Une étude américaine montre que les effets de compétition et d'exclusion dans la communauté gay génèrent du stress chez les hommes gays et bisexuels.
L'ostracisation a un impact sur la santé mentale des personnes LGBT+, mais pas seulement. D'après une étude publiée en janvier dans le Journal of Personality and Social Psychology, revue scientifique mensuelle américaine, la persistance des problèmes de santé mentale parmi les hommes homosexuels et bisexuels, malgré l'avancée de l'égalité des droits, s'expliquerait notamment par la focalisation sur le statut social, l'esprit de compétition et le racisme au sein même de la communauté gay.
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On le sait, le taux de suicide chez les personnes LGBT+ est supérieur au reste de la population ; quatre fois supérieur par exemple en ce qui concerne les gays et les lesbiennes. La population LGBT+ est aussi deux fois plus susceptible de traverser des dépressions et d'avoir un usage abusif des drogues. Mais l'étude menée pendant cinq ans sous la direction de John Pachankis, professeur associé en santé publique et psychiatrie à l'université Yale, met au jour des effets spécifiques chez les hommes attirés par d'autres hommes.
Instagram et Grindr en cause
S'appuyant sur cinq études psychologiques, dont quatre expérimentations conduites auprès de neuf groupes d'hommes gays et bisexuels, ce travail montre que le stress ressenti par ces hommes s'explique par "la préoccupation de leur communauté pour le sexe, le statut social et la compétition, ainsi que le racisme dans leurs rangs", mais aussi par une "santé mentale incomprise, notamment chez eux qui se situent en dessous des standards gays", résumait The Guardian dans un article paru samedi 29 février.
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John Pachankis explique aussi que des facteurs tels que le physique, la "race" mais aussi le niveau de revenus étaient exacerbés par des réseaux sociaux comme Instagram et des applis comme Grindr et Scruff, générant ainsi des effets de comparaison, de frustration et donc de l'anxiété.
Cette étude fait déjà des émules. En effet, une autre étude, à paraître prochainement dans la revue médicale britannique Annals of Behavioral Medicine, s'inspire du travail de Pachankis pour montrer que ce rejet entre hommes gays ou bis encouragerait les pratiques sexuelles à risque.
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