Moine bouddhiste et make-up artist, ce jeune Japonais parvient à concilier sa religion avec son identité queer.
Pour beaucoup, être moine bouddhiste et pro du maquillage sont deux données inconciliables. Kodo Nishimura est là pour prouver le contraire. À 31 ans, ce résident japonais maîtrise aussi bien ses prières que l'art du contouring. "Remettre en question ma propre identité m'a aidé à comprendre la douleur de nombreuses personnes, explique-t-il dans une interview pour le média nippon NHK. La liberté d'être soi-même et la compréhension de l'autre sont les clés d'une vie heureuse. Je veux que les gens autour du monde restent sincères envers eux-mêmes et se souviennent que tout le monde est égal".
Découverte de soi
Kodo Nishimura se rappelle d'une enfance loin des carcans hétéronormés, jouant avec les vêtements de sa mère et adorant les princesses Disney. Advient le moment où l'un de ses camarades de classe le qualifie de gay. "J'étais figé, comme en état de choc, évoque-t-il. Mon cœur était en miettes. Je ne savais plus comment me comporter en classe à partir de ce moment-là. Je n'avais aucun ami".
Diplôme en poche, Kodo Nishimura s'envole pour les États-Unis, intégrant la prestigieuse Parsons School of Design. C'est là-bas qu'il s'initie au maquillage et se découvre un talent presque inné pour la chose. Il collabore avec des magazines comme Nylon et travaille même sur d'énormes événements tels que la compétition Miss Univers. Puis, à 24 ans, il décide de rentrer au bercail. C'est là qu'il commence à se pencher sur une vocation tout autre que le make-up. "J'étais inspiré par mon éducation et je voulais comprendre ce qu'était être moine et si c'était convenable pour moi", détaille-t-il à T Singapore.
Un entraînement rigoureux
Pendant deux années consécutives, il suit une formation très stricte. Kodo Nishimura apprend les doctrines bouddhistes, adopte un régime alimentaire végétarien et passe pas moins de cinq séjours de trois semaines dans des lieux reculés, coupé de toute forme de technologie. Il devient officiellement moine en 2015 et travaille ainsi aux côtés de son père, lui-même moine. Aujourd'hui, sa carrière monacale épouse parfaitement son métier de make-up artist. Mais surtout, il assume ouvertement son homosexualité.
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"Au début, je ne savais pas si ces professions étaient en contradiction mais j'ai le soutien des savants bouddhistes et des moines, reconnaît Kodo Yishimura. […] Être un make-up artist peut être opposition avec certains enseignements, mais les règles ont changé en même temps que la vie des moines qui ont évolué pour coexister avec les temps qui changent. La chose la plus importante pour moi, c'est d'être heureux et de partager mon bonheur. Tant que je fais ce qui me semble juste, avec la connaissance de mes mentors et la mienne, je pense que je réponds aux enseignements fondamentaux du bouddhisme : vivre heureux en harmonie avec les autres". Inspirant – et pour les plus curieux, son TED Talk l'est tout autant.
Crédit photo : Masaki Sato / Kodo Nishimura via Instagram