santéMpox : 3 questions sur le nouveau variant et l'aide aux pays africains

Par Nicolas Scheffer le 04/09/2024
Variole du singe/monkeypox : l'OMS lève l'urgence de santé internationale

Une nouvelle souche du mpox (anciennement appelé variole du singe puis monkeypox) se propage en Afrique centrale et inquiète l'Organisation mondiale de la santé. Alors, les pays touchés ont-ils suffisamment de vaccins, et la France est-elle prête à une éventuelle propagation de l'épidémie ? Ce que l'on sait à ce stade.

D'apparence plus contagieux et plus dangereux, le nouveau variant du mpox découvert mi-juin en Afrique a poussé les autorités sanitaires à mettre en garde le monde entier. Mercredi 14 août, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé l'épidémie en "urgence de santé publique de portée internationale", son plus haut niveau d'alerte. Le variant en question, appelé "clade 1b", prolifère en Afrique centrale et notamment en République démocratique du Congo (RDC), particulièrement touchée, tandis que le variant endémique de la région, le clade 1a, continue d'y circuler. Heureusement, un vaccin est disponible et doit désormais être acheminé vers les pays en besoin.

À lire aussi : Mpox : l'OMS s'attend à d'autres cas en Europe du variant qui touche l'Afrique

Pourquoi le mpox est-il plus sévère en Afrique ?

L'épidémie qui a touché en 2022 la communauté gay en France était liée au clade 2b du mpox, et circulait principalement parmi les hommes gays ou bi multipartenaires (97% de cas masculins en Europe). La recrudescence en Afrique centrale correspond à deux autres souches : le clade 1a et clade 1b. Le premier circule depuis les années 1970, il est donc bien connu, mais le second est nouveau, et moins documenté. Alors que le clade 1a se transmet principalement de l'animal à l'homme – et touche notamment des enfants –, le second semble se propager essentiellement entre humains, particulièrement par contact sexuel, notamment chez les travailleur·euses du sexe et les hommes gays et bi, rapporte l'OMS.

La flambée épidémique survient dans une partie de RDC où les conditions sanitaires sont particulièrement précaires, la région du Kivu étant touchée par un conflit armé qui rend difficile l'accès aux soins, à une nutrition appropriée et même à l'eau potable. Des conditions qui ont conduit à une plus forte mortalité du virus : on recense, à la fin août, 18.000 cas suspects et plus de 600 morts, les décès survenant surtout chez les enfants et les personnes immunodéprimées. "De nombreux cas de surinfections sont à déplorer dans les pays touchés en Afrique, expliquant la mortalité élevée de ce clade", souligne auprès de têtu· Olivier Schwartz, virologue responsable de l’unité Virus et immunité de l'Institut Pasteur.

Les pays touchés ont-ils accès au vaccin ?

Tous les regards se tournent donc vers le type de vaccin utilisé pour mettre un terme à l'épidémie de 2022. "On a peu de données disponibles liées à ce nouveau variant, mais il est probable que le vaccin, qui est de troisième génération, soit efficace pour ce nouveau variant comme il l'a été pour la clade 2 et comme il l'était pour le clade 1a", explique Olivier Schwartz. Sur la souche européenne, l'efficacité de ce vaccin a été évaluée à environ 82%. Reste à le rendre accessible dans les pays africains qui ne disposent pas des réserves européennes. "La Commission européenne et les États-Unis d'Amérique ont promis de donner des doses, mais il apparaît déjà qu'une poignée de pays riches ont le monopole des vaccins au détriment des pays qui en ont le plus besoin", alerte The Lancet.

Le laboratoire pharmaceutique danois Bavarian Nordic, qui fabrique ce vaccin, a annoncé avoir "informé le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies de sa capacité à produire 10 millions de doses d'ici à la fin 2025 et peut déjà approvisionner 2 millions de doses d'ici à la fin de l'année". Les États-Unis ont prévu d'envoyer 50.000 doses et le Japon "a signé ce lundi matin avec les autorités pour 3,5 millions de doses, uniquement pour les enfants", a indiqué une source anonyme de la cellule congolaise de riposte à l'Agence France-Presse (AFP). Paris a également annoncé une aide aux pays africains. "La France fera don de 100.000 doses de vaccin. Ces doses seront distribuées via l'Union européenne aux régions où le virus circule fortement. Cette solidarité en actes vient renforcer de près de 50% l’effort européen actuel", a développé le Premier ministre démissionnaire, Gabriel Attal, sur X (Twitter).

La France est-elle prête pour une nouvelle épidémie ?

Aujourd'hui, aucun cas de clade 1b n'a été signalé en France, où le clade 2 continue de circuler à bas bruit, avec 12 à 26 cas mensuels recensés par le ministère de la Santé entre janvier et juin 2024. Depuis l'épidémie de 2022, 154.400 doses de vaccins ont été administrées sur le territoire, et 26,1% des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes ont été vaccinés selon Santé publique France – taux qui monte à 45,4% en région parisienne.

Pour réagir à une éventuelle résurgence du mpox, Gabriel Attal assure que le maillage territorial est prêt : "232 sites de vaccination sont d'ores et déjà ouverts à travers le territoire". D'ici à la fin août, la Haute autorité de santé (HAS) pourrait élargir la population éligible à la vaccination – mais il est peu probable à ce stade que cela concerne la population générale.

"Il est très vraisemblable que des cas sporadiques soient détectés en Europe", prévient le Pr Olivier Schwartz. Quant aux symptômes, "ils restent les mêmes qu'en 2022, et il faut être vigilant en cas de forte démangeaison, de fièvre et de boutons apparaissant sur le corps". Mais le virologue se montre rassurant : "Le système de santé est prêt et notamment en ce qui concerne les prélèvements, par exemple si l'on rentre d'une zone à risque". Pour l'heure le Dr Grégory Emery, directeur général de la Santé, écrit dans une note envoyée à tous les médecins français vendredi : "Le risque global d'infection par le clade 1 du mpox pour la population générale de l'UE est actuellement considéré par l'ECDC [le centre européen de contrôle des maladies] comme faible, sur la base d'une probabilité très faible et d'un impact faible." Alors, envoyons des doses en Afrique !

À lire aussi : Mpox : gays, bi et trans multipartenaires, pensez au rappel du vaccin !

Crédit photo : Shutterstock