À l'été 2019, l'agresseur avait violé et passé à tabac, avec un complice qui n'a pu être retrouvé, un jeune homme gay à la sortie d'un bar du Marais à Paris.
L'agression était d'une "extrême violence", résume Me Louise Dumont Saint-Priest, l'avocate de Charles (prénom modifié), jointe par têtu·. L'agresseur de son client, Anton, âgé de 21 ans, a été condamné ce mardi 19 avril par la cour d'assise de Paris à 13 ans de réclusion criminelle pour viol aggravé puisque commis en raison de l'orientation sexuelle de la victime, violences homophobes et escroquerie en récidive. Un verdict "sévère mais mérité", salue l'avocate.
Un soir d'août 2019, alors que Charles, la vingtaine, sort vers 4 heures du matin d'un bar du Marais dans le centre de Paris, il est accosté par Anton et un autre homme – appelé Mehdi à l'audience mais qui n'a pas été retrouvé –, rapporte l'AFP dans une dépêche reproduite par Le Figaro. Mehdi et Anton proposent à Charles d'aller boire un dernier verre, puis l'entraînent dans le garage à vélos d'un immeuble. C'est là que les deux hommes l'agressent, l'insultent de "sale pédé" en le frappant au visage et au ventre. Alors que Mehdi a pris la fuite, Charles est ensuite violé par Anton, qui part en le laissant évanoui avec sa montre et sa carte bleue qu'il utilisera pour effectuer des achats. Des violences qui ont évidemment valu à la victime une évaluation d'incapacité totale de travail (ITT) supérieure à huit jours.
L'agresseur chassait des gays dans le Marais
Au cours de l'enquête, Charles a témoigné avoir été questionné par ses agresseurs sur son orientation sexuelle et leur avoir déclaré qu'il était homosexuel. Quant à son agresseur, il a assumé son homophobie, reconnaissant "passer" de temps à autre dans le Marais, quartier gay de la capitale, pour s'"embrouiller avec des homosexuels et (leur) mettre une petite (sic) correction", affirmant : "Je n'aime pas les homos".
Concernant les faits, l'agresseur nie en revanche le viol et assure regretter les violences et les vols. Des déclarations "évolutives, floues et peu cohérentes", remarque l'enquête. À l'inverse, celles de la victime sont "constantes" et corroborées par des expertises et constatations médicales. "Mon client a vécu l'enfer ce soir-là. Il n'a pas compris pourquoi il a concentré sur lui toute cette haine", fait valoir l'avocate de la partie civile.
Le passé d'Anton est chaotique : placé à l'âge de 12 ans après des violences commises par son père, le jeune homme avait déjà été condamné en 2019 par le tribunal pour enfants à 10 mois d'emprisonnement pour un vol avec violences. "Ce parcours tumultueux montre un manque évident d'éducation, de repère", relève Me Dumont Saint-Priest.
Ce jugement fait suite à une décision de la cour d'appel de Paris qualifiée d'"historique" l'année dernière. Pour la première fois, la justice reconnaissait le caractère lesbophobe d'un viol. L'agresseur d'une femme lesbienne avait alors été condamné à 14 ans de réclusion pour viol en raison de l'orientation sexuelle. En première instance, la circonstance aggravante de la lesbophobie n'avait pas été retenue.
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