D'Elon Musk au Figaro, les obsédés de l'anti-wokisme s'acharnent contre le constructeur automobile britannique Jaguar qui a eu l'audace de diffuser un spot publicitaire mettant en scène… des mannequins androgynes et racisés.
Ils n'avaient pas découvert le fil à couper le beurre, voilà que les anti-woke découvrent le marketing ! Le 19 novembre, le compte Instagram de Jaguar annonçait à ses 17 millions d'abonnés un virage pour la marque. Faisant table rase de ses posts passés, le constructeur automobile britannique publiait à leur place un simple clip vidéo de 30 secondes proclamant : "Supprimez l'ordinaire, brisez les moules, ne copiez rien." À l'image, point de voiture mais un groupe de personnes de différents âges et de différentes origines, vêtues de couleurs vives et évoluant dans une ambiance rétro-futuriste, histoire d'incarner le nouveau chemin pris par Jaguar.
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Un marketing du teasing, accompagné d'un nouveau logo, en prélude à la présentation annoncée pour le 2 décembre d'une nouvelle game 100% électrique. Jaguar a en effet déjà fait connaître son objectif de vendre uniquement des modèles électriques d'ici à la fin 2025, devançant la législation européenne qui l'y oblige pour 2035. Face à l'avance de Tesla dans le domaine, la vénérable marque fondée il y a un siècle veut ainsi se montrer à la pointe de son époque. D'où ce coup marketing résolument en rupture et qui ne s'interdit pas, au passage, une référence directe à une publicité iconique des années 1980, quand Apple avait présenté son tout premier Macintosh dans un clip de Ridley Scott. "Jaguar entre aujourd’hui dans une nouvelle ère [et] renoue avec la philosophie originelle «Copy Nothing» de son fondateur, Sir William Lyons", explique un communiqué de Gerry McGovern, directeur de la création de la marque. Mais il n'en fallait pas plus pour que celle-ci soit conspuée pour son… wokisme.
Elon Musk, Fox News, Le JDD, Le Figaro…
"Vendez-vous des voitures ?" a ironiquement cinglé le jour même Elon Musk, le patron du concurrent Tesla passé chez Donald Trump, dans un tweet sur son réseau social, X. Et la presse de droite d'embrayer jusqu'en France. "Jaguar choque avec une campagne publicitaire", écrit Le JDD, pointant une "une esthétique «woke»" et feignant de s'interroger : "Une sortie de route symbolique ?" La même expression est utilisée par Le Figaro, décrivant "des mannequins androgynes [qui] défilent avec des costumes et coiffures futuristes, aux couleurs criardes" et prédisant que "ce nouvel épisode ne serait que le dernier avatar d’une mort lente", rien que ça.
Le tollé suscité par le lobby réac fut tel que le directeur général de Jaguar, Rawdon Glover, a dû se justifier. "Si nous faisons la même chose que tous les autres, nous serons tout simplement noyés. Alors, nous ne devions surtout pas nous présenter comme toutes les marques automobiles", plaide-t-il ce lundi 25 novembre dans une interview au Financial Times, regrettant "le niveau de haine infecte et d'intolérance" des commentaires négatifs.
Mais pourquoi, justement, tant de haine envers Jaguar pour une campagne aussi inoffensive ? C'est sans doute Greg Gutfeld, éditorialiste de la chaîne réactionnaire Fox News, qui nous en donne la vraie clef… Dans une longue séquence au vitriol sur cette nouvelle campagne, celui-ci rappelle que l'été dernier, Jaguar a participé aux Attitude Awards, l'équivalent britannique de la Cérémonie des têtu· (également soutenue par Jaguar), au cours de laquelle le responsable de la stratégie de la marque a pris la parole. Et de lancer à ce dernier : "Ferme-la ! C'est une entreprise automobile, pour l'amour de Dieu, pas une lecture drag de contes !" Voilà donc le péché originel de Jaguar : afficher son soutien à la communauté LGBT+.
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Crédit illustration : Jaguar
