[Récit 3/5] Une jeunesse militante, marquée par une accélération de la reconnaissance et de la visibilité des gays, mouvement vite entravé par l’épidémie de sida qui foudroie la communauté homosexuelle… Jean-Luc nous raconte sa vingtaine dans les années 1980.
C'est un événement, infime, qui a changé sa vie. De passage en 1976 à La Courneuve, en banlieue parisienne, Jean-Luc se rend à la fête du Parti socialiste unifié. Sur un stand, il trouve un tract du Groupe de Libération Homosexuelle (GLH), qu’il glisse dans sa poche. Un petit papier dont il fera bon usage lorsque, plus tard, il quittera Le Havre pour emménager à Rouen : “Je contacte très vite le GLH. Je deviens assez vite l’un des animateurs parce que c’est un peu mon tempérament. On organise des réunions, des soirées…” La décennie 1980 démarre ainsi pour lui, avec un engagement. Et sa jeunesse avec : Jean-Luc a 20 ans.
À lire aussi : Avoir eu 20 ans dans les années 1970 : Roger Peyrefitte, "Gai Pied", premières manif
“À partir du moment où j'entre dans un réseau militant, je rencontre aussi des mecs”, s’amuse aujourd'hui à raconter le sexagénaire dans son appartement situé au sommet du XIXe arrondissement de Paris. “Tant qu’à faire, autant joindre l’utile à l’agréable !” En cette fin de décennie 1970, “ça a été un peu une révélation, je me suis lâché”, rit-il encore. Une prise de vitesse lorsque s’amorcent ensemble ses vies amoureuse, affective et politique, après une adolescence passée à se chercher, pour savoir qui il est et qui lui plaît dans sa ville natale qu’il vient de quitter : “Le Havre pour moi, c’est avant ma vie sexuelle. Je ne drague pas au Havre, je n'y rencontre personne. C’est à partir du moment où je suis arrivé à Rouen, surtout via le GLH, que je commence à rencontrer.”
Effervescence en 1979, lorsque le jeune militant se rend à la première Université d’été homosexuelle, à Marseille. Affublé d’une chemise rose estivale, Jean-Luc se souvient que cet événement-là, “c’est un peu la révélation. On se rend compte qu’on est des centaines. On remplit des amphis. On fait des événements dans Marseille. C’est un grand moment pour beaucoup de gens, je crois.” La décennie démarre à vive allure : en 1980, l'alinéa 2 de l'article 330 du Code pénal est supprimé, qui sanctionnait d’une peine supérieure les outrages à la pudeur lorsqu’ils étaient commis envers une personne de même sexe.
Mitterrand et la dépénalisation de l'homosexualité
La "Marche nationale pour les droits et les libertés des homosexuels et des lesbiennes" du 4 avril 1981 participe à ce changement de vitesse des mouvements LGBT. Cette année-là, Jean-Luc a 24 ans. Il se souvient que dans ce rassemblement, “on est 10.000, on n’a jamais été aussi nombreux. On se retrouve tous à chanter sur le parvis de Beaubourg. Et c’est un moment où on se sent forts. C’est-à-dire qu’avant ça, on est militants mais on est un peu dans les caves, on n’est pas nombreux, on est quelques centaines. Là, 10.000 !” L’événement trouve même un écho à la télévision, comme une détonation. “On fait le journal de 20h, c’est la première fois que ça arrive”, croit-il se souvenir. Dans le parcours du jeune homme, la cause gay va se mêler à l’agenda politique.
“Lorsque Mitterrand a été élu, on s’est retrouvés un peu dans les ministères, de la Culture, de l'Intérieur…”
Le mouvement est véloce, le moment faste : le 10 mai 1981, un président de la République est élu sur un programme d’égalité entre homos et hétérosexuels. Membre du Comité d'urgence anti-répression homosexuelle (CUARH), Jean-Luc milite pour la mise en pratique de ses promesses. “Lorsque Mitterrand a été élu, on s’est retrouvés un peu dans les ministères, de la Culture, de l'Intérieur”, explique-t-il, précisant qu'“au tout départ, on est vraiment sur la suppression des fichiers dans les commissariats, par exemple”. C’est l’année suivante, en 1982, qu’une autre disposition légale discriminatoire disparaît du Code pénal : l’alinéa 2 de l’article 331, qui fixait la majorité sexuelle à 21 ans pour les homosexuels et non à 18 ans comme pour les hétérosexuels. “En 1981 on demande déjà la reconnaissance du couple”, se rappelle aussi Jean-Luc. Même si “on ne parlait pas de mariage, loin de là. On ne l’imaginait même pas !” Il faudra attendre 2013, que Jean-Luc ait 56 ans, pour qu’une fois devenu adjoint au maire du XIIIe arrondissement de Paris, il célèbre son premier mariage d'un couple homo.
