LGBTphobieLes insultes homophobes de grévistes contre un chauffeur de bus choquent les internautes

Par Timothée de Rauglaudre le 12/12/2019
insultes homophobes

Sur une vidéo postée mercredi sur Twitter, des grévistes lancent des insultes homophobes à des chauffeurs de bus. Une scène qui a beaucoup indigné sur le réseau social.

Mis à jour tel le 12 décembre 2019 à 15:32, avec la réponse de la CGT RATP, en fin d'article.  

La vidéo, diffusée sur Twitter mercredi 11 décembre, a déjà été vue plus de 250 000 fois. Dans cette séquence de 53 secondes filmée au smartphone, deux hommes en gilet rouge CGT et quelques autres individus aux vêtements sombres prennent à partie des chauffeurs de bus RATP. Visiblement, ceux-ci prennent leur service au petit matin. Leur méfait ? Ne pas prendre part au mouvement de grève lancé par cinq syndicats de la RATP et de la SNCF jeudi 5 décembre.

https://twitter.com/Goldwing771/status/1204790231460909057

Mais ce n'est pas tant la réprobation des "non-grévistes" sur la vidéo que la manière dont les syndicalistes s'y prennent, qui a choqué des internautes. En effet, alors que les bus sortent du dépôt RATP, les grévistes commencent à entonner en chœur : "On n'aime pas les (gros) suceurs de bites !" Le deuxième chauffeur de bus sur la vidéo s'arrête un instant, comme pour leur répondre. Le groupe en profite pour courir vers le véhicule et invectiver le chauffeur : "(Sale) pédé ! Enculé ! Suceur de bites !" Impossible d'entendre ses réponses, couvertes par les insultes. Puis des membres des forces de l'ordre écartent les militants et le bus repart.

"Éviter les amalgames"

La personne derrière le compte qui a posté la vidéo, @Goldwing771, est lui-même chauffeur dans le privé, non gréviste. Il explique à TÊTU que cette vidéo provient d'un groupe de discussion sur le réseau social Snapchat pour une "session de formation" de chauffeurs dont il fait partie. Il ne connaît pas l'identité de l'auteur de la vidéo, mais ajoute que les faits se sont déroulés devant le dépôt ou "centre bus RATP", selon le terme consacré, de Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne.

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Ces insultes homophobes ont fait réagir de nombreux internautes, qui interpellent parfois par la RATP ou la CGT. Certains indiquent leur soutien voire leur engagement à La République en marche dans leur bio Twitter, mais pas tous, loin de là. D'autres twittos se sont exprimés pour dénoncer également des "amalgames" dressés entre ces quelques grévistes et l'ensemble de la CGT, voire du mouvement de grève. Comme cet utilisateur de Twitter qui se dit dans sa bio "gay, vegan et animaliste" : "Attention ne pas tomber dans ce genre de piège, dire que TOUS les gars travaillant à la RATP et syndiqués CGT sont homophobes... Monter les français les uns contre les autres, c’est le jeu du gouvernement actuellement... Un peu de discernement pour éviter les amalgames SVP..." Des grévistes ont aussi condamné ces insultes homophobes.

https://twitter.com/Fredtaimepas/status/1204988756635324417

"Homophobie ordinaire"

Quelques personnalités publiques ont réagi, via leur compte Twitter, à la vidéo. "Honteuse démonstration d’homophobie ordinaire ! écrit la députée LREM Laetitia Avia. Pour rappel : les injures homophobes sont un délit." La présidente du conseil régional d'Île-de-France Valérie Pécresse a elle aussi condamné ces insultes homophobes : "Scandalisée par cette ultra violente prise à partie d’un conducteur, par des grévistes jusqu’au-boutistes, à coup d’insultes homophobes. Des sanctions exemplaires doivent être prises et des plaintes déposées!"

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Interpellé, le compte Twitter de la RATP a réagi dans un tweet lapidaire : "La RATP déplore et condamne fermement ces agissements." Des internautes ont répondu en demandant si des mesures concrètes seraient prises.

"Débordement regrettable"

Jeudi 12 décembre à 15 heures, la CGT-RATP a diffusé un communiqué dans lequel elle condamne "sans ambiguïté" un "débordement regrettable" : "Jamais la CGT n’admettra que des propos homophobes servent à porter nos légitimes revendications, peut-on lire. Jamais nous ne cautionnerons, de tels comportements qui, en réalité, desservent notre combat pour plus de justice sociale. Nous ne détournerons pas les yeux ni resterons silencieux face à de tels agissements ce qui en reviendrait à devenir complice."

Contactée par TÊTU, la CGT-RATP indique avoir reçu ce matin les "militants" auteur des insultes homophobes : "On leur a rappelé que ce n'était pas une façon de faire et qu'ils pouvaient s'exposer à des plaintes de la part du chauffeur ou de la direction." Plus loin, le communiqué affirme : "Dans sa recherche d’affrontement social, le gouvernement crée les conditions de l’exaspération et pousse aux débordements dans une stratégie de tenter de discréditer le mouvement social." Au téléphone, un responsable de la section syndicale développe : "Je ne justifie ni n'excuse en rien ce type de propos. Je ne veux pas minimiser mais replacer dans le contexte : cette situation est de plus en plus explosive à mesure qu'aucune réponse du gouvernement n'est apportée."

 

Crédit photo : Twitter