[Interview] À deux semaines du premier tour de l'élection présidentielle 2022, le dimanche 10 mars, la candidate du Parti socialiste (PS) Anne Hidalgo a reçu têtu· pour dresser un premier bilan de cette campagne difficile et expliquer ses positions sur les questions LGBTQI+ et sociétales.
Propos recueillis par Nicolas Scheffer et Thomas Vampouille
C'est une candidate préoccupée qui nous accueille. Si Anne Hidalgo arbore une mine souriante, en s’installant de l’autre côté de la longue table de réunion de son QG de campagne dans le 12e arrondissement de Paris, le propos s'engage dès avant le début de l'interview sur la situation de notre démocratie. Sur "la suite", surtout, dont se soucie particulièrement celle qui, il faut bien le dire, n'a pas réussi en six mois de campagne à imprimer sa marque dans cette présidentielle. Elle l'admet, et l'explique. Mais il reste deux semaines, et rien n'est jamais joué dans une élection avant le vote. Après plusieurs rendez-vous manqués ou annulés avec têtu·, la maire de Paris et candidate du Parti socialiste (PS) nous rencontre enfin.
"Une campagne massacrée, un débat complètement atone et atrophié dans un pays qui ne va pas bien."
Maintenant qu'elle arrive dans sa dernière ligne droite, quel regard portez-vous sur cette campagne, à la fois particulière en général et difficile pour vous ?
Anne Hidalgo : C'est une campagne extrêmement difficile, qui inquiète surtout sur l'état du pays, de notre démocratie, et pour la suite. D'un côté, on a un candidat président qui refuse le débat et veut enjamber le scrutin. De l'autre, des chaînes d'info en continu et des sondages qui ont fait monter dès le mois de septembre la candidature d'Éric Zemmour en expliquant que c'étaient ses sujets qui intéressent les Français. À l'époque, je parlais déjà de pouvoir d'achat, de justice sociale, d'écologie et de démocratie. On m’expliquait que ça ne prenait pas dans l’opinion parce que ce ne sont pas de vrais sujets. Cela a duré six mois, avec pour résultat une campagne massacrée, un débat complètement atone et atrophié dans un pays qui ne va pas bien....