L'association libanaise de lutte contre les discriminations Helem recense de plus en plus d'actes de discrimination contre les personnes LGBTQI+. Une goutte d'eau supplémentaire dans le vase déjà plein de la communauté queer à Beyrouth.
Reportage : Léa Polverini
Photos : Robin Tutenges
La scène est digne d’un film d’action : alors que Mustafa arrive au rez-de-chaussée de son immeuble, une voiture noire pile devant l’entrée, et redémarre au quart de tour à peine s’y est-il engouffré. À quelques mètres de là, les voisins paresseusement accoudés à leur chaise en plastique n’ont rien vu, ou ont fait mine de ne rien voir.
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« Il n’y a pas longtemps, un homme a fait irruption dans mon appartement et m’a violemment menacé pour que je retire le drapeau LGBT que j’avais accroché sur ma terrasse, me disant qu’un "énorme massacre aurait lieu" si je ne le faisais pas », raconte Mustafa. Depuis, il prend des précautions, comme ce dimanche où il se rend au Bardo, déjà apprêté pour se produire sur l’une des scènes drag les plus courues de Beyrouth : ce soir, il sera Queen Latiza Bombé, mère de la House of Bombé.
Liban, Beyrouth, 2021-07-25. Latiza se prepare a faire un show au Bardo. Photographie de Robin Tutenges
Le Bardo, situé dans le quartier musulman de Hamra, à l’ouest de la capitale libanaise, faisait partie des rares lieux LGBT-friendly épargnés par l’explosion du port de Beyrouth, qui a ravagé la ville le 4 août 2020. Il n’aura pas survécu cependant à la crise économique, et a fermé ses portes fin novembre 2021. Près de deux ans après le désastre, les séquelles de l’explosion sont toujours sensibles, que ce soit dans les rues, les corps ou les esprits....