One Direction, le plus grand boys band de tous les temps. Il décide de sublimer cette obsession adolescente dans un mémoire universitaire ; mais rapidement, son professeur se désintéresse de lui. C'est alors qu'il se tourne vers Jean-Philippe Costat, un sociologue pointu à la tête d'une revue prestigieuse à la rhétorique complexe. Désormais, son travail sur Harry Styles change d'ampleur et doit, à lui seul, révolutionner les sciences sociales. Au même moment, alors qu'il se croyait au moins original à défaut d'être brillant, il rencontre Julien, un étudiant qui rédige sa thèse de psychanalyse du droit sur ce même chanteur anglais. Celui-ci semble tout le contraire du narrateur : beau, profond, à l'intelligence virtuose. Surtout, grâce à des relations, il a accès à Harry Styles en personne... Mêlant ambition intellectuelle, pop culture et fantasmes érotiques, ce récit pose la seule question qui vaille : lorsque l'on est amoureux, l'est-on d'une vraie personne ?
Avis du libraire : Un roman vif et drôle sur la fascination, les idoles pop, l’amour et la solitude. Petit extrait d’une interview de l’auteur par Brain Magazine :
Brain Magazine : En lisant le livre, je me suis demandé si Harry Styles n’était qu’un prétexte à cette histoire. Qu'en est-il ?
Côme Martin-Karl : Oui, il aurait pu n’être qu’un prétexte. J’aurais pu faire Pomme+F et remplacer toutes les occurrences d’Harry par Troye Sivan.
Ça n’aurait pas exactement donné la même chose, non ?
En fait non, parce qu'Harry est quand même quelqu’un de cultivé, et frustré d’avoir quitté l’école un peu trop tôt à son goût. Mais oui, ça aurait aussi bien pu être quelqu’un qui n’existe pas. Il s’agit avant tout d’une obsession amoureuse. Or, une obsession amoureuse, c’est toujours quelqu’un qui n’existe pas vraiment.
Pour aller plus loin : www.motsbouche.com
La main de Tristan, récit d’Olivier , Editions des Busclats, 160p, 14€
Synopsis : Olivier Steiner raconte ici, sans détour et sans masque, sa rencontre avec Patrice Chéreau. Il a rencontré Chéreau lors d'une lecture de La Douleur avec Dominique Blanc. Patrice Chéreau partait le lendemain pour Milan où il allait monter Tristan et Yseult. Olivier Steiner lui a glissé son numéro de téléphone n'osant rien espérer. Mais Chéreau a appelé. L'échange a commencé entre eux. Les mots et la distance ont fait naître une sorte d'amour courtois qui s'est transformé plus tard sans épuiser pour autant cette part première de merveilleux. Un livre troublant, tendre, violent, désespéré souvent, dont le sujet est aussi l'écriture dont s'est nourrie leur histoire. Né sous le signe de La Douleur de Marguerite Duras, La Main de Tristan a la beauté sombre d'un adieu à l'adolescence.
Avis du libraire : Ce récit est le pendant du roman Bohème d’Olivier Steiner qui mettait en scène sa relation avec Patrice Chéreau. Dans ce récit court et dense, les masques tombent, l’auteur livre sans fard ses souvenirs de cette relation unique, il compose une lettre d’amour et un journal de deuil à l’immense metteur en scène. Prix Incipit 2017.
Pour aller plus loin : www.motsbouche.com
Quand je serai grand je serai Nana Mouskouri, roman de David Lelait-Helo, Anne Carrière, 220p, 17€
Synopsis : Dès l'enfance, Milou a des ambitions qui ont de quoi surprendre. Dans la cour de récréation, ce drôle de petit garçon aime jouer à la princesse, et faire de ses copines ses soldats. Il s'imaginera aussi un destin dans la peau d'un monstre orange, le Casimir de L'île aux enfants, avant de se mettre en tête qu'il est la plus puissante des reines d'Égypte. Mais quand il a treize ans, une voix fait chavirer tous ses projets. Celle de Nana Mouskouri. C'est décidé : il sera cette femme-là ! Que d'embûches... Car Milou n'est pas grec, il ne porte ni lunettes ni longue robe pailletée, il ne sait pas chanter et, pire que tout, il découvre, effaré, qu'il est un garçon. Pourtant, Milou a plus d'un tour dans son sac... Son truc à lui, au fil des années, jusqu'au soir de ses quarante ans, c'est de défier le réel pour suivre son rêve. Un rêve qui le mènera bien plus loin qu'il ne l'avait imaginé...
Avis du libraire : Il n'est pas besoin d'être un admirateur de la chanteuse grecque pour apprécier le joli roman de David Lelait-Helo. Sobre, bien écrit et touchant, Quand je serai grand, je serai Nana Mouskouri dissèque ainsi remarquablement les mécanismes de l'identité et revendique haut et fort la nécessité d'avoir un rêve. "Ça sert à se lever le matin et à traverser la journée, et la vie aussi. Ça donne du sens à ce qui n'en a pas."
Pour aller plus loin : www.motsbouche.com