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transidentitésLes cas de détransition sont rarissimes chez les enfants trans, montre une étude

Par Gabriel Moullec le 09/05/2022
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Dans un contexte de crispation réactionnaire autour de la question trans, en particulier aux États-Unis où des conservateurs proposent de criminaliser les soins de transition, une étude inédite s'est penchée sur une cohorte de jeunes ayant entamé leur transition sociale avant l'âge de 12 ans.

"Il y a ce genre d’idée que les enfants vont commencer [une transition] et qu’ils vont changer d’avis [...] et, au moins dans notre échantillon, nous ne trouvons pas cela". Citée par le New York Times, Kristina Olson est psychologue à l'Université de Princeton et autrice d'une étude, publiée le 4 mai par l'académie américaine de pédiatrie, qui se penche sur des enfants ayant entamé leur transition sociale avant l'âge de 12 ans. Ses résultats sont édifiants : cinq ans plus tard, une écrasante majorité confirment leur choix.

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Intitulée "Identité de genre 5 ans après la transition sociale", l'étude a été initiée en 2013 auprès de 314 jeunes âgé·es de 3 à 12 ans afin notamment de fournir "une estimation de la fréquence des retransitions chez les enfants qui ont effectué une transition sociale avant l'âge de 12 ans". Première étape du processus de transition, la transition sociale consiste à exprimer son genre différemment de celui qui a été assigné à la naissance, impliquant le plus souvent un changement de pronom, d'apparence et de prénom. Dans l'étude, elle s'effectue en moyenne à 6 ans et demi.

94% des jeunes poursuivent leur transition

Cinq ans plus tard, donc, les résultats indiquent que seulement 6% des enfants ont finalement effectué une retransition, dont seulement 2,5% en retournant vers leur genre assigné à la naissance, 3,5% vers une identité non-binaire. Dans l'immense majorité des cas, les jeunes ont au contraire poursuivi leur transition, entamant pour une majorité (60%) la prise de bloqueurs de puberté, voire une prise d'hormones pour les plus âgés, afin de s'aligner sur leur identité de genre.

L'étude vise à fournir des données scientifiques dans le cadre du débat sur l'opportunité de débuter tôt la transition sociale dans l'enfance, en déterminant notamment si la précocité de la démarche augmente ou non le risque de retransition plus tard. Elle conclut au contraire que plus la transition est effectuée à un âge précoce, moins les risques de retransition sont élevés.

Détransition et fluidité

Bien qu'ils ne représentent qu'une infime partie de l'échantillon, il ne faut évidemment pas négliger les enfants qui détransitionnent, afin de comprendre ce phénomène et d'améliorer la fluidité des transitions dans l'enfance. "Il est vraiment important que les enfants puissent continuer à se sentir bien d'être fluides afin de continuer à s'explorer", souligne la psychologue qui a chapeauté l'étude, laquelle va se poursuivre au cours de l'adolescence de la cohorte.

À l'heure ou les élus du Parti républicain mènent de virulentes offensives contre les droits des personnes trans outre -Atlantique, cette étude rappelle une nouvelle fois la nécessité absolue d'accompagner les jeunes trans dans leur démarche, renvoyant au placard les arguments des réactionnaires prétendant "protéger" les enfants. Récemment, les États de l'Arkansas, de l'Arizona et du Texas ont adopté des législations limitant les soins d'affirmation de genre pour les enfants, et d'autres sont prêts à leur emboîter le pas, négligeant la prévalence des idées suicidaires particulièrement élevée chez les jeunes trans.

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Crédit photo : Romy Arroyo Fernandez/NurPhoto/AFP