harcèlement"Qui a tué Dinah Gonthier ?" : la complainte déchirante de François Morel sur Inter

Par Nicolas Scheffer le 05/11/2021
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Dans un billet sensible et politique, François Morel interroge les responsabilités collectives dans le suicide de Dinah Gonthier, la jeune fille de 14 ans qui s'est donné la mort en Alsace après avoir été harcelée par ses camarades parce qu'elle était lesbienne.

"Qui a tué Dinah Gonthier et pourquoi elle est morte ?". Dans son billet sur France Inter ce vendredi 5 novembre, François Morel a repris comme un mantra bouleversant cette question lancinante sur le suicide à Kingersheim (Alsace), début octobre, de l'adolescente de 14 ans qui subissait un harcèlement scolaire homophobe et raciste. Posant la question des responsabilités collectives dans ce drame, non pour se venger mais pour qu'il ne se reproduise plus.

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"Qui a tué Dinah Gonthier et pourquoi est-elle morte ?"

Sur l'air de "Qui a tué Davy Moore ? Qui est responsable et pourquoi est-il mort ?", le chroniqueur reproche à chacun de se dédouaner. "C’est pas nous, disent ses harceleurs, ses harceleuses, bien sûr, on la chambrait, bien sûr on la traitait de tous les noms, oui de sale gouine depuis qu’elle avait fait l’erreur de s’être confié à l’une d’entre nous, mais ici, personne ne se fait de cadeaux...", relève-t-il à propos des ados qui ont participé au harcèlement de leur camarade.

La musique reprend. "Qui a tué Dinah Gonthier ?". "C’est pas nous, dit l’administration du lycée, le proviseur, les professeurs, les assistantes sociales, la violence, elle est partout, qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse. (…) Vous ne savez pas ce qu’on doit supporter au quotidien, c’est trop facile de se retourner contre nous, c’est pas nous qui l’avons tuée, vous ne pouvez pas nous accuser…", poursuit François Morel sur la rengaine de Graeme Allwright.

Si ce ne sont pas ses harceleurs, ni l'administration scolaire, alors "qui a tué Dinah Gonthier et pourquoi est-elle morte ?". "C'est pas nous disent les réseaux sociaux, reprend le comédien. Nous on n'est qu’un support, vous ne pouvez pas accuser le support d’être responsable des appels au meurtre comme vous ne pouvez pas accuser la feuille de papier d’être responsable de l’ignominie d’une lettre anonyme, ce n’est pas nous qui l’avons tuée, vous ne pouvez pas nous accuser…".

"C'est pas nous"

Alors… les politiciens ? "C'est pas nous !, entonne à nouveau le chroniqueur. Nous on fait notre métier, vous savez ce que c'est, la haine est quand même plus porteuse que l'amour, l'amitié, la tendresse. (...) Si on veut faire un score aux prochaine élections, on n'a pas le choix, on doit attiser la haine, sinon on risque de ne même pas être remboursé de notre campagne, faut se mettre à notre place… C'est pas nous qui l'avons tuée, vous ne pouvez pas nous accuser...".

Alors, qui a tué Dinah Gonthier ? La société doit faire sienne cette question, et mettre un miroir devant celles et ceux qui harcèlent et celles et ceux qui les regardent passivement, devant l'administration scolaire qui faillit encore à lutter efficacement contre le harcèlement des élèves, devant les réseaux sociaux qui laissent se déverser les haines, devant les responsables politiques qui n'ont pas su prendre à bras le corps ces phénomènes. Devant nous tous et toutes. Un billet à réécouter sur le site de France Inter.

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Crédit photo : Capture d'écran / France 3 Grand Est