EuropeDes eurodéputés intiment la Hongrie de retirer une proposition de loi transphobe

Par Timothée de Rauglaudre le 15/04/2020
Hongrie

En pleine crise du coronavirus, le gouvernement hongrois tente de remettre en cause le droit des personnes transgenres au changement d'état civil. 63 eurodéputés s'en indignent.

La Hongrie menace les droits des trans, le Parlement européen réagit. Mercredi 15 avril, 63 eurodéputés ont cosigné une lettre adressée au ministre du Bureau du Premier ministre hongrois, Gergely Gulyás, et à la ministre de la Justice, Judit Varga. « En tant que membre du Parlement européen, nous sommes gravement préoccupés à propos des événements actuels concernant l'adoption de la proposition de loi omnibus T/9934 et les amendements proposés à certaines lois ».

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En effet, fin mars, le Parlement hongrois a voté les quasi plein pouvoirs au gouvernement, dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus. Un geste dénoncé comme un « coup d’État » par l’opposition et vivement critiqué par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Profitant du contexte, le vice-Premier ministre Zsolt Semjé, membre Parti populaire démocrate-chrétien (KDNP), allié au parti d’Orbán, le Fidesz, en a profité pour déposer un mémorandum au Parlement, le soir même de la journée internationale pour la visibilité transgenre.

Pétition

Cette fameuse proposition de loi T/9934, consultable sur le site Internet du Parlement hongrois, indique dans son article 33 que le « sexe à la naissance » des citoyens doit figurer sur leurs documents officiels (cartes d’identité, permis de conduire etc.) plutôt que le mot « nem » qui désigne en hongrois à la fois le sexe et le genre. « Changer son sexe biologique est impossible », est-il écrit. « Cet amendement priverait les personnes transgenres et intersexes en Hongrie de l'accès aux procédures de reconnaissance légale du genre, affirment dans leur lettre les eurodéputés parmi lesquels on trouve les Français Nathalie Loiseau (LREM), Manuel Bompard (LFI) ou encore Marie Toussaint (EELV). Son impact sur la vie des personnes qui sont en cours de transition médicale n'est pas clair mais n'en reste pas moins inquiétant. »

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Le 7 avril, c'étaient trois groupes LGBT+ partisans (Homosexualité et socialisme, le comité Génération·s LGBTI+ et Possibile LGBTI+, un groupe italien) qui interpellaient la Commission européenne à ce propos. « Les Hongrois·es ne peuvent pas être laissé·es seul·e·s dans cette situation. Ils et elles sont les premières victimes d’un gouvernement qui nie les libertés, bafoue les règles les plus basiques de nos démocraties, et continue d’opprimer les populations LGBTI+, écrivent-ils. Nos organisations LGBTI+ politiques, les associations et les citoyen·nes savent pertinemment que les mécanismes existent dans les textes européens pour prévenir ces situations, pour les condamner lorsqu’elles ont lieu. » Cette lettre a aussi donné lieu à une pétition sur Change.org, qui a pour l'heure recueilli un peu plus de 600 signatures.

 

Crédit photo : European People's Party/Flickr