LGBTQI+La France reperd neuf places au classement des pays LGBT-friendly

Par Elodie Hervé le 17/05/2021
classement ILGA-Europe

La France perd de son rang parmi les pays les plus LGBT-friendly d'Europe, dégringolant de la 4e à la 13e place au classement biannuel de l'Ilga.

Au ministère de l'Egalité entre les femmes et les hommes, l'ambiance doit être morose. Après avoir célébré, en décembre dernier, la remontée de la France en quatrième position du classement de l’Ilga des pays européens les plus LGBTfriendly, voilà que le ministère doit commenter sa dégringolade. Sur les 49 pays européens, la France n'est désormais plus que 13e, derrière le Monténégro ou les Pays-Bas. Sur les seuls pays de l'Union européenne, la voilà 10e sur 27.

Cette dégringolade s'explique par "l’absence de mesures concrètes et quantifiables notamment concernant les droits des personnes intersexes, l’interdiction des thérapies de conversion, l’ouverture de la PMA à tou·tes ou encore la concrétisation du Plan national d’actions", a réagi l'Inter-LGBT.

"Le ministère de l'Egalité a échoué"

Dans son rapport publié chaque année – le classement est mis à jour tous les six mois –, l'Ilga-Europe (Association internationale des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexe) se base sur quelque 70 critères : législation contre les discriminations, égalité face au mariage, à l'adoption, reconnaissance du second parent, auto-détermination ou possibilité de changement d'état-civil pour les personnes trans… A la même période l'an passé, la France était déjà 13e mais l'Ilga-Europe l'avait fait remonter en décembre à la 4e place après des annonces gouvernementales sur un plan LGBT. Six mois plus tard, retour à la case départ, faute d'actions suffisantes.

L'Ilga explique que le Covid-19 a très fortement impacté les LGBT, "en particulier les personnes trans dont beaucoup ont perdu leurs revenus". Et d'ajouter, cinglant pour le gouvernement : "La société civile a distribué de la nourriture à ceux qui en avaient le plus besoin. Le Strass a lancé une collecte de fonds pour les travailleurs et travailleuses du sexe. Le ministère de l'Egalité a échoué à mettre en place des initiatives similaires."

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De son côté, le ministère prend acte du nouveau rapport. "On paie la lenteur du vote de la mise en place de la loi PMA et les confinements. Le plan LGBT n'a pas non plus été pris en compte dans ce classement", fait valoir le ministère auprès de TETU, avant d'ajouter au sujet des atermoiements autour de la PMA pour toutes : "Nous déplorons le recul de l'examen au Sénat. Les députés de la majorité auront bientôt l'occasion de revenir sur ce texte et de lui donner toute sa portée, avant l'été."

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Un plan LGBT qui tarde

Le plan LGBT a pourtant été annoncé en octobre dernier. La ministre s'était alors engagée à organiser un comité de suivi tous les six mois. Sur les 42 actions annoncées sur trois ans, peu l'ont effectivement été pour l'heure. Les axes sur la reconnaissance des droits des personnes LGBT+, sur le renforcement de l'accès aux droits, la lutte contre la haine et l'amélioration de la vie quotidienne, restent à développer.

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Le rapport de l'Ilga-Europe dénonce aussi une politique d'accueil dangereuse pour les migrant-es LGBT+, ainsi qu'une régression de la liberté d'expression des personnes LGBT+ depuis la loi Avia, pourtant en partie retoquée par le Conseil Constitutionnel.

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Enfin, le rapport déplore le changement de nom l'ex-SoFect, aujourd'hui Trans-Santé. Accusée de violences par les associations de personnes concernes, cette "société savante" qui s'occupe d'une partie des parcours de transition en France est jugée dangereuse par l'Ilga-Europe. "Les avocats des personnes trans craignent que le nouveau nom incitera le gouvernement à travailler avec [Santé-Trans]. Une lettre ouverte a d'ailleurs été partagée par une association de personnes concernées Espace Santé Trans." Une façon de rappeler qu'en santé comme ailleurs, faire avec les concerné·e·s, c'est mieux.

Crédit photo : Palash Jain via Unsplash