variole du singeMonkeypox : l'OMS sonne l'alerte maximale, et maintenant ?

Par Nicolas Scheffer le 25/07/2022
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L'Organisation mondiale de la santé a qualifié l'épidémie de monkeypox d'urgence de portée internationale. En France, des moyens sanitaires et communautaires sont déployés pour faire face.

Alors que la variole du singe touche désormais quelque 17.000 personnes dans 74 pays, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclenché l'alerte maximale ce samedi 23 juillet. C'est la septième fois de son histoire que l'organisation déclenche ce niveau d'alerte, "urgence de santé publique de portée internationale", le plus élevé. "C’est un appel à l’action, mais ce n’est pas le premier", a déclaré Mike Ryan, le responsable des situations d’urgence de l’OMS, cité par l'AFP. Où en est-on de la mobilisation en France ? On fait le point.

30.000 doses envoyées sur le terrain

Le ministère de la Santé assure sur tous les tons qu'on ne manque pas de doses de vaccin contre la variole. Cette semaine, 30.000 doses ont été envoyées dans les centres de vaccination, mais sur le terrain, il est toujours compliqué d'obtenir un rendez-vous pour recevoir la précieuse piqûre (et son rappel 28 jours plus tard). Aides estime qu'il faudrait 300.000 doses de vaccin pour pouvoir couvrir la population cible (hommes gays et bi multipartenaires, personnes trans multipartenaires et travailleur·es du sexe).

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La taille du stock stratégique reste un grand secret, tout juste sait-on qu'il y a deux décennies, en 2001, le ministère de la Santé recensait 5 millions de doses, indique Le Canard Enchaîné. Quoi qu'il en soit, Bavarian Nordic, le laboratoire danois qui vend ces vaccins en Europe, a affirmé pouvoir produire 30 millions de doses par an.

Paris ouvre son centre de vaccination

C'est en Île-de-France que sont recensés la majorités des cas français de variole du singe. Alors que l'épidémie concerne à date 1.567 cas confirmés dans toute la France, la région francilienne en recense 726. Dans ce cadre, la ville de Paris a décidé de renforcer les effectifs de vaccination. La mairie a ainsi recruté en urgence un·e médecin et un·e infirmièr·e. Objectif : ouvrir à partir de ce 26 juillet un centre de vaccination dédié à la variole du singe. Situé dans le 13e arrondissement, ce centre a déjà été pris d'assaut : trois créneaux ont été ouverts dans la matinée de ce lundi et sont déjà réservés.

Un groupe d'autosupport par Aides

Aides appelle les autorités à frapper fort pour endiguer l'épidémie. Mais son expérience dans la lutte contre le VIH/sida lui rappelle que le soutien communautaire est primordial pour lutter contre l'épidémie. Ainsi, deux boucles ont été crées sur Telegram. La première est dédiée à l'auto-support : les trois semaines d'isolement ainsi que les douleurs liées au monkeypox sont particulièrement difficiles à vivre. Cette boucle a pour vocation de partager son expérience et trouver du soutien. La seconde vise à partager des informations médicales et les dernières études sur l'épidémie.

Une enquête sur le monkeypox

Une enquête "flash" est menée par Aides, des médecins et des chercheurs. Les hommes cis ou trans sont invités à répondre à 16 questions sur cinq minutes pour documenter le niveau d'information, les représentations liées aux risques ou la perception du vaccin chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HSH).

Des symptômes plus variés que prévus

Une étude de plus 500 cas de monkeypox, publiée dans The New England Journal of Medicine, rapporte que les symptômes sont plus divers qu'attendu, rapporte le médecin Marc Gozlan dans Le Monde. Le plus souvent, la maladie se manifeste par des lésions cutanées diverses, notamment dans la région ano-génitale (chez 73% des patients). Ces lésions peuvent se situer sur le tronc, les jambes et les bras ou encore sur le visage. Surtout, le nombre d'apparitions varie énormément : 54 des 528 patients avaient une seule lésion dans la région ano-génitale, rendant plus difficile l'auto-diagnostic.

Deux tiers (62%) des cas ont abouti à une fièvre, 41% ont subi une forte fatigue, un tiers (31%) a subi des douleurs musculaires ou des maux de tête. Dans la moitié des cas (56%), les ganglions ont gonflé. Et un patient sur cinq (21%) a été atteint d'une angine. Tous ces symptômes surviennent généralement avant l'apparition de lésions. Par ailleurs, les médecins ont examiné le sperme de 32 patients et le virus s'est retrouvé chez 29 d'entre eux. Ainsi, le préservatif permet de réduire le risque de contamination, quand bien même il ne protège pas intégralement contre cette maladie.

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Crédit photo : WHO / Lindsay Mackenzie