Le collectif de repreneuses Violette and Coop lance un ultime appel aux dons avant la fin le 4 juin de sa campagne de financement dans le but de rouvrir la librairie féministe LGBTQI+ Violette and Co.
Le compte à rebours touche à sa fin pour Violette and Coop, le collectif qui s'est donné pour mission d'intérêt saphique la reprise de la librairie Violette and Co à Paris. Le financement participatif visant à permettre la réouverture de l'institution féministe et lesbienne se termine le 4 juin. Les repreneuses ont à ce stade récolté 135.400 euros sur les 150.000 euros fixés. Une somme non négligeable mais qui ne suffira pas pour mener à bien le projet : "On a besoin de 200.000 voire un peu plus. On fait des demandes de prêts et de subventions mais il est nécessaire qu’on atteigne les 150.000 euros pour se projeter dans la réouverture", ont-elles expliqué dans un live Instagram ce 29 mai.
Le mois dernier, nous rencontrions Loïse qui nous parlait du projet de reprise de Violette and Co, "un lieu unique qui nous permet de nous rassembler, de trouver des représentations, des récits autour de nos vies". Quand la librairie féministe, lesbienne et plus largement LGBTQI+ du 11e arrondissement de la capitale, a menacé de fermer définitivement ses portes après 18 ans de bons et lesbiens services, le collectif n’a pas pu se résoudre à laisser ce haut lieu de culture disparaître. Même si le déménagement du 102 rue de Charonne est inévitable, Violette and Coop compte bien raviver la flamme de l'enseigne – la librairie Les mots à la bouche, institution du Marais, n'a-t-elle pas trouvé une seconde vie après déménagement ?
"J’ai vu tous les lieux lesbiens tomber dans l’oubli"
"Je suis bénévole aux archives lesbiennes depuis pas mal de temps, explique Loïse, et j’ai vu tous les lieux lesbiens qui ont existé à Paris et ailleurs tomber dans l’oubli." Violette and Co, c’est "une sélection quasi-exhaustive de tout ce qu’on avait en féminisme dans le monde francophone mais aussi beaucoup de représentations lesbiennes et de romans lesbiens", détaille la jeune femme. Quand elle découvre l’endroit pour la première fois, elle se rend compte de l’étendue de cette littérature largement invisible ailleurs : "Si on va dans une autre librairie – non spécialisée – on trouve trois romans lesbiens à tout casser. Et généralement, les libraires n’y connaissent rien ou alors on a peur de formuler nos recherches."
Fin janvier, le collectif présente "un dossier béton" aux fondatrices, Catherine Florian et Christine Lemoine qui, convaincues, annoncent le 4 mars la reprise du commerce. C’est l’avènement de l’association Violette and Coop, chargée de gérer les questions administratives et de lever les fonds nécessaires à la réouverture. Pour cela, elles ouvrent une campagne de financement participatif sur HelloAsso, font des demandes de subventions et lancent en parallèle des demandes de prêts.
L'esprit Violette and Co avec un coup de jeune
L’objetif est bien sûr de faire perdurer "l’esprit de Violette and Co, principalement tournée autour des questions lesbiennes et trans", tout en y ajoutant "un peu de notre génération, notamment avec un large choix de bandes dessinées, un coin jeunesse très fourni, des mangas, plus de sciences humaines, une plus grande sélection de sujets anti-racistes mais aussi des revues et des zines qui n’ont pas accès à la publication traditionnelle".
L’ouverture d’un espace café constitue également le petit plus de cette reprise. "Aujourd’hui, à part des lieux dans lesquels on peut boire de l’alcool et faire la fête, il n’y a pas trop d'endroits pour se retrouver pour les personnes LGBTQI+, argue Loïse. C’est très bien de faire la fête, mais parfois on a besoin de se poser tranquillement, pour discuter entre ami·es dans un lieu safe et tranquille – je pense notamment aux personnes neuroA – ou qui n’ont pas accès à ce type de lieux parce que c’est trop bruyant." Les murs de ce havre de gay (promis, c'est le dernier jeu de mots) seront ornés d'œuvres d’artistes et accueilleront divers ateliers d’écriture, clubs de lecture, ou simples télétravailleur·euses.
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Crédit photo : Ambre Acablante