Alors que le Parlement hongrois a donné lundi les quasi plein pouvoirs au gouvernement, dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, le vice-Premier ministre en a profité pour déposer un texte qui remet en cause le droit des citoyens transgenres à changer de mention de sexe à l'état civil.
En pleine dérive autoritaire, la Hongrie n'épargne pas les droits LGBT+. Comme l'a relevé Libération, le gouvernement hongrois, dirigé par l'ultraconservateur Viktor Orbán, a déposé un texte pour que le "sexe à la naissance" figure sur les documents officiels (cartes d'identité, permis de conduire etc.) des citoyens du pays, privant ainsi les personnes trans de leur réelle identité de genre. "Changer son sexe biologique est impossible", clame le mémorandum gouvernemental consultable depuis mardi 31 mars sur le site du Parlement.
We are very concerned to see Hungarian PM #Orbán table legislation outlawing legal gender recognition.
Exploiting emergency measures should not be used to bypass court decisions and permanently undermine the human rights of #trans citizens!
ðhttps://t.co/EwdSgkXsVQ pic.twitter.com/seOQD75PtW
— ILGA-Europe (@ILGAEurope) April 1, 2020
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"Nous sommes très préoccupés de voir que le Premier ministre Viktor Orbán a déposé une loi qui bannit la reconnaissance du genre des personnes, a condamné sur Twitter la branche européenne de l’Association internationale lesbienne, gay, bisexuelle, transgenre et intersexe (ILGA-Europe). Les mesures d'urgence ne devraient pas être exploitées pour outrepasser une décision de justice et saper les droits humains des citoyens trans."
"Coup d'État"
Cette volonté de remettre en cause le changement de la mention de sexe à l'état civil, droit fondamental pour les personnes transgenres, intervient dans un contexte politique tendu. Lundi 30 mars, le Parlement hongrois a voté les pleins pouvoirs, ou presque, à l'exécutif en lui accordant la possibilité de gouverner par ordonnances, dans le cadre de la crise du coronavirus. Un geste dénoncé comme un "coup d'État" par l'opposition et vivement critiqué par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
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Rien à voir, a priori, avec les droits des trans. Pourtant, le vice-Premier ministre Zsolt Semjé, membre Parti populaire démocrate-chrétien (KDNP), allié au parti d'Orbán, le Fidesz, en a profité pour déposer ce mémorandum au Parlement, le soir même de la journée internationale pour la visibilité transgenre. "Cette proposition prive les personnes trans en Hongrie de leur possibilité d’utiliser leurs documents sans peur", s'est alarmée Zsófia Szabó, de l’organisation trans Prizma Közösség, selon le magazine LGBT+ suisse 360°.
Crédit photo : European People's Party/Wikimedia Commons