santéSexe et variole du singe : remettre la capote serait une bonne idée en attendant le vaccin

Par têtu· le 01/07/2022
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Alors que la variole du singe continue de progresser en particulier parmi les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, la présence du virus du monkeypox dans le sperme semble établie, ce qui plaide en faveur du port du préservatif en attendant que le vaccin soit distribué aux populations les plus exposées.

Depuis deux mois, la variole du singe s'enracine en Europe. En France, le dernier point de situation de Santé publique France (SPF), ce jeudi 30 juin, fait état de 498 cas confirmés. Toujours en écrasante majorité des hommes, puisque seuls trois sont des femmes, la population la plus exposée restant les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), dont la majorité rapporte des partenaires sexuels multiples. "À la Pitié-Salpétrière, l'écrasante majorité des patients atteints d'une variole du singe sont multipartenaires et la plupart sont sous PrEP ou bien porteurs du VIH", rapporte Yanis Tamzali, infectiologue dans cet hôpital parisien où plus de 150 patients ont été diagnostiqués. C'est pourquoi le ministère de la Santé a annoncé ce jeudi à têtu· qu'il allait préconiser d'ouvrir la vaccination – aujourd'hui réservée aux seuls cas contacts – aux hommes gays et bi multipartenaires. Une décision, après avis de la Haute autorité de santé (HAS), est attendue vers la mi-juillet.

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"Les cas adultes confirmés sont âgés entre 19 et 71 ans (âge médian : 35 ans)", détaille SPF, qui ajoute au sujet des symptômes : "78% ont présenté une éruption génito-anale, 73% une éruption sur une autre partie du corps, 75% une fièvre et 72% des adénopathies". Heureusement, aucun décès à signaler sur le territoire. Quant à la répartition géographique des cas, elle est toujours largement centrée sur la région parisienne : 336 en Ile-de-France, 44 en Auvergne-Rhône-Alpes, 36 en Occitanie, 27 en Nouvelle Aquitaine, 19 dans les Hauts-de-France, 16 en Provence-Alpes-Côte d’Azur, 8 en Normandie, 4 en Bretagne, 4 en Grand Est, 2 en Bourgogne-Franche-Comté, 1 en Centre-Val de Loire et 1 en Pays-de-la-Loire.

Au plan mondial, la grande majorité des cas ont aussi été détectés chez de jeunes hommes ayant eu des rapports sexuels avec d'autres hommes, principalement dans des zones urbaines, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui a appelé ce vendredi 1er juillet à une "action urgente" contre la variole du singe en Europe, où les cas ont triplé en deux semaines pour atteindre plus de 4.500 confirmés en laboratoire, soit 90% des cas enregistrés dans le monde depuis la mi-mai. L'OMS estime que le nombre réel est même plus élevé.

Monkeypox, sperme et préservatif

La recherche se penche sur le virus de la variole du singe. Des chercheurs italiens ont ainsi été les premiers à détecter sa présence dans le sperme des malades, laquelle "n'est ni rare ni aléatoire", a expliqué cette semaine à l'AFP Francesco Vaia, directeur de l'hôpital Spallanzani de Rome, spécialisé dans les maladies infectieuses. Selon les résultats d'une étude préliminaire de son équipe, l'ADN du virus a en effet été détecté dans trois hommes sur quatre atteints de cette maladie.

Les chercheurs étudient également des sécrétions vaginales pour y détecter l'éventuelle présence du virus, et cherchent à déterminer combien de temps le virus reste présent dans le sperme après l'apparition des symptômes. Chez un patient, l'ADN du virus a été détecté trois semaines après l'apparition des symptômes, même après la disparition des lésions, un phénomène qui selon Francesco Vaia a été constaté dans le passé dans des infections virales comme le zika.

Des travaux qui tendent à indiquer que si la variole du singe n'est pas à proprement parler une infection sexuellement transmissible (IST), le risque de transmission pourrait être diminué en recourant au préservatif (la PrEP protégeant du VIH) dans les semaines suivant la guérison (c'est-à-dire après l'isolement de trois semaines imposé par la maladie).

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L'efficacité du vaccin contre la variole

Le directeur général de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, s'est dit ce mercredi "préoccupé par la transmission soutenue" du virus. "Cela suggère que le virus est en train de s'établir et qu'il peut atteindre des groupes à haut risque, notamment les enfants, les personnes immunodéprimées et les femmes enceintes", et "c'est ce que nous commençons à voir avec plusieurs enfants déjà infectés", a-t-il expliqué. L'OMS estime pour l'heure que cette flambée mondiale de monkeypox est une menace sanitaire dont l'évolution est très inquiétante, sans atteindre pour le moment le stade d'une "urgence de santé publique de portée internationale", le plus haut degré d'alerte de l'organisation. Cela dit, a souligné le Dr Ibrahima Socé Fall, sous-directeur général de l'OMS chargé des interventions dans les situations d'urgence, "ne pas déclarer une urgence de santé publique de portée internationale ne signifie pas que ce n'est pas une urgence".

Une question importante reste en suspens : à quel degré le vaccin contre la variole protège-t-il contre celle du singe ? "Pour étudier cela, nous examinerons des personnes vaccinées il y a 40 ans, avant que la variole humaine n'ait été éradiquée", a indiqué Francesco Vaia. L'OMS a de son côté appelé les pays à se partager les données récoltées sur l'efficacité clinique du vaccin qui commence à être distribué.

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