SantéL'Inter-LGBT appelle à aller plus loin dans l'ouverture du don du sang

Par Timothée de Rauglaudre le 30/04/2020
sang

Depuis début avril, les hommes gays et bis peuvent donner leur sang après 4 mois d'abstinence. L'Inter-LGBT appelle à aller plus loin et dénonce des discriminations persistantes.

En plein confinement, l'information est un peu passée sous les radars. Depuis le 2 avril dernier, conformément à l'arrêté du 17 décembre 2019 fixant les critères de sélection des donneurs de sang, les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) peuvent désormais donner leur sang au terme de 4 mois d'abstinence sexuelle, contre 12 mois auparavant. Dans un communiqué daté du 30 avril, l'Inter-LGBT "prend acte" de cette avancée qui n'est "qu'une étape vers une égalité totale".

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Comme le rappelle la fédération d'une soixantaine d'associations, ce dernier changement législatif est intervenu sous l'impulsion de l'ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn, après les résultats de l'étude Complidon réalisée par Santé publique France, "qui indiquait que les comportements sexuels des HSH donneurs ne respectant pas ce délai d’abstinence étaient déjà majoritairement effectués dans un délai de 4 mois avant le don, sans que le taux de poches contaminées par des IST n’ait augmenté, en particulier du VIH et de l’hépatite C, auquel s’ajoutait un calcul du risque résiduel d’un abaissement à 4 mois ne montrant  aucun surrisque".

Sérophobie

L'Inter-LGBT rappelle dans son communiqué qu'une discrimination demeure actuellement envers les HSH, puisque ceux qui n'ont eu qu'un partenaire masculin doivent toujours attendre 4 mois, alors que les hommes qui sont eu qu'une partenaire féminine peuvent donner leur sang n'importe quand - tout en respectant le délai de 8 semaines entre deux dons du sang. Les femmes ayant eu des rapports avec des hommes bisexuels sont elles aussi atteintes par ce décalage.

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Quant au don du sang des personnes transgenres, la structure qui organise d'habitude la Marche des fiertés, membre du Comité de suivi de l’arrêté des donneurs, se dit "inquiète" de ne pas avoir "obtenu de réponses claires à ce sujet lors de la dernière réunion" concernant les critères retenus et les questions à remplir dans le formulaire que doivent signer les donneurs. De même, le fait d'imposer une année entière d'abstinence aux partenaires séropositifs indétectables, malgré le message scientifique "indétectable = intransmissible", est dénoncé comme une mesure "discriminatoire et sérophobe". "Dans cette période de pandémie, il est d’autant plus important que les personnes continuent à donner leur sang, or nous nous trouvons toujours face à une exclusion d’une partie de la population", écrit l'Inter-LGBT.

 

Crédit photo : Vegasjon/Wikimedia Commons