Xavier Bertrand s'est déclaré candidat à l'élection présidentielle. Le proche de la Manif pour tous a varié sur les sujets LGBTQI+, refusant un temps le mariage pour tous, l'adoption par les couples de même sexe, la PMA pour toutes et la GPA.
Il avait dit que sa candidature était conditionnée à une victoire aux régionales. Il n'aura finalement pas attendu cette échéance pour sortir du bois. Dans une interview accordée à l'hebdomadaire Le Point, l'ancien ministre de la Santé et président des Hauts-de-France Xavier Bertrand - qui avait quitté Les Républicains suite à la victoire de Laurent Wauquiez à la présidence du parti - s'est déclaré candidat à l'élection présidentielle. Sur une ligne de "droite sociale et populaire", il s'est dit "totalement déterminé". Mais la position du désormais candidat Xavier Bertrand, ex-soutien de la Manif pour Tous, sur les droits des LGBT+ est, depuis quelque temps, difficilement lisible.
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En 2013, sur LCP, alors maire de Saint-Quentin, Xavier Bertrand expliquait qu'il se déporterait vers ses adjoints pour célébrer des mariages de couples de même sexe. "Je ne suis pas favorable non plus au mariage homosexuel (sic) car, ensuite, se pose précisément la question de la filiation ou de l'adoption par les couples homosexuels. J'estime qu'il est important de poser des repères", disait-il à La Croix en 2009.
Dans le défilé de la #Manifpourtous, je dis non à la PMA, à la GPA et à la loi Taubira.
— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) October 5, 2014
"L'abrogation" de la loi Taubira
Puis, dans un entretien au mensuel d'extrême droite Valeurs Actuelles, il plaidait en 2014 pour "l'abrogation" de la loi sur le mariage pour tous. "Je ne me résous pas à voir les règles de la filiation bouleversées à ce point. Je suis contre l’adoption, la PMA et bien sûr la GPA. Sur ces questions-là, je n’ai pas peur d’utiliser le terme 'abroger', mais je précise aussitôt qu’il ne s’agit pas de revenir à la situation antérieure ni de 'démarier' les personnes concernées ou de 'désadopter' les enfants adoptés entre la promulgation de la loi Taubira et son abrogation", déclarait-il alors avant de dire qu'il participera à un rassemblement de la Manif pour tous.
La PMA ? "Pas une priorité"
Ça, c'était en 2014. En 2019 sur France 2, alors qu'il est interrogé sur la PMA pour toutes, Xavier Bertrand déclare être "pour, si on ne va pas vers la GPA". Un soutien qu'il a du mal à assumer un an plus tard. Sur le plateau de Dimanche en Politique, il évite de se prononcer explicitement pour ou contre la mesure. Il avance que "la PMA n'est pas une priorité" face à la crise du coronavirus. Il oublie au passage que ce sont les sénateurs de droites qui ont ralenti le calendrier parlementaire.
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"Ce n'est pas parce qu'il y a un sens de la modernité qu'on doit s'y précipiter sans voir quelles sont nos valeurs. Je refuse la question de la marchandisation des corps", ajoute-t-il à propos de la GPA. Contacté par TÊTU, l'entourage de Xavier Bertrand indique que "XB ne s’exprimera pas sur les sujets de société aujourd’hui".
Les militants déçus
Si le président de la région Hauts-de-France a louvoyé sur ses positions concernant les sujets LGBTQI+, les militants ne s'y trompent pas. "Xavier Bertrand sait que la partie sera compliquée dans les Hauts-de-France où il a en face de lui côté Rassemblement national, Sébastien Chenu, ouvertement gay. Marine Le Pen compte de nombreux élus gay dans les Hauts-de-France. Xavier Bertrand fait un geste auprès de l'électorat LGBTQI+, mais ce n'est que de la poudre de perlimpinpin. Il dit qu'il ne reviendra pas sur le mariage. Mais il ne faut pas attendre de lui qu'il fasse évoluer les droits LGBTQI+ ou même qu'il lutte simplement contre les discriminations", souffle Romain Hequet, président de Fierté Pas-de-Calais.
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Lorsqu'il est arrivé aux manettes de la région en 2016, Xavier Bertrand a notamment supprimé la subvention (de l'ordre de 100.000 euros) pour la Fierté Lille Pride, qui organise la marche annuelle. "Les conditions pour obtenir une subvention ont changées. Nous avons fait notre dossier, mais rien ne nous a été attribué. Ni en 2016, ni les années suivantes", regrette Frank Danvers, le président de l'association. "Depuis qu'il est à la tête de la région, jamais Xavier Bertrand ne s'est intéressé aux questions LGBTQI+, on ne l'a jamais rencontré officiellement. Pourtant, j'aurais bien aimé le sensibiliser sur ces sujets", regrette le militant.
Crédit photo : Capture d'écran / France 3