Parfois, l'été, on fait une rencontre qui change notre vie. C'est le cas de Clément, qui sur une plage d'Espagne, a vu son existence prendre une toute nouvelle direction...
Alors que j'étais à Salou au sud de Barcelone avec mes parents, j'ai piqué une tête sur une application de rencontre, un peu par habitude et pour voir des profils différents. Un Espagnol, quatre ans plus âgé que moi est venu m'aborder mais il n'avait pas de photo. On a un peu échangé en anglais et puis il m'a envoyé une photo de lui. Wahou ! Je suis difficile, mais là, j'étais sous le charme : brun, plutôt bronzé, musclé... L'homme idéal. On a discuté mais sans se rencontrer de suite parce que chacun était occupé ce soir-là.
Le lendemain, qui je vois sur la plage ? C'était lui : Edgar. Je suis un peu timide alors c'est lui qui est venu m'aborder. J'étais content parce que ça montrait que je lui avais tapé dans l'oeil : il m'avait reconnu. Sur le moment, c'était un peu étrange mais très vite, le feeling est passé. Finalement, dès qu'il avait un moment de libre, je le rejoignais. Mes parents ont tout de suite compris qu'il se passait quelque chose et j'ai bien dû leur expliquer pourquoi je découchais... On devait partir en vacances en famille pendant neuf jours, mais ils m'ont laissé tranquille, que je profite de l'été de mes 21 ans.
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Des adieux avant des retrouvailles
Quand j'ai dû reprendre l'avion, c'était terrible. Avec Edgar, on avait évité le sujet pendant tout le séjour. Il a bien fallu se rendre à l'évidence : c'étaient des adieux. J'ai éclaté en sanglots dans ses bras. Quand je suis rentré chez moi à Compiègne dans l'Oise, la première chose que j'ai faite, ça a été de lui envoyer un message sur WhatsApp. On n'a pas arrêté de s'écrire et puis on est passé aux appels vidéo. On est resté très attaché, même si c'est du virtuel. Quand j'ai fini mon service civique, j'ai pris un avion pour le rejoindre. On a passé quelques jours ensemble et là, on a commencé à se dire qu'il allait falloir vivre notre relation avec la distance.
Cela chamboulait beaucoup de choses dans mon rapport avec les garçons. J'avais un peur parce que je sortais d'une relation longue et puis, ne pas le voir tous les jours m'inquiétait un peu. Pourtant, je savais que j'avais envie d'aller plus loin avec lui. De son côté, c'était un peu plus difficile parce que j'étais son premier copain et qu'il sortait d'une relation avec une fille qu'il a quitté quand il s'est rendu compte qu'il est attiré par les garçons. Au fond, aucun de nous ne s'attendait à ce qu'on se mette ensemble.
Dans quelques mois, l'installation ensemble
Mais aujourd'hui, cela fait trois ans qu'on vit notre amour à distance. On se voit environ une fois par mois, chacun à notre tour. Il est venu à la maison pour les fêtes de fin d'année. Mes parents l'adorent, et c'est presque agaçant parce que je ne peux pas me plaindre de lui auprès d'eux. J'ai aussi rencontré ses amis qui m'ont accueilli à bras ouverts. Son frère était un peu surpris de le voir avec un garçon, mais ça peut se comprendre : il lui faut un temps d'adaptation.
Désormais, j'ai qu'une hâte, c'est de le retrouver en Catalogne et de m'y installer avec lui. Mon contrat d'éducateur avec des ados arrive à son terme en juillet et je ne chercherai pas un nouveau travail en France. J'ai même commencé à apprendre l'Espagnol sur un site internet et avec un bouquin qui promet d'apprendre la langue en cinq minutes par jour.
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