Le vaccin testé en Afrique australe ne s'est avéré efficace qu'à 25%. D'autres candidats sont à l'étude et prometteurs pour lutter contre le VIH responsable du sida.
"Au vu de ces résultats, l'essai Imbokodo ne continuera pas", annonce le laboratoire américain Johnson & Johnson. Testé en Afrique, un candidat vaccin contre le VIH/sida a dû être arrêté faute de résultats probants. Les chercheurs de J&J ont annoncé ce mardi 31 août que celui-ci n'avait en effet démontré qu'une efficacité de 25% pour combattre l'infection.
L'essai, qui incluait 2.600 femmes de 18 à 35 ans, avait démarré en 2017 dans plusieurs pays d'Afrique australe, où 63% des nouvelles contaminations concernent des femmes. Des participantes ont reçu quatre injections du vaccin pendant un an, d'autres un placebo. Deux ans après la première injection, 51 des 1.079 participantes qui avaient reçu le vaccin ont contracté le VIH, contre 63 des 1.109 qui ont reçu un placebo. Une efficacité qui se limite donc à 25%, faisant craindre aux chercheurs un faux sentiment de sécurité. "Si nous sommes déçus que le vaccin candidat n'ait pas fourni un niveau suffisant de protection contre l'infection au VIH (...), cette étude nous donne des résultats scientifiques importants pour la poursuite de la quête d'un vaccin contre le VIH", déclare Paul Stoffels, directeur scientifique de Johnson and Johnson, dans un communiqué.
Un autre essai clinique avec la même technologie
L'essai de Johnson & Johnson utilisait la technologie du "vecteur viral" (adénovirus), soit un virus rendu inoffensif qui transporte des informations génétiques permettant au corps de combattre le VIH. "Nous devons utiliser la connaissance acquise via l'essai Imbokodo et continuer nos efforts pour trouver un vaccin qui protégera du VIH", a réagi Anthony Faucy, directeur de l'Institut national des maladies infectieuses aux États-Unis, qui a participé au financement de l'essai. Des études précédentes indiquent que les anticorps produits par le vaccin pourraient apporter une bonne protection contre le VIH mais pendant un temps limité, rapporte le New York Times.
Un autre essai, baptisé Mosaico et à la composition différente, est toujours en cours, cette fois sur des hommes qui ont des relations sexuelles avec d'autres hommes et des personnes transgenres. Il est testé aux États-Unis, en Amérique du Sud et en Europe où d'autres souches du VIH circulent. Cet essai, en phase 3, doit aboutir en mars 2024.
Deux candidats vaccins grâce à l'ARN messager
Également porteur d'espoir, le laboratoire Moderna a annoncé les essais de deux vaccins contre le VIH. Ceux-ci utilisent la technologie de l'ARN messager (également utilisée pour deux vaccins contre le Covid-19). La technique, découverte en 1961 par l'Institut Pasteur, consiste à apprendre directement au corps à produire les protéines qui lui permettront de lutter contre le virus. Comme avec le coronavirus, les scientifiques espèrent parvenir à produire des protéines capables de se fixer sur les "pointes" qui permettent au VIH de pénétrer les cellules humaines. Malgré ces nouvelles porteuses d'espoir, il va falloir s'armer de patience : la fin de la phase 1 est prévue pour le printemps 2023. Le candidat vaccin devra ensuite passer les étapes des phases 2 puis 3 avant de pouvoir être commercialisé.
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Il y a toujours urgence sur le front du VIH/sida, puisqu'en 2020, 1,5 million de personnes ont été contaminées dans le monde, alors que 38 millions de personnes vivent avec le VIH. La crise liée au coronavirus a déstabilisé la recherche, focalisée sur le SARS-CoV2. Co-découvreuse du VIH et prix Nobel de médecine, la Française Françoise Barré-Sinoussi a alerté sur le sujet en mars dernier. Elle rappelle que certains scientifique estiment que le Covid-19 pourrait coûter dix ans dans la lutte contre le sida. Le ministre de la Santé, Olivier Véran a voulu rassurer. Dans un entretien accordé à TÊTU mi-juin, il annonçait que des mesures doivent être présentées cet automne pour lutter contre les IST. Nous y arrivons très bientôt.
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