variole du singeMonkeypox : le gouvernement préconise le vaccin pour les gays et bi multipartenaires

Par Nicolas Scheffer le 30/06/2022
Variole du singe/monkeypox : l'OMS lève l'urgence de santé internationale

[INFO têtu·] La direction générale de la santé va demander l'autorisation à la haute autorité de santé d'étendre la vaccination contre la variole du singe, aujourd'hui réservée aux cas contacts, aux hommes gays et bi ayant plusieurs partenaires sexuels.

[Mise à jour, vendredi 8 juillet : la Haute autorité de santé (HAS) a validé les préconisations du gouvernement, ouvrant la vaccination aux hommes gays et bi multipartenaires, ainsi qu'aux personnes trans multipartenaires et aux travailleur·es du sexe.]

"Les connaissances sur la variole du singe évoluent", indique à têtu· une source haut placée à la direction générale de la santé (DGS). Alors que le nombre de cas de monkeypox augmente de semaine en semaine, touchant principalement des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), la DGS va, selon nos informations, demander à la Haute autorité de santé (HAS) l'autorisation d'ouvrir la vaccination contre la variole du singe, aujourd'hui réservée aux cas contacts, pour les populations à risque, précisément les hommes gays et bi multipartenaires. "La demande devrait être faite aujourd'hui ou demain", nous précise la même source.

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"À la Pitié-Salpétrière, l'écrasante majorité des patients atteints d'une variole du singe sont multipartenaires et la plupart sont sous PrEP ou bien porteurs du VIH", explique à têtu· Yanis Tamzali, infectiologue dans cet hôpital parisien où plus de 150 patients ont été diagnostiqués. D'où le ciblage de cette population pour l'accès au vaccin.

Variole du singe et vaccin

Au 28 juin, dernier bilan en date de Santé publique France, 440 cas étaient recensés, dont 312 en Île-de-France. Aucun décès n'est à déplorer et le taux d'hospitalisation est faible. "Les symptômes sont plus discrets que ce que l'on pensait : chez certaines personnes, la variole se présente comme une pharyngite ou une rectite (inflammation de la muqueuse anale, ndlr) sans boutons", explique un médecin de la DGS. Le plus souvent, une fièvre survient durant un à trois jours, ainsi que des maux de tête, des douleurs musculaires et au dos. Des éruptions cutanées et des pustules peuvent en outree apparaître sur corps. Les malades doivent respecter un isolement – parfois difficile à vivre – de trois semaines.

L'avis de la HAS sur la préconisation du ministère de la Santé devrait être rendu d'ici au 14 juillet. La vaccination pourrait alors commencer, notamment à Paris, par exemple dans des centres de santé sexuelle où seraient diffusées la majorité des doses. En revanche, le niveau du stock disponible de vaccins – un vaccin de 3e génération contre la variole – n'est pas communiqué et nous ne connaissons pas encore précisément son efficacité. "On sait que la vaccination diminue le risque de contracter la maladie, mais on n'a pas encore de données suffisantes pour savoir précisément avec quel degré d'efficacité", détaille le Dr Tamzali.

Aucun décès à déplorer

"À cette l'heure, nous n'avons pas eu de patient dont le pronostic vital ait été engagé par la maladie. Certaines lésions sont très douloureuses et nécessitent des antalgiques puissants comme de la morphine. On voit aussi régulièrement des lésions des muqueuses en lien avec le lieu du rapport sexuel comme l'anus, la gorge et la verge. Les croûtes tombent habituellement vers la troisième semaine de la maladie et il peut rester des cicatrices cutanées mais sur ce point, nous n'avons pas encore beaucoup de recul", décrit encore le Dr Tamzali.

La vaccination est déjà autorisée dans quelques pays, notamment aux États-Unis. Ce mercredi 29 juin, le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, s'est dit "préoccupé par la transmission soutenue" du virus. Samedi, l'OMS a estimé que cette flambée mondiale – 3.413 cas dans le monde au 22 juin – était une menace sanitaire dont l'évolution était très inquiétante, sans atteindre pour l'heure le stade d'une "urgence de santé publique de portée internationale". L'organisation a prévu de réexaminer ce jeudi ce dernier point.

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