Le gouvernement dévoile un plan de mobilisation national de lutte contre les discriminations LGBTphobes. Une annonce certes politique mais qui devrait déboucher sur des actions concrètes.
Le 30 juin dernier, François Hollande recevait à l'Elysée les principales associations de défense des droits LGBT. Il faut dire qu'à moins d'un an des présidentielles, cette rencontre s'avérait nécessaire tant les sujets relatifs aux droits LGBT restaient en suspens (PMA, droits des trans...), au grand dam des associations LGBT.
Le périmètre de la DILCRAH étendue
Ce mercredi 21 décembre, un décret présenté en Conseil des ministres étend le périmètre de la DILCRA qui est rebaptisée DILCRAH. La Direction Interministérielle de Lutte contre le Racisme, l'Antisémitisme et la Haine anti-LGBT sera ainsi chargée de la lutte contre les discriminations dont sont victimes les personnes LGBT. Chaque ministère désignera deux correspondants - un au sein de son cabinet et un au sein de ses services. Dans les départements, les préfets désigneront également les leurs afin d'associer toutes les composantes de l'Etat à ce grand plan de mobilisation national. Le comité interministériel, directement rattaché au Premier ministre, réunira tous ces correspondants, le Délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, Gilles Clavreul, et la secrétaire d’État chargée de la Ville et de la lutte contre les discriminations, Hélène Geoffroy.
Cette dernière est chargée de coordonner le plan de mobilisation national entre tous les ministères concernés. Elle en a d'ailleurs présenté les grandes lignes aujourd'hui à Orléans. Hélène Geoffroy justifie ce choix par la volonté du gouvernement d'"illustrer le fait que le plan concerne tous les territoires et pas seulement Paris", a-t-elle confié à TÊTU. Et d'ajouter : "Il faut rendre vivant le triptyque républicain, notamment la Fraternité car la lutte contre les discriminations LGBT concerne tout le monde. La République doit être exemplaire aussi bien dans le système de santé, que dans l'éducation, les services de police..."
Éduquer, communiquer et sanctionner
Car le plan de mobilisation national a trois grandes priorités : éduquer, communiquer et sanctionner. Ainsi, tous les agents de la fonction publique seront formés et sensibilisés aux LGBTphobies et notamment les personnels de l'Education nationale, laquelle a encore du mal à parler d'orientation sexuelle et d'identité de genre. Le gouvernement s'apprête également à débloquer une enveloppe de 1,5 millions d'euros afin de mener à bien ce plan d'envergure national, notamment à travers des campagnes de communication, dont certaines à destinations des populations les plus fragiles (trans, seniors, jeunes...). Enfin, les sanctions seront renforcées et les personnels de police formés pour recevoir les plaintes relatives à la haine anti-LGBT. La pré-plainte en ligne devrait être expérimentée prochainement afin que les crimes de haines et injures soient plus souvent et plus facilement dénoncés, la peur du jugement et la qualité de l'accueil restant encore un frein au dépôt de plainte.
Bien que ce plan, à cinq mois des présidentielles, laisse peu de doute sur son caractère d'annonce, elle n'en demeure pas moins une étape importante dans la protection des droits LGBT. En effet, ces mesures concrètes, incluant tous les territoires, visent à soutenir la lutte contre les discriminations LGBT qui se banalisent sur les réseaux sociaux, à la télévision et dans l'espace public. C'est bien la volonté affichée par la secrétaire d'Etat : "Il ne faut pas rester théorique car toutes les études montrent que ces discriminations ne relèvent pas du simple ressenti mais qu'elles sont bien une réalité pour les personnes qui les subissent au quotidien".
Crédit photo : Istagram/dilcra.gouv