LGBTphobieUn Russe sur cinq voudrait que les gays et lesbiennes soient "éliminés"

Par Timothée de Rauglaudre le 28/04/2020
Russe

D'après une étude menée par le Centre analytique Levada, 18 % des Russes souhaiteraient que les gays et lesbiennes "disparaissent de leur réalité".

C'est une étude qui fait froid dans le dos. D'après le site NBC News, près d'un Russe sur cinq voudrait "éliminer" les personnes homosexuelles de la société. "Il y a ce sentiment d'être pris pour cible, et le fait que 18 % des gens pensent que je devrais être éliminée est atroce, s'inquiète Svetlana Zakharova, une femme ouvertement lesbienne vivant à Saint-Pétersbourg, militante au Russian LGBT Network. Ça m'a vraiment bouleversée."

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Le sondage a été mené auprès de 1.600 personnes en face à face par le Centre analytique Levada, une association indépendante dont le siège se situe à Moscou et qui tire son nom de Iouri Levada, le tout premier professeur russe de sociologie - une discipline à l'époque considérée comme bourgeoise et donc interdite par le régime soviétique. 32 % des répondants souhaitent "isoler" les gays et les lesbiennes de la société, et 9 % les "aider".

"Pas nécessairement les tuer"

Ekaterina Kochergina, une des auteurs de l'étude, a précisé à NBC News que l'usage du mot "éliminer" signifiait "faire disparaître quelque chose de sa réalité" et non procéder nécessairement à une élimination physique : "De nombreuses personnes en Russie aimeraient que les gays n'existent pas. Pas nécessairement les tuer mais avoir une société où ils n'existent pas en tant que phénomène."

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L'activiste Svetlana Zakharova s'inquiète du fait qu'une telle étude puisse accroître la haine dans un pays où le "niveau de violence et de haine" envers les personnes LGBT+ mais aussi d'autres groupes est déjà "très haut". Elle craint que le terme "éliminer" comme réponse possible puisse encourager des "groupes qui sont très actifs, très agressifs et très visibles, et qui se sentent soutenus par le gouvernement". La Russie s'est en effet distinguée pour avoir adopté en 2013 une législation désormais connue comme "loi contre la propagande gay".

 

Crédit photo : Peter Gray/Wikimedia Commons