À lire aussi : Robert Badinter raconte la dépénalisation de l'homosexualité il y a 40 ans
À 24 ans, à Rouen où il étudiait au conservatoire d’art dramatique, les événements et les gestes engagés se précipitent aussi. Grâce à des subventions rapidement débloquées, lui et une quinzaine de comparses créent l’association “Les Balcons” destinée à l’accueil et l’information des homosexuels. “Moi à l’époque, j’avais à peine plus de 20 ans et il y avait des gens qui arrivaient, qui avaient 40 ans, qui avaient fondé une famille, qui avaient des enfants, qui se rendaient compte que c’était pas ça leur vie, leur vraie vie.” On l'imagine, “à 20 ans, c’est compliqué de gérer des situations comme celles-là.” Jusque-là, résume Jean-Luc, pour toute vie gay à Rouen, “qui n’est pas une petite ville, il y a un bar, il y a un jardin public, et puis il y a une boîte ouverte juste le week-end, à 10 km, avec des spectacles de travestis.” Le bar s’appelle le Club 15, “avec des fauteuils Louis XV, c’était un bar à sonnette, comme partout.”
Yves Navarre, Dominique Fernandez, Patrice Chéreau, Fassbinder…
Dans la ville normande, les locaux de l'association se trouvent derrière le jardin qui fut un lieu de rencontres homosexuelles. À l’étage, dans un “très bel immeuble avec des balcons”, les bénévoles travaillent à une visibilité qui doit prendre de l’allure. “À part deux ou trois écrivains qu’on voit à la télé, il n’y a pas de référent homo. Il y a une culture que tout le monde ne connaît pas. Donc on fait des expos, des débats, on accueille des écrivains”, détaille Jean-Luc. Parmi les écrivains qui ont couvert la question durant cette décennie, il cite d’abord Yves Navarre, prix Goncourt en 1980 pour son roman Le jardin d’acclimatation, dans lequel il parle d’un jeune homosexuel maltraité. L'auteur défendait depuis les années 1970 un droit à l’indifférence proche de celui prôné par Jean-Louis Bory. Jean-Luc cite également Dominique Fernandez, également prix Goncourt, en 1982, engagé pour la cause homosexuelle dès les années 1970. En 1979, on entendait ce dernier défendre à la télévision qu'“en France il n’y a pas de persécution, mais il y a une oppression, générale, sourde, sournoise. Et si l’opinion publique tolère les homosexuels quand ils sont écrivains, peintres ou décorateurs, elle les rejette avec mépris dès qu’ils n’appartiennent pas au milieu littéraire ou artistique.”
Toujours à l’écran mais côté fiction, Jean-Luc a un peu de mal à se souvenir des oeuvres qui ont bercé sa vingtaine. Lui reviennent à l’esprit Patrice Chéreau, qui a réalisé entre autres L'Homme blessé. Sorti en 1983, le film met en scène une histoire passionnelle entre deux hommes, dans un décor de marginalité. Il mentionne aussi Rainer Werner Fassbinder. Querelle, le dernier film du réalisateur allemand sorti en 1982, contait l’histoire d’un marin qui découvre le plaisir avec un homme viril. La télévision fait son bout de chemin sur la question, mais question image des homosexuels, tout est loin d'être gagné lorsque Jean-Luc atteint les 25 ans. Dans son association, “un jour on fait un spectacle de clowns. D’ailleurs c’était des lesbiennes qui faisaient ce spectacle de clowns. Il y a des copains, homos, bi, qui viennent avec les mômes. À un moment, on voit débarquer la police. Finalement, ils finissent par voir qu’il ne se passe rien, enfin... que c’est un spectacle de clowns.”
