musiqueAvec son nouvel album "Hopecore", Rahim Redcar à son meilleur

Par Morgan Crochet le 27/09/2024
Rahim Redcar sort son nouvel album "Hopecore".

Rahim Redcar, qui s'est fait connaître sous le pseudonyme de Christine and the Queens, sort Hopecore, un nouvel album radical, taillé pour les clubs. Place à une nouvelle ère !

Texte : Morgan Crochet & Joseph Delmas

S'il y a une chose qui ne varie jamais chez Rahim Redcar, c'est la qualité de ses propositions artistiques. Depuis son irruption sur la scène musicale il y a tout juste dix ans avec Chaleur humaine, qui s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires, l'artiste n'a cessé d'innover et de tailler son style (notamment dans l'album Chris et l'EP La Vita Nuova), s'orientant ces dernières années vers une radicalité assumée. Redcar et les adorables étoiles, en 2022, avait marqué par un concert-spectacle total au Cirque d'hiver, à Paris, proposition folle que l'album Paranoia, Angels, True Love, construit comme un opéra en trois parties, était venu ponctuer l'année suivante d'une vingtaine de titres – performés notamment dans une église normande.

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"Hopecore s’est fait avec des larmes, du sang et surtout une foi inébranlable en l’expression pure et crue de l’âme, explique Rahim Redcar. Ici, la musique a trouvé toute son ampleur prophétique, elle est devenue plus sauvage et a appelé une quête absolue où nul n'est venu altérer les intentions." Le tout placé sous la lumière du titre de l'album, résolument optimiste, qui convoque un amour de l'espoir et de la résilience face à la noirceur et au découragement.

House radicale et underground

Si l'on retrouve le sens du rythme déjà connu de l'artiste et son gout prononcé pour une forme de recherche spirituelle et intime, ce nouvel album est, une fois n'est pas coutume, un manifeste artistique en forme de big bang chaotique dont les répétitions fonctionnent comme des mantras électro, tandis que sa mystique générale rappelle celle de la techno des périphéries ou des clubs berlinois.

Écrit, composé mais aussi mixé par Rahim Redcar, Hopecore dégage une atmosphère brute, austère, qui renforce le côté solennel de cette house indé aux grosses plages de synthé. Si, de manière générale, la lourdeur des kicks (base rythmique) rappelle la techno et les raves du début des années 90, le premier morceau, "Forgive 8888888", revisite allègrement la Acid House du Chicago des années 80, avec ses lignes de basses analogiques qu'on retrouve tout au long de l'album.

En sept titres dont l'un, "Opera, I understand", s'étale sur une vingtaine de minutes, l'album semble inaugurer une nouvelle ère marquée par les ruptures narratives – à l'instar de l'album Renaissance de Beyoncé, lui aussi taillé pour le clubbing – et une liberté totale qui rappelle les propositions, non moins radicales, d'un David Bowie.

Il est libre Redcar

Avec Hopecore, Rahim Redcar a donc choisi d'espérer, d'assumer ce qu'il ressent, d'affronter son désespoir pour s'élever. "I pray the love of any faith", clame-t-il dans "Elevate". Au fur et à mesure des titres, les nappes de voix et de synthé, associées à l'absence d'instruments organiques, accentuent l'esthétique cold wave de l'album qui se fait plus planant et aérien. Les delay (écho) et reverb (effet "cathédrale"), comme on peut en entendre sur le morceau "Red Birdman Emergency", rendent alors difficile la compréhension des mots tandis que les voix se multiplient, se superposent, s'enrichissent au point qu'on ne sache plus si l'artiste s'adresse à quelqu'un ou à lui-même ; au monde à travers lui… Cette absence de voix lead (principale) participe à rendre le tout homogène et lui permet de prendre ses distances avec la pop music, plus structurée, de ses débuts.

Comme il en a l'habitude, Rahim Redcar propose une expérience totale, audacieuse, bien loin des productions mainstream aux esthétiques plus léchées, et impose là encore son style, toujours novateur mais cette fois beaucoup plus underground. Après avoir revisité Piaf et Patrick Hernandez pour les cérémonies d'ouverture des Jeux paralympiques et accompagné Cerrone sur "Supernature" lors du concert de clôture de Paris 2024 , l'artiste, dont les changements d'identité alimentent le qu'en-dira-t-on, continue de tracer sa route en faisant confiance à sa sincérité. Prenant sa liberté, il nous livre le meilleur album de sa carrière, qui sera accompagné d'une tournée dans les clubs.

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Crédit photo : Because Music