[Entretien] La communauté LGBTQI+ en Ukraine est menacée par l'homophobie de Vladimir Poutine mais aussi, en interne, par une justice devenue inexistante sur le territoire en guerre.
Le 24 février, le leader de l'internationale homophobe a utilisé son armée pour envahir l'Ukraine. Deux mois plus tard, alors que l'armée russe avance dans le Donbass, dans l'est du pays, la communauté LGBTQI+ est en proie à une double menace. Celle de Vladimir Poutine qui fait de "l'idéologie LGBT" son cheval de bataille depuis 2013 mais aussi, à l'intérieur du pays envahi, celle de conservateurs ukrainiens dont les agressions restent sans réponse pénale, faute de pouvoir faire fonctionner le système judiciaire. Anna Leonova, directrice de Gay Alliance Ukraine, fait le point depuis Kiev pour têtu·.
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Peux-tu résumer la situation des personnes LGBTQI+ en Ukraine avant l'invasion russe ?
Anna Leonova : Depuis les années 2000, l'Ukraine est sous pression du modèle russe, notamment vis-à-vis de l'homosexualité. Mais de plus en plus, la société civile arrivait à faire reculer l'homophobie d'État. Ces dix dernières années, l'homophobie est devenue de moins en moins acceptable : les discours politiques homophobes sont critiqués, la présentation de l'homosexualité dans les médias a beaucoup évolué, et un média qui parle d'homosexualité n'est plus nécessairement marginal. Certains actes homophobes sont devenus inacceptables. ...