C'est la première fois qu'un tribunal donne suite à des violences à l'égard de militants des droits LGBTQI+ dans ce pays où l'homosexualité est toujours illégale.
La peine capitale. Au Bangladesh (à l'est de l'Inde), un tribunal spécial antiterroriste a condamné à mort six extrémistes islamistes pour le meurtre de deux défenseurs des droits LGBTQI, rapporte ce mardi 31 août l'AFP.
Xulhaz Mannan (en photo ci-dessus) était rédacteur en chef d'un magazine dédié aux sujets LGBTQI+, Roobbaan, et Mahbub Tonoy était militant. Tous deux ont été assassinés le 25 avril 2016 dans un appartement de Dacca, la capitale du pays. Leurs tortionnaires, qui s'étaient fait passer pour des coursiers, étaient dotés de machettes et d'armes à feu.
Al-Qaida avait revendiqué le meurtre
Dans un tribunal où la sécurité avait été renforcée avant le verdict, le procureur s'est dit heureux du verdict qu'il a annoncé aux journalistes. Quatre des six condamnés ont été jugés malgré leur absence et deux autres accusés ont été acquittés. L'un des avocats de la défense a prévenu qu'il comptait faire appel des décisions. "Mes clients sont totalement innocents. Ils ne sont pas liés à ces meurtres, ils ont été injustement piégés", a-t-il déclaré.
La branche indienne d'Al-Qaida a pourtant revendiqué le meurtre des deux militants pour avoir fait "la promotion de l'homosexualité". Après une plainte pour meurtre, l'enquête policière accuse huit membres du groupe bangladais Ansar Al-Islam, proche d'Al-Qaïda et dont font partie les condamnés. Malgré cela, les forces de l'ordre n'ont pu arrêter que quatre suspects. En février dernier, cinq membres du groupe avaient déjà été condamnés à mort pour le meurtre en 2015 d'un éditeur et blogueur.
Un climat de terreur
Peu avant d'être tués, Xulhaz Mannan et Mahbub Tonoy avaient reçu des menaces de mort émanant de militants islamistes. Ils prévoyaient d'organiser un "Rainbow Rally", mais la police avait interdit l'événement pour des raisons de sécurité. Car le pays est régulièrement la cible de violences terroristes : deux jours avant le double meurtre, un professeur d'université a également été abattu à coups de machette pour "avoir appelé à l'athéisme". Trois mois après l'assassinat des deux militants, un café de Dacca a été visé. Dans cette attaque, 22 personnes, notamment étrangères, sont mortes.
LIRE AUSSI >> Bangladesh : l'éditeur d'un magazine LGBT violemment assassiné
L'État islamique a revendiqué cette attaque, tout comme les meurtres d'intellectuels, de blogueurs, d'éditeurs ou encore d'écrivains athées, commis entre 2013 et 2016. Le gouvernement bangladais a accusé les mouvements radicaux et mis en oeuvre une campagne de répression, faisant des dizaines de morts abattus par les forces de l'ordre.
Depuis janvier 2014, Roobbaan est l'unique magazine LGBTQI+ du Bangladesh. Il défend les Bangladais homo et trans, victimes de nombreuses discriminations dans ce pays très conservateur. Le gouvernement n'avait pas condamné l'initiative et le magazine a reçu le soutien d'ambassades étrangères.
LIRE AUSSI >> « Les talibans nous traquent, ils vont nous tuer » : l’appel au secours des Afghans LGBT
Crédit photo : Ambassade américaine du Bangladesh