Plus de 80 associations et collectifs LGBT+ appellent à manifester à nouveau, ce dimanche 26 mai, pour dénoncer le climat transphobe alimenté par une proposition de loi de la droite au Sénat qui veut limiter l'accompagnement médical des ados transgenres. "Ce n'est plus du tout un texte transphobe", défend son rapporteur, dans un magnifique aveu…
La "riposte trans" reste mobilisée. Après une première vague de rassemblements le 5 mai dans une cinquantaine de villes de France, 80 collectifs, associations et syndicats LGBTQI+ appellent à un nouveau dimanche de manifestations ce 26 mai. Objectif : répondre au climat transphobe alimenté par une proposition de loi sénatoriale, portée par Les Républicains (LR), "visant à encadrer les pratiques médicales mises en œuvre dans la prise en charge des mineurs en questionnement de genre". Le texte doit être débattu deux jours plus tard, le 28 mai, en séance plénière au Sénat.
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Cette proposition de loi (PPL) entend éloigner les mineurs transgenres de l'accès à une transition médicale, en limitant leur accès aux bloqueurs de puberté et en leur interdisant les traitements hormonaux. Examinée ce mercredi en commission des Affaires sociales, elle y a été amendée : les bloqueurs de puberté ne seraient plus totalement proscrits, mais leur prescription autorisée seulement dans "des centres de référence pluridisciplinaires nouvellement créés et après un suivi médical d'une durée d'au moins deux ans". À l'initiative de cette modification, le rapporteur du texte, le sénateur Alain Milon (LR), s'en est félicité auprès de l'AFP : "Ce n'est plus du tout un texte transphobe", a-t-il déclaré, reconnaissant de facto la transphobie de la première mouture proposée par sa collègue Jacqueline Eustache-Brinio.
La loi transphobe amendée
"L'autrice LR et les cosignataires LR sont clairement désavoués", a réagi la sénatrice socialiste Laurence Rossignol, s'indignant de l'esprit de la PPL : "Ce texte part du principe que la transition est un problème, un danger, et que pour dissuader les gens de transitionner, il suffit de tout interdire." Et sa collègue écologiste Anne Souyris d'appeler les élu·es de la droite et du centre "au courage et au réalisme, et non à l'idéologie", en vue de l'examen en séance publique, alertant : "Ce texte est dangereux pour la vie de centaines de jeunes en situation de grande fragilité."
Amendé ou pas, le texte suscite évidemment l'opposition de toutes les associations concernées. "Notre mobilisation rappellera leurs responsabilités aux sénateurs lorsqu'ils votent une loi de régression des droits des mineurs trans", interpelle Giovanna Rincon, présidente de l'association Acceptess-T, fustigeant des "sénateurs totalement ignorants des conséquences de la transphobie" et dont "le propos ne s'appuie sur aucune scientificité". D'ailleurs, le choix des personnalités entendues lors des auditions préalables a été particulièrement déséquilibré, démontrant moins un souci de protéger les mineurs que de satisfaire les réactionnaires.
Aurore Bergé cherche le vent
Les organisations LGBTQI+ déplorent le manque de réaction du personnel politique face à cette offensive législative, et aux discours transphobes en général. "Au moment où l'on a besoin d'alliés au plus haut niveau de l'État, la ministre de l'Égalité Aurore Bergé, qui nous avait affirmé son soutien, reçoit des personnalités transphobes", pointe Julia Torlet, présidente de SOS homophobie, en référence au duo Dora Moutot-Marguerite Stern ou, plus récemment, à Olivia Maurel. Signataire de l'appel à manifester, l'association alerte dans son rapport 2024 sur une nouvelle augmentation des violences anti-trans, et plus largement anti-LGBTQI+, comme lors de chaque inflation de discours LGBTphobes.
"Il faut qu'on occupe le plus possible l'espace public pour montrer qu'on existe et pour revendiquer nos droits", soutient Giovanna Rincon. À Paris, la manifestation du 26 mai est prévue à partir de 14h, au départ de la place de la République jusqu'à l'Hôtel de ville. La carte exhaustive des lieux de rassemblement en France doit être dévoilée d'ici là. Il ne reste plus qu'à faire encore mieux que le 5 mai, qui avait rassemblé selon le ministère de l'Intérieur environ 11.000 personnes en France dont 2.500 dans la capitale.
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Crédit photo : Fiora Garenzi / Hans Lucas via AFP