La boîte de nuit avait été créée pour perpétuer un message de tolérance.
par Alexis Buisson (New York)
C’est une boîte de nuit relativement petite, dans une avenue alignée de chaînes de restaurants et de centres commerciaux à l’écart du centre d’Orlando. Avant d’être le site de la fusillade la plus meurtrière de l’histoire américaine, le Pulse était un haut-lieu de clubbing et de fête pour la communauté LGBT d’Orlando, en particulier les hispaniques, population en plein essor en Floride. Le soir de l’attaque, une “soirée latine” était en cours, avec bachata, merengue et salsa au programme.
Pulse a été co-fondé en 2004 par Barbara Poma, une Américaine d’origine italienne dont le frère aîné, John, est mort du Sida en février 1991. “Dans une famille italienne traditionnelle, être gay n’était pas accepté, selon le site de Pulse, qui n’est plus accessible aujourd’hui. Mais quand John a fait son coming-out auprès de sa famille et de ses amis, la dynamique familiale est passée d’une culture de tradition stricte à une culture d’acceptation et d’amour”.
Elle s’est alliée à son ami Ron Legler, une personnalité connue du monde du théâtre à Orlando, pour monter le club. “C’était important de créer une atmosphère qui embrassait le style de vie gay et qui aurait fait la fierté de John” pouvait-on lire sur la page web de la boîte, selon plusieurs médias. “Surtout, nous l’avons nommé Pulse d’après les battements cardiaques de John - pour que John reste vivant aux yeux de ses amis et de sa famille.”
Le succès était au rendez-vous : plusieurs guides ont consacré Pulse comme une référence de la scène gay locale. Dans une ville réputée friendly comme Orlando, la boîte de nuit servait aussi de lieu de prévention contre le Sida, le cancer du sein et à des campagnes de sensibilisation autour des droits des immigrés, comme le rapporte le Washington Post. Elle avait établi des partenariats avec plusieurs groupes LGBT locaux.
Au fil des ans, Pulse était aussi devenu un lieu de rassemblement pour les LGBT issus de minorités, en particulier les Portoricains. Orlando et sa région abritent plus de 300.000 ressortissants de la petite île américaine, un chiffre en forte augmentation ces dernières années avec les déboires financiers et économiques du territoire. En effet, de nombreux jeunes - gays ou non - se sont installés à Orlando pour travailler dans l’industrie touristique, portée par plusieurs grands parcs d’attractions comme Disneyland.
“La première chose qui m’a frappée (en apprenant la nouvelle de la fusillade, ndlr) est que la plupart des victimes sont des hommes latinos, et c’est tragique car Orlando est un endroit vraiment inclusif où les liens sont très serrés. Nous sommes fiers de pouvoir aller à des endroits comme Pulse où on peut lâcher nos cheveux et passer un bon moment avec des amis, danser de la salsa”, explique Carlos Guillermo Smith, un des responsables du groupe LGBT Equality Florida. “Et simplement être libres”.
Crédits photo : Pulse/Facebook