TRIBUNE. Pour la journée du 17 mai contre l'homophobie, des élu·e·s de la France insoumise dénoncent derrière Clémentine Autain les hypocrisies de certains candidats aux régionales.
Les enquêtes d’opinion montrent que depuis l’adoption du mariage pour tous, l’acceptation de l’homosexualité a progressé en France. Les Français sont aujourd’hui une majorité à penser qu’une famille homoparentale est une famille à part entière. Ils sont aussi majoritairement favorables à la PMA pour les femmes lesbiennes.
En apparence, les discours favorables aux droits des personnes LGBTI semblent aussi progresser dans le champ politique. Rares sont les hommes et les femmes politiques qui proposent dorénavant ouvertement de « démarier » les couples homosexuels, comme ce fut le cas en 2013. À l’approche des élections régionales, ils cherchent au contraire aujourd’hui à faire oublier leurs positionnements passés : les soupçons de caviardage des pages Wikipedia de Valérie Pécresse ou d’Isabelle Le Callennec, ont récemment fait polémique.
Le soutien affiché aux personnes LGBTI est aujourd’hui un passage presque obligé. Cependant, comme en 2012 la Manif pour Tous essayait de cacher son homophobie, les déclarations n’enlèvent rien à la réalité des faits. En Île-de-France, par exemple, la même Valérie Pécresse ne prétend plus démarier les homosexuels, mais nomme à la tête de sa commission famille une militante anti-mariage pour tous. Elle affiche sur le site de sa région les subventions versées pour la lutte contre les discriminations, mais celle du CRIPS (Centre d’Information et de prévention du sida) a baissé en 2019. En Auverne-Rhônes Alpes, Laurent Wauquiez dénonce les zones anti-LGBT des villes polonaises jumelées à sa région, mais coupe les maigres subventions des associations.
Il en va de même à LREM. Les lectures successives de la loi Bioéthique à l’Assemblée nationale ont permis au gouvernement de bénéficier tous les 6 mois de grands titres de presse « l’Assemblée vote l’ouverture de la PMA aux femmes lesbiennes », alors qu’elle n’a toujours pas été adoptée définitivement. Elle devait être initialement discutée en 2018, puis « avant l’été 2019 ».
Mais la PMA, promise depuis 2012, n’arrive pas, et des milliers des femmes attendent et voient leurs projets familiaux s’évanouir. Le gouvernement, si prompt à dénoncer ceux qui « catégorisent » parce qu’ils osent parler des discriminations, défend par ailleurs la version la plus restrictive de cette loi : excluant explicitement les personnes trans, sans mode de filiation universelle, sans nouveaux droits pour les personnes intersexes, en s’opposant, souvent de manière très violente pour les personnes concernées, à tous les amendements déposés sur ces thèmes par les députés insoumis. Encore la semaine dernière, la ministre Elisabeth Moreno s’opposait à l’adoption d’une nouvelle loi contre les thérapie de conversion, dont un rapport parlementaire, mené par Laurence Vanceneubrock (LREM) et Bastien Lachaud (LFI), a pourtant montré la nécessité.
Cette opposition frontale à la création de nouveaux droits n’empêche pas le groupe macroniste parisien de vouloir déclarer Paris « Zone de liberté LGBTQI ». Les personnes LGBTI ne sont heureusement pas dupes, en témoignent les réactions sur les réseaux sociaux. Elles sont cependant malgré elles les instruments d’un pinkwashing cynique, dernier vernis progressiste d’un gouvernement ayant tout cédé à la droite et à l’extrême droite.
Les droits des personnes LBGTI ne progressent plus en France, ils sont même en recul.
Les personnes LGBTI font pourtant face à des problèmes réels qui nécessitent autre chose que des mesures symboliques. La crise sanitaire du COVID-19 a aggravé la précarité déjà plus importante que dans le reste de la population. Les discriminations à l'emploi, au logement, encore persistantes selon les études, perdurent. Les solidarités familiales parfois brisées par l’homophobie ou la transphobie, couplé à la fermeture des universités et des lieux de sociabilité, ont plongé certains jeunes dans l’isolement le plus total. Bien que permises par la loi, les adoptions par des couples homosexuels ne sont qu’une vue de l’esprit du fait des discriminations. Alors qu’un discours transphobe se développe de plus en plus dans les milieux réactionnaires, notamment autour des questions d’éducation, toujours aucune recommandation officielle n’existe dans l’Éducation nationale. La situation des personnes atteintes du VIH se dégrade. Les violences LGBTIphobes augmentent, comme en témoigne le rapport publié hier par SOS Homophobie, et ne sont toujours pas prises en charge correctement par la police. La liste est encore longue : les droits des personnes LBGTI ne progressent plus en France, ils sont même en recul.
Les élections régionales et départementales auront lieu juste après le mois des fiertés qui débute. Les régions ont les compétences en matière de formation pour lutter contre les discriminations face à l’emploi ou l’accès aux soins. Elles ont un rôle moteur dans les politiques de prévention pour la santé des personnes LGBTI : en plus de soutenir le développement de la PrEP, il est urgent de proposer enfin des approches prenant en compte les lesbiennes et les personnes trans, complètement oubliées aujourd’hui. Il faut ouvrir des centres d’accueil pour les victimes de violences LGBTIphobes, qui au-delà de la prise en charge judiciaire défaillante, ont souvent besoin d’être accompagnées psychologiquement. Il faut combattre les logiques d’austérité qui mènent aux baisses de financement des associations. La lutte pour l’égalité est, de la même manière, incompatible avec la destruction du système de santé, du logement social et des services publics.
Si les élus régionaux et départementaux devront toujours composer avec la politique du gouvernement, ces prochaines échéances sont l’occasion de choisir des conseillers et des conseillères qui regardent en face ces besoins. Pour mener sérieusement des politiques d’égalité, quelques déclarations au parfum d’arc-en-ciel ne suffisent pas.
Clémentine Autain, députée, tête de liste “Pouvoir vivre en Île-de-France”
Paul Vannier, co-chef de file insoumis “Pouvoir vivre en Île-de-France”
Jill-Maud Royer, militante LGBTI, candidate “Pouvoir vivre en Île-de-France”
Clémence Guetté, tête de liste “On est là” en Nouvelle-Aquitaine
Magali Romaggi, co-cheffe de file insoumise “Ensemble pour notre région” en Auvergne Rhônes-Alpes
Pierre Yves Cadalen, tête de liste Bretagne Insoumise
Séverine Véziès, tête de liste “Le Temps des Cerises” en Bourgogne-Franche-Comté
Arnaud Guvenatam, co-chef de file insoumis en Bourgogne-Franche-Comté
Manuel Bompard, co-chef de file insoumis “Occitanie Populaire” en Occitanie
Myriam Martin, tête de liste “Occitanie Populaire” en Occitanie
Aymeric Compain, co-chef de file insoumis pour un “Nouveau Souffle Ecologiste et Solidaire” en Centre-Val de Loire
Karin Fischer, co-cheffe de file insoumise pour un “Nouveau Souffle Ecologiste et Solidaire” en Centre Val de Loire
Maxime Da Silva, co-chef de file insoumis du rassemblement de la gauche combative, républicaine et écologiste en Normandie
Sandrine Bataille, co-cheffe de file insoumise en Pays de la Loire
Emma Salley, co-cheffe de file insoumise du rassemblement de la gauche combative, républicaine et écologiste en Normandie
Jean Marie Brohm, co-chef de file insoumis de “L’Appel inédit pour le Grand Est”
Evelyne Becker, co-cheffe de file insoumise dans les Hauts-de-France