Les locaux des Balcons seront le décor du coming out – cathodique – du Rouennais qui, répondant volontiers aux questions de la chaîne FR3 lors de l’ouverture du lieu, laissant peu de doutes sur son orientation sexuelle. “Mes parents étaient boulangers, mes grand-parents étaient cultivateurs. J’avais des oncles et tantes qui étaient des agriculteurs. Et tout le monde regardait le journal régional de 19h ! Et tout le monde a donc vu Jean-Luc à la télévision. Alors effectivement, ça a fait un peu de brouhaha, de réactions des deux côtés de la famille…” La nouvelle est finalement bien accueillie. “La réaction de maman c’est ‘t’aurais peut-être pas dû le dire à la télé, quand même’”, même si dans le fond, “on s’en doutait un peu”.
Village, Duplex, Les Mots à la bouche… : la naissance du Marais
Au fil des années, les allers-retour de Jean-Luc à Paris se multiplient. Parfois pour militer avec le CUARH, parfois pour rejoindre des amis. Il se souvient de l'ouverture du bar gay Le Village, rue du Plâtre, annonciateur du Marais comme centre névralgique de la vie gay parisienne, en 1978. “La rue était pleine.” Dans la capitale, il emménage d’abord pour six mois à l’hiver 1983. Pour lui à l’époque, la différence avec Rouen, c’est “le nombre. Nous quand on ouvre un lieu associatif, il y a quelques dizaines de personnes. À Paris quand il y a des lieux commerciaux qui ouvrent, ce sont des centaines de gens d’un seul coup.”
"On n’est plus planqués, on est dans la rue et on l’occupe."
La tendance s’amplifie au fur et à mesure de ses passages, autour de ses 25 ans. “Très vite, il y en a d’autres qui ouvrent les uns après les autres : le Central, le Duplex… Toute une vie qui s’invente dans le Marais.” Avant, “les gays c’était rue Sainte-Anne, avec les cinémas porno, les bars à sonnette, etc”. Et il y a une nouvelle donne dans cette dynamique : “On n’est plus planqués, on est dans la rue et on l’occupe”. Rue Sainte-Croix de la Bretonnerie ouvre la librairie Les Mots à La Bouche, qui deviendra une institution LGBTQI+, déplacée depuis dans le XIe arrondissement. “J’y allais assez régulièrement. Soit pour acheter des classiques, soit voir un peu les nouveautés qui pouvaient sortir.” Le tout donnant au Marais un “aspect un peu village, qui s’est un peu perdu aujourd’hui.”
À lire aussi : Ça y est, la librairie "Les Mots à la bouche" a trouvé un nouveau local à Paris
Ainsi le Paris gay se découvre des ambitions sans précédent en ce début de décennie 1980. À cette période, Jean-Luc fréquente régulièrement un sauna aux proportions démesurées, Le Continental. "Ça n’avait rien à voir avec ce qu’on peut imaginer aujourd’hui. C’était un truc immense. Vous aviez une piscine, avec marbre, un bar en sous-sol. Je sais plus le nom de la rue mais c’était tout près de l’opéra. Et puis vous aviez une petite salle de cinéma qui diffusait des films pornos, une salle de gym, puis des petites cabines toutes proprettes. Ce n’était pas la backroom où on est 150 dans 15m2 ! On se promenait dans le couloirs et on disait ‘bonjour monsieur’…”
Il loge alors à Saint-Denis, dans un appartement qu’il partage avec Virginie Lemoine et l’un des frères de la comédienne. Ils travaillaient tous deux au Piano Zinc : Virgine au bar, Etienne au piano. ”Et donc voilà, je suis au Piano Zinc tous les soirs pendant six mois.” Du bar cabaret dans le Marais, Le Monde dira qu'“ici, qui veut chanter chante, soutenu par un accompagnateur à la patience sans limite, par un micro qui amplifie sans faire de tri, et par un public d'excellente composition et de franche sérénité.”
