élection présidentielle"Thérapies de conversion" et transidentité : la confusion mensongère de Valérie Pécresse

Par Nicolas Scheffer le 13/12/2021
Valérie Pécresse est la candidate LR à l'élection présidentielle 2022

La candidate de la droite à l'élection présidentielle de 2022 assure qu'elle est favorable à l'interdiction des "thérapies de conversion", mais Valérie Pécresse défend les sénateurs qui ont voté contre au Sénat… balançant au passage une fake news au sujet de la prise en charge des mineurs trans.

À une grande majorité, le mardi 7 décembre, les sénateurs ont voté l'interdiction des "thérapies de conversion" prétendant "guérir" les jeunes homos. Bien que la chambre haute soit dominée par la droite, les parlementaires ont finalement été 305 à voter en faveur du texte, 28 contre. Interrogée sur le sujet ce dimanche 12 décembre, Valérie Pécresse a soufflé le chaud et le froid, déclarant en même temps qu'elle aurait fait partie des 28 opposants au texte tout en se positionnant contre lesdites "thérapies", avant de faire diversion par une contre-vérité concernant les processus de transition sexuelle en France. Décryptage.

Des proches de Pécresse ont voté contre l'interdiction

"J'ai pris position pour, et très clairement pour, l'interdiction des 'thérapies de conversion'", commence la candidate Les Républicains (LR) à la présidentielle sur le plateau de Dimanche en politique sur France 3. Ces "thérapies de conversion" se "traduisent par des drames, des drames humains", souligne-t-elle à juste titre. Après avoir participé à l'opposition au mariage pour tous puis aux réunions publiques du mouvement Sens Commun issu de la Manif pour tous, voici donc la nouvelle Valérie Pécresse, qui prend les traits d'une alliée des droits des personnes LGBTQI+.

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Mais attention, la candidate se lance ensuite dans une pirouette réalisée par une professionnelle, qu'il ne faudrait pas reproduire chez soi puisque, tout en soutenant l'interdiction des "thérapies de conversion", elle défend aussi les 28 sénateurs qui se sont opposés au texte (vous pouvez en retrouver la liste ici). "Toutes les personnalités qui me soutiennent aujourd'hui sont contre [les 'thérapies de conversion', ndlr]", assure-t-elle alors que, par exemple, le sénateur de Vendée Bruno Retailleau, qui n'était pas présent dans l'hémicycle et n'a pas participé aux débats, a délégué son vote contre l'intégralité du texte.

Comment justifier cette contradiction ? "Le texte comportait beaucoup d'articles", plaide Valérie Pécresse – quatre articles en réalité – avant d'ajouter : "Les sénateurs Les Républicains ont fait une demande au gouvernement, cette demande, je la relaie : qu'on interdise les opérations avec des conséquences irréversibles de changement de sexe sur les moins de 18 ans". Sauf qu'en plus d'être hors-sujet, l'argument, souvent utilisé par la Manif pour tous, Éric Zemmour et consorts dans leur bataille contre "l'idéologie LGBT", est également mensonger.

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Chirurgie génitale des mineurs trans : une fake news

Car, disons-le tout net, ces opérations brandies par Valérie Pécresse, de nature à susciter l'indignation des parents qui votent… n'existent pas. Aucune opération de chirurgie génitale n'est en effet pratiquée sur les enfants transgenres (contrairement aux opérations toujours imposées aux enfants intersexes malgré les demandes répétées d'interdiction des associations concernées). "Les chirurgies génitales ne doivent pas être effectuées avant que les patients n’aient atteint la majorité légale du pays nécessaire pour donner leur consentement pour des actes médicaux dans un pays donné", précisent d'ailleurs les recommandations "Standards de Soins pour la santé des personnes transsexuelles, transgenres et de genre non-conforme" qui guident l'action des équipes médicales.

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Seul un traitement hormonal peut être donné, pendant la puberté et non avant, avec l'accord des parents et d'une équipe médicale pluridisciplinaire, pour bloquer les effets de la puberté et ce, de manière réversible. "Un jeune en pleine crise d’adolescence ne pourrait donc s’engager dans un parcours de transition, même s’il trouvait un médecin très complaisant, sans avoir l’accord de ses deux parents", rappelait d'ailleurs au Sénat Dominique Vérien, rapporteuse (centriste) du texte sur les "thérapies de conversion", soulignant au passage que les deux sujets n'ont rien à voir. "L'adolescence, c'est un moment où on est en questionnement sur soi-même. Je ne veux aucune opération irréversible de changement de sexe", martèle Valérie Pécresse. Qu'elle soit rassurée : cela n'existe pas. Mais ne le sait-elle pas déjà ?

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Crédit photo : Capture d'écran @vpecresse/Instagram