LGBTphobiePiège homophobe à Drancy : quatre ans de prison pour l'un des agresseurs

Par Nicolas Scheffer le 11/05/2021
piège homophobe

En Seine-Saint-Denis, l'homme a été condamné pour "violences homophobes en réunion", après avoir tendu un guet-apens à un jeune gay sur une appli de rencontre.

Les faits avaient été qualifiés de "tentative de meurtre" avant d'être requalifiés en "violences homophobes". Les juges du tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) ont condamné ce lundi 10 mai un homme à quatre ans de détention après un guet-apens homophobe à Drancy en 2019. Deux autres prévenus dans cette affaire, mineurs, n'ont pas encore été jugés.

Dans la nuit du 4 au 5 mars 2019, trois jeunes hommes s'en sont pris à Kevin, 32 ans, qui avait été piégé en convenant d'un rendez-vous avec l'un des agresseurs via une application de rencontre. Arrivé sur place, ce sont trois hommes qui se sont présentés à la sortie de sa voiture. Ils l'ont frappé et lui ont donné un coup de couteau dans le ventre. Profondément marqué, le jeune homme a reçu 30 jours d'Interruption temporaire de travail (ITT). "J'ai de grosses difficultés à respirer. Le couteau a perforé mon poumon", avait-il témoigné auprès du Parisien.

À LIRE AUSSI : Hoshi + Vanessa Paradis, découvrez le film de TÊTU et France Télé contre les LGBTphobies

"L'alarme de ma voiture m'a sauvé la vie"

"À peine sorti de ma voiture, j'ai vu trois jeunes se ruer sur moi. L'un d'entre eux m'a montré un couteau, avait relaté la victime. J'ai paniqué, je les ai poussés, j'ai couru pour leur échapper. Ils m'ont rattrapé, m'ont fait tomber. Ils m'ont roué de coups. Au ventre, aux jambes, partout. J'ai eu une oreille ouverte. J'ai eu le réflexe de me rouler en boule, pour me protéger le visage. Et j'ai reçu un coup de couteau".

À LIRE AUSSI : À Versailles, un jeune homme victime d’une agression homophobe en pleine nuit

Kévin explique avoir réussi à déclencher l'alarme de sa voiture, ce qui a fait fuir les agresseurs : "C'est ce qui m'a sauvé la vie". Alors qu'il avait 500 euros dans son portefeuille, les assaillants n'ont pas demandé d'argent. "Ils m'ont laissé alors que je me vidais de mon sang. À un quart d'heure près, selon les médecins, j'y restais."

"La violence homophobe n’est pas une fatalité"

Deux ans après les faits, deux agresseurs âgés de 15 et 16 ans au moment des faits doivent encore être jugés par le tribunal pour enfants. C'est le troisième, déjà majeur à l'époque, qui a écopé de quatre ans de prison dont 16 mois avec sursis. Il a déjà purgé 20 mois de détention provisoire.

Dans un premier temps, le prévenu était mis en examen pour "tentative de meurtre en raison de l'orientation sexuelle, vol avec arme et association de malfaiteurs". Mais les faits ont été requalifiés en "violences homophobes en réunion avec usage d'une arme". "Il est temps que les agressions homophobes s’arrêtent. La violence homophobe n’est pas une fatalité", regrette Étienne Deshoulières, avocat des associations Mousse, Stop Homophobie et Adheos, constituées parties civiles.

Pour ne pas subir le même sort que Kevin, SOS homophobie recommande, après une rencontre sur Grindr ou autres réseaux de l'amour, de donner rendez-vous à son "date" dans un lieu public fréquenté. L'association rappelle que les agressions ont le plus souvent lieu au sein du domicile avec l'aide d'un·e complice. SOS conseille également de discuter quelques minutes au téléphone en amont de la rencontre, et de ne pas donner directement son adresse. Enfin, l'association encourage à avertir un·e proche avant de rencontrer la personne.

À LIRE AUSSI : Après une agression à caractère homophobe, Stéphane témoigne du climat hostile dans son village

Crédit photo : Capture d'écran Konbini