À lire aussi : La fabuleuse histoire du Piano Zinc, établissement pionnier du Marais
Parmi ceux qui donnaient de la voix durant cette période, on trouvait quelques chanteurs vivant une bisexualité plus ou moins assumée. Elton John et David Bowie en faisaient partie dès les années 1970. “Etienne Daho, je ne sais pas s’il l’affiche vraiment", tente de se souvenir Jean-Luc même si pour lui, "c’est une évidence, je me pose pas la question”. Pendant que le groupe Taxi Girl s'évertue à “Chercher le garçon” dans une quête ambivalente, une icône gay fait son entrée en piste, qui le laisse froid : “Je n’ai jamais été fan de Mylène Farmer, je préférais les Rita Mitsouko".
À lire aussi : Mirwais : "Ce n’est pas avec la pop qu’on fait la révolution"
Jean-Luc aussi se produisait sur scène, au mitan de sa vingtaine, avec les Ginettes, groupe de chansons parodiques bien dans l’esprit queer. “Ceux qui venaient aux manifs de l’époque se souviennent des Ginettes.” De fait, elles ont joué en première partie de Juliette Gréco, Nancy Holloway ou encore Marie-Paule Belle, au Palais de La Mutualité, au Cirque d’Hiver ou au Palace. Lui se remémore d’ailleurs une soirée de 1983 : “Gai Pied [le journal, ndlr] fait une fête au Palace. Sauf que moi je jouais 'Les Plaideurs' de Racine en Bretagne. Donc il a fallu que quelqu’un me conduise. J’ai dormi dans la voiture parce qu'au petit matin – évidemment on sort du Palace au petit matin – il fallait que j’aille en Bretagne jouer l’après-midi.” Ivresse de la route, de la scène, de sa jeunesse. Un monde dans lequel il abrite sa vingtaine : “Je me suis peut-être un peu protégé en étant dans des milieux plus ouverts, où il y a plus d’homos aussi. A priori, il y en a plus dans les milieux du spectacle qu’à la chaîne chez Renault.”
Sida : face à l'hécatombe
Une pièce de Jean Tardieu l’amène finalement à jouer souvent en Bretagne quand il rencontre Pascal, tapissier-décorateur, lors d’une escale à Redon. Jean-Luc a 26 ans quand il emménage avec ce premier amour dans la ville de 10.000 habitants. “À Redon, pas de lieu de rencontres ni rien. Que dalle quoi ! On est restés ensemble trois ans.” Sur place, leurs amis sont tous hétéros mais savent que Jean-Luc et Pascal sont en couple. Malgré tout, “il ne me serait jamais venu à l’idée dans les années 1980 de me promener main dans la main avec mon mec. Aujourd’hui je pourrais le faire, mais en sachant que ça reste risqué.” Cette relation monogame le préserve, selon lui, de l’épidémie de sida qui commence à proliférer : “Je suis en Bretagne quand vraiment l’épidémie éclate, et surtout, je suis en couple. Donc du coup j’ai pas… voilà. Après, j’ai toujours fait attention, j’ai toujours fait gaffe.”
Face à la maladie, la communauté homosexuelle est prise de vertige. “Au tout début, on ne sait même pas comment on l’attrape. Est-ce que c’est par la sueur ? Est-ce qu’on peut s’embrasser ?”, se souvient Jean-Luc. Il apprend les mauvaises nouvelles au compte-gouttes : “On n’a pas les téléphones portables, on n’a pas de mails, on n’a que des téléphones fixes et les gens déménagent, alors on les perd de vue assez rapidement. J’apprends toujours avec du décalage les décès des gens que je pouvais connaître, que ce soient des militants ou des copains.”
"On habitait à cinq dans une grande maison. Sur les cinq, il y en a trois qui sont morts. C’est une période difficile, lourde.”
Le contrecoup pour lui survient surtout quand il retourne habiter Paris, en 1986, à l'âge de 29 ans : “J’y retourne, je retrouve plein de gens que je connais, on me dit ‘tu sais qu'untel est mort, untel est mort’…” C'est une hécatombe que l’épidémie a infligée à la communauté. “Quand j’étais au Conservatoire à Rouen, on habitait à cinq dans une grande maison. Sur les cinq, il y en a trois qui sont morts. C’est une période difficile, lourde.” Parmi eux, Michel. “Je vais le voir à l'hôpital, je m’en souviens très bien. Ma grand-mère meurt, donc je vais en Normandie. Je reviens une semaine après, et je téléphone en le demandant. J’ai une infirmière qui me dit qu’il est décédé. Ses parents l’ont emmené.”
