Abo

bioéthiquePMA : "Nous n'avons pas réussi à trouver un consensus sur une loi attendue depuis plus de dix ans"

Par Nicolas Scheffer le 25/06/2021
Elisabeth Moreno se félicite du vote de la PMA pour toutes

INTERVIEW. Ministre de l'Égalité, Élisabeth Moreno se félicite du vote à venir le 29 juin de la PMA pour toutes. Mais concède que le texte a des lacunes. Elle annonce à TÊTU que la loi simplifiant l'adoption sera votée avant la fin du mandat, mais ne garantit pas une loi contre les "thérapies de conversion" d'ici à 2022.

"Plus de droits, moins de bla-bla ! Trop de promesse, on régresse". Tel est le slogan de la Marche des fiertés de Paris-Île-de-France ce samedi 26 juin. Alors que la PMA pour toutes doit être enfin votée trois jours plus tard, le 29 juin, les militant·e·s LGBTQI+ en ont entendu, du bla-bla depuis 2017. Quatre années auront été nécessaires pour que la promesse d'Emmanuel Macron accouche du texte, qui plus est incomplet.

>> Olivier Véran dans TÊTU : « Les enfants nés de GPA ne sont pas malheureux » <<
Certes, la PMA sera désormais accessible aux femmes célibataire et aux lesbiennes en couple, gratuitement. Mais quant aux hommes transgenres en capacité de procréer : exclus. L'utilisation des ovocytes de la partenaire ? Interdite. La transcription des états civils d'enfants nés d'une GPA ? Abrogée. Si la majorité vote sans euphorie, c'est d'ailleurs en partie parce qu'elle aurait aimé un texte plus ambitieux.

La ministre de l'Égalité, qui porte la loi, le reconnait elle-même : "Une loi n'est jamais parfaite et encore moins une loi bioéthique". Élisabeth Moreno annonce à TÊTU que la loi Limon pour simplifier l'adoption sera adoptée avant la fin du quinquennat. En revanche, celle pour interdire les thérapies dites "de conversion" risque bien d'être abandonnée, achevée par l'embouteillage législatif de fin de mandat. Entretien.

Avec autant de retard, on pouvait espérer que la loi bioéthique soit parfaite. Est-ce le cas à vos yeux ?

Élisabeth Moreno : Une loi n’est jamais parfaite et encore moins une loi bioéthique. Malgré un temps donné au dialogue, il reste des gens qui ne sont pas satisfaits. Je ne m’attendais pas à une telle levée de bouclier de la Manif pour tous qui m'a attaquée lorsque je soutenais simplement la PMA pour toutes. Nous n’avons pas réussi à trouver un consensus complet sur une loi attendue depuis plus de dix ans. Maintenant, ce qui est important, c’est que toutes les femmes aient accès à la PMA.

Avez-vous des regrets en particulier concernant ce texte ?

Certaines personnes voudraient qu’on aille plus loin sur certains sujets, mais la société n’y est pas encore prête. Ce qui est essentiel, maintenant, c’est que ces femmes dont l’horloge biologique tourne puissent avoir un enfant. La loi va être votée, toutes les femmes y auront accès, c’est le plus important. C’est aussi une question de protection pour ces femmes qui vont à l’étranger pour avoir recours à une PMA.

Pourquoi les hommes trans en capacité de procréer n’ont-ils pas aussi accès à la PMA ?

La promesse du président de la République était claire. Toutes les femmes à l’état civil y auront accès. Sur cette question, la société n’est pas prête.

Vous vous félicitez que les couples de femmes aient recours à une Reconnaissance conjointe anticipée (RCA). Pourquoi ne pas faire de même avec les couples hétéros ?

Changer le droit pour les couples hétéros aurait été beaucoup trop compliqué. Nous avons voulu nous rapprocher le plus possible pour les couples homoparentaux du droit applicable aux couples hétéros....