Un récent sondage révèle que la majorité des Français serait favorable à la PMA pour toutes, c'est-à-dire ouverte aux femmes célibataires et aux couples homosexuels.
Hier, Le Figaro dévoilait un sondage Odaxa sur « Les Européens et l’infertilité ». Celui-ci a été réalisé à la demande de la clinique Eugin, un centre de fertilité de Barcelone qui pratique la procréation médicalement assistée (PMA) et qui compte notamment des Françaises parmi ses patientes.
1020 Français et 2986 Européens ont ainsi été interrogés sur leur opinion concernant la PMA : 60% de population française serait favorable à l’ouverture de la PMA pour les femmes célibataires, et 54% pour les couples de femmes ; une légère disparité qui s’explique par le « regard bienveillant » de la France sur la monoparentalité, là où l’Allemagne et la Grande-Bretagne sont davantage favorables à la PMA pour les couples homosexuels.
En France, cette acceptation de la PMA fut pourtant fortement bousculée par les débats autour du mariage et de l’adoption pour tous : si en 2004 un sondage Ifop révélait que 51% des Français étaient favorables à l’ouverture de la PMA, ce chiffre tombait à 47% en janvier 2013 ; il n’a cessé de croître depuis l’adoption de la loi Taubira, qui semble avoir familiarisé la population française avec les familles homoparentales.
Néanmoins, 72% des sondés français se disent encore mal-informés au sujet de la PMA, 2/3 estimant que la sélection des embryons peut s’avérer contraire à l’éthique, et 36% y décelant une technique contre nature.
Un feu vert partagé par la plupart des pays voisins
D'après le sondage, les Allemands, les Anglais et les Espagnols se démarquent aussi par une majorité de « oui » en faveur de l'égalité d'accès à la PMA pour toutes les femmes. Seule l’Italie reste majoritairement opposée (60%) à l'ouverture de la PMA pour les couples homosexuels.
Selon Laurent Brunet, juriste et chercheur à l'Université Paris I (Panthéon-Sorbonne), ces résultats suivent les contours de "deux groupes en Europe" :
D’un côté, le Royaume Uni et l’Espagne, qui considèrent la PMA comme un mode autonome et alternatif de reproduction, avec la femme qui choisit à sa guise. De l’autre, la France, l’Italie, l’Allemagne qui ont en tête un modèle naturaliste, l’idée que la PMA répare un dysfonctionnement de la nature, et s’adresse à un couple "naturel" composé d’un homme et d’une femme
Le sondage Odaxa se penchait également sur d’autres aspects de la procréation médicalement assistée, comme le don de gamètes auquel les Français sont majoritairement opposés. Enfin, concernant la possibilité pour les femmes de conserver leurs cellules reproductrices (la vitrification des ovocytes), une légère majorité y serait favorable en France mais le sujet fait encore débat en Europe. Dans la clinique Eugin, 35 à 40% des congélations d’ovules concernent des patientes françaises.
Aujourd’hui en France, la PMA n’est autorisée qu’aux couples hétérosexuels infertiles malgré la promesse de François Hollande formulée en 2012. Pour autant, le chef de l’État et son gouvernement ont récemment assuré l’abrogation d’une circulaire sanctionnant les gynécologues qui dirigent leurs patientes vers des solutions de PMA à l’étranger. En outre, l’avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), auquel François Hollande avait conditionné sa décision et qui a été mainte fois reporté, devrait être rendu à l'automne.