Gay PrideLe premier char "gouine/trans" à la marche des fiertés

Par Marion Chatelin le 30/06/2018
Gouine

C'est une première dans l'histoire de la marche des fiertés de Paris : un char « gouine/trans » défilera dans le cortège, juste derrière le Lesbotruck+. Une initiative lancée par Sophie Morello, DJ et organisatrice des fameuses soirées queer « La Kidnapping ». TÊTU lui a demandé pourquoi cette initiative est cruciale pour la visibilité des lesbiennes et personnes transgenres.

PMA pour toutes, changement d'état civil libre et gratuit, dépsychiatrisation des transidentités, opposition à la loi asile-immigration... voilà les principales revendications portées par le char « gouine/transA(n)gora » qui sera présent dans le cortège de la marche des fiertés, samedi 30 juin 2018. Associé au "Lesbotruck+", jusqu'ici seul char lesbien présent à la marche, cette initiative a un but : visibiliser les lesbiennes et les personnes transgenre.

Comment est née l'idée du char "gouine/trans" ?

Sophie Morello : J'ai eu l'idée l'année dernière lorsque j'ai été invitée à mixer sur le Lesbotruck+ pour la marche des fiertés 2017. J'ai eu un choc. Je me suis demandée « comment on se retrouve avec un seul char de meufs sur la marche des fiertés, entouré par 80 chars majoritairement gays? » Au départ, le char devait être porté uniquement par des gouines mais rapidement le groupe s'est élargi. Des personnes transgenres se sont impliquées. C'était une évidence de les inclure.
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Quels collectifs, associations, ou personnalités retrouve-t-on dans le groupe « gouine/trans a(n)gora » ?

Des personnes assez politisées, avec une orientation sexuelle majoritairement lesbienne, bi ou trans' mais il y a aussi quelques gays ! On a également reçu le soutien d'une Femen, d'un membre de Gras Politique (un collectif oeuvrant pour la reconnaissance des discrimination envers les personnes grosses). Plusieurs collectifs comme Polychrome, La Java, House of Moda ou la Queer Week se sont associés pour nous aider à nous financer en organisant deux soirées.

Quelles sont vos revendications ?

Je tiens d'abord à souligner que nous sommes totalement solidaires du Lesbotruck+. Pour nous, le plus important, avant même la revendication, c'est la notion de solidarité. On veut recréer du lien entre les gouines, les trans', les personnes racisées, les pédés... On veut leur dire : vous êtes légitimes. Ensuite, parmi nos principales revendications, il y a  évidemment la PMA pour toutes, meufs et trans', mais aussi le changement d'état civil libre et gratuit ou encore la dépsychiatrisation des transidentités. On a également intégré les questions des droits des personnes intersexes et des migrants dans nos revendications car elles nous paraissent fondamentales.

Quel regard portez-vous sur le mot d'ordre choisi par l'Inter-LGBT?

Je ne comprends pas le choix de l'Inter-LGBT. Mais ce sont des militant.e.s ! Ce n'est absolument pas notre but de nous battre contre eux ! C'est pourquoi nous avons décidé d'avoir notre propre mot d'ordre « nos corps, nos identités » afin de montrer notre désaccord. Pour le reste, il y a des combats beaucoup plus importants à mener.
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Un documentaire sur votre char "gouine/trans" serait en préparation. Pouvez-vous nous en dire plus ?

On ne pouvait pas faire une marche des fiertés avec un char aussi historique sans d'archives ! J'ai pensé ce documentaire comme le prolongement de la création du char et des quatre heures de marche. Il parlera de la visibilité, des identités et des espaces queer. Si tout se passe bien, on espère une sortie début 2019. On espère pouvoir le montrer dans plusieurs festivals de films LGBT !