Un médecin des environs de Metz a refusé un certificat médical à un couple d'hommes qui préparaient un dossier d'adoption. Et forcément, il ne voit pas le problème.
Ce couple ne pensait pas que sa procédure d'adoption serait freinée aussi rapidement. Le Républicain Lorrain a rencontré Steven et Nathan Da Fonseca, en couple depuis sept ans, et mariés depuis l'année dernière. Aujourd'hui, ils veulent adopter, et pour cela, il faut apporter au dossier un certificat médical, réalisé par un médecin généraliste agréé par le département. "Notre médecin traitant ne l’étant pas, nous en avons choisi un au hasard sur la liste" racontent les deux hommes au quotidien régional. Mais ce généraliste va doucher leur enthousiasme.
Le praticien commence d'abord par leur demander de réaliser un test VIH. Puis, lors du second rendez-vous avec les résultats du test, celui-ci leur dit qu'il a "réfléchi", et qu'il ne fera pas de certificat car c'était "contraire à ses convictions" raconte le couple. "Nous avons déjà été discriminés. Nous sommes plutôt discrets et pas militants. Mais là, de la part d’un médecin agréé pour les procédures d’adoption, on ne peut pas laisser passer" ont-ils expliqué au Républicain Lorrain.
Le médecin "dans son droit"
Ils ont donc saisi l'association Couleurs gaies, qui a interpellé le conseil départemental de Moselle dans un courrier daté de lundi. L'association demande au Département des explications, puisque "d’autres candidat(e)s à une adoption sont susceptibles de devoir solliciter" ce médecin, figurant sur la liste étable par la collectivité territoriale.
Le journal a également contacté le médecin. Ce dernier s'estime être dans son droit. Il aurait contacté le président régional de la Confédération des syndicats médicaux français avant de prendre sa décision. "Il m'a confirmé que j'étais bien dans mes droits. Je ne suis pas dans une situation d'urgence. Ce couple a tout loisir d’obtenir ce certificat médical auprès d’un autre médecin agréé. J'ai parfaitement le droit qu'on respecte mes convictions" s'est-il défendu.
A LIRE AUSSI : Médecin, avocat... Quels avantages à se tourner vers un professionnel LGBT-friendly ?
L'adoption impossible ?
Ce n'est malheureusement pas la première fois que des homophobes "de conviction" mettent des bâtons dans les roues de couples de même sexe souhaitant adopter.
En avril 2018, l'Association des Familles homoparentales (ADFH) avait porté plainte contre le président du Conseil de famille des pupilles de l’Etat du département voisin de Meurthe-et-Moselle. Ce dernier refusait systématiquement de placer des enfants dans les couples de même sexe, arguant : « on n’a rien contre les couples de même sexe, mais tant qu’on aura des couples jeunes, stables, avec un père et une mère, on les privilégie.»
La composition des conseils de famille avait alors été pointée du doigt. L'ADFH estimait alors à moins de dix le nombre de couples ayant pu adopter depuis le vote de la loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe.
Crédit photo : Shutterstock