Mais si le Paris gay compte ses morts, il continue aussi sa course. La capitale a changé depuis les premières visites de Jean-Luc : “Les lieux deviennent plus grands, plus nombreux, plus fréquentés.” L'ex-Breton y retrouve une “vie parisienne un peu plus classique." Il passera du temps au Coffee Shop rue Sainte-Croix de la Bretonnerie ou dans une “petite boîte qui se trouvait rue Saint-Denis : Le Club.” Souvenirs mêlés d’une vingtaine emportée par de nouvelles fiertés, et une épidémie que la décennie n’aura pas su entièrement stopper.
L'ère du gay visible
Militant devenu professionnel de la politique, Jean-Luc s’essaye à une analyse de ces années qui ont accompagné sa jeunesse : “Ce qui change avec les années 70 et 80, c’est la visibilité. C’est un peu paradoxal, mais je pense que le sida a participé à nous faire sortir du placard. D’abord il y a des malades, et donc il y a des familles, il y a des amis. Il y a des artistes, on ne savait pas qu’ils étaient homos… sauf qu’ils meurent du sida, du coup on découvre les deux choses en même temps.” Il cite l'exemple de Thierry Le Luron, humoriste officiellement décédé d’un cancer en 1986. Il aura fallu attendre 2013 pour que sa soeur admette qu'il a été emporté des suites du sida.
“Ce sont des gens qui étaient à la télévision tous les jours, qui ont fait toutes les émissions de variété pendant 10 ans, 15 ans, 20 ans, que la France adorait. Et la France s'est rendue compte d’un seul coup que… Ah ! Ils étaient homos !” Il mentionne aussi Hervé Guibert : l’écrivain, mort au début de la décennie suivante, faisait partie des rares personnalités qui disaient publiquement leur homosexualité et leur maladie. “Ce sont des gens connus, mais c’est aussi mon collègue de bureau, c’est aussi mon cousin : ça change, je pense, le regard de la société”, observe-t-il avant de pousser gentiment par la fenêtre une guêpe solitaire. Une épidémie qui a aussi marqué le militantisme, “qui se recentre sur la question de la maladie et des malades”. Logement, protection sociale, recherche de traitement feront partie des enjeux politiques sur la question du sida, qui a pris de vitesse les militants.
Jean-Luc reconnaît volontiers que son tempérament, et bien sûr son environnement, ont joué en faveur de son engagement, évitant à son jeune âge quelques difficultés supplémentaires : “J’ai eu un privilège de ce point de vue, c’est-à-dire que je ne me suis pas emmerdé comme certains l’ont fait à ne pas dire mon homosexualité. On parlait des copains qui mouraient du sida au début des années 80 : il fallait qu’on vide les appartements, qu’on enlève toutes les revues gay, pour que la famille ne se doute surtout pas qu’il était homo…” À la fin de sa vingtaine, Jean-Luc participe activement à installer les questions LGBT au sein du parti politique qu’il rejoint : “Je vais avoir un militantisme gay chez les Verts.” Tandis qu’au cours des années 1980, le VIH s’installe fatalement dans le paysage de l’homosexualité. Lors de la Gay Pride de juin 1989, des militants aux nouvelles méthodes importées des États-Unis arborent des T-shirts : “Silence = Mort”. C’est Act Up, qui donnera un autre visage à la décennie qui vient, pour que d’autres jeunesses puissent poursuivre leur course folle.
► Retrouvez tous les épisodes de notre série "Avoir eu 20 ans en" :
>> Avoir eu 20 ans dans les années 1960 : Jean Genet, pissotières et descentes de police
>> Avoir eu 20 ans dans les années 1970 : Roger Peyrefitte, "Gai Pied", premières manif
>> Avoir eu 20 ans dans les années 1990 : poids du sida, drague au tel, Pacs et Queen
>> Avoir eu 20 ans dans les années 2000 : les tchats en ligne, Britney, les mariés de Bègles
Crédits photos : archives personnelles de Jean